Pour sortir de la crise, l’U d’O nomme Bastarache à la tête d’un comité

Le recteur de l'Université d'Ottawa, Jacques Frémont.
Le recteur de l'Université d'Ottawa, Jacques Frémont. Archives ONFR+

OTTAWA – L’Université d’Ottawa (U d’O) tente de sortir de la crise par le lancement d’un comité visant à conci­lier les enjeux rela­tifs à la liberté acadé­mique et la diversité. L’ancien juge à la Cour suprême du Canada, Michel Bastarache, le dirigera.

Le recteur de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont, en a fait l’annonce mardi soir dans un message vidéo au moment où l’institution peine à sortir d’une crise depuis plusieurs mois. Il y a deux semaines, les propos du professeur titulaire à la Faculté de droit, Amir Attaran, décrivant sur Twitter le Québec comme un « Alabama du Nord » dirigé par des supré­ma­cistes blancs, ont remis de l’huile sur le feu.

Ce groupe de réflexion piloté par M. Bastarache examinera les « leçons à tirer des incidents récents chez nous et ailleurs au Canada », dixit M. Frémont, et insistera sur la « liberté acadé­mique, incluant la liberté d’ex­pres­sion, l’in­dé­pen­dance insti­tu­tion­nelle des univer­si­tés et les valeurs d’équité, de diver­sité et d’in­clu­sion ».

L’ancien juge à la Cour suprême du Canada, Michel Bastarache. Archives ONFR+

« Ce groupe de réflexion rendra un rapport avant la fin de l’été 2021, et ce rapport sera rendu public, évidemment », précise M. Frémont dans son message vidéo.

Notre université comme toutes les autres doit s’opposer à toute forme de racisme et de discrimination (…) Jamais je n’accepterai en revanche qu’un combat serve à insulter d’autres groupes. On ne le dira jamais assez, le ton des procédés rhétoriques et la forme outrancière de certains gazouillis publiés ces derniers jours et qui reproduisent les préjugés contre le Québec et les Québécois sont inacceptables. »

« Les débats des derniers mois ont montré la richesse et les défis d’une université bilingue. Ils ont révélé que le bilinguisme se décline bien au-delà des langues françaises et anglaises, mais par un bagage culturel souvent convergent, mais différent. Soyons clairs, l’Université d’Ottawa demeure fortement attachée à ses racines francophones. »

Tension permanente 

Depuis plusieurs jours, la tension ne redescend pas à la suite des propos provocateurs d’Amir Attaran sur Twitter.

Dimanche, le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, et le chef néo-démocrate fédéral, Jagmeet Singh, ont croisé le fer sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle concernant la polémique sur les propos de M. Attaran.

Une pétition lancée la semaine dernière, demandant la démission du recteur Jacques Frémont et celle du professeur en question, a même récolté pour l’instant plus de 7 500 signatures.

Cette controverse s’ajoute à celle du mois d’octobre après que la chargée de cours Verushka Lieutenant-Duval eut été suspendue par l’Université d’Ottawa (U d’O) pour avoir utilisé le « mot en n » dans le cadre d’un cours. Une annonce qui avait provoqué une division au sein du corps enseignant et étudiant sur le campus.

Le vice-recteur à l’international et à la Francophonie, Sanni Yaya. Source : Université d’Ottawa

Lundi soir, le vice-recteur à l’international et à la Francophonie, Sanni Yaya, avait tenté de calmer de jeu, rappelant l’histoire de l’institution « marquée par des liens très forts avec la nation québécoise ».

L’occasion pour lui de promettre « un important dialogue avec les acteurs clés de notre milieu, c’est-à-dire les membres de la communauté de recherche, du corps professoral et enseignant, du personnel et de la population étudiante », sous forme de rencontres publiques dans les facultés.

Période difficile pour le postsecondaire en français 

Cette controverse prolongée à l’Université Ottawa intervient dans un contexte fragile pour le postsecondaire en français en Ontario.

Début février, on apprenait que l’Université Laurentienne, l’autre institution bilingue en Ontario, entamait une procédure de restructuration sous supervision judiciaire en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Dans le même temps, l’Université de l’Ontario français reconnaissait être encore loin de la cible de 200 étudiants pour la rentrée de 2021.