Première rencontre sans grands résultats entre Trudeau et la FCFA

Le premier ministre Justin Trudeau, avec le président de la FCFA, Jean Johnson (au centre de la photo) et le directeur général de l'organisme, Alain Dupuis (à gauche). Source: Twitter PMCanadien

OTTAWA – Justin Trudeau rencontrait pour la première fois, en tête à tête, la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, ce vendredi après-midi. À l’issue de la rencontre, une déclaration de bonne intention de la part du premier ministre, mais sans aucun engagement.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Le premier ministre Justin Trudeau a finalement accédé à la demande de la FCFA. L’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire demandait depuis l’élection du Parti libéral du Canada (PLC), en octobre 2015, d’instaurer une rencontre annuelle avec le chef du gouvernement canadien.

À l’issue de la rencontre, le président de la FCFA, Jean Johnson, se montrait satisfait, en entrevue avec #ONfr.

« Nous avons eu une excellente rencontre! Le fait que M. Trudeau accepte de nous rencontrer confirme notre rôle et il a accepté l’idée d’une rencontre annuelle, s’il est réélu. Quoi qu’il arrive aux prochaines élections, nous voulons instaurer une rencontre chaque année avec le premier ministre. »

Au menu de cette réunion : les défis rencontrés par les communautés francophones dans plusieurs provinces du Canada ces derniers mois et la modernisation de la Loi sur les langues officielles.

« Nous lui avons partagé notre inquiétude par rapport à la fragilisation de nos communautés francophones, notamment en Ontario et au Nouveau-Brunswick. On sent qu’il y a une érosion et la montée d’un mouvement populiste qui déstabilisent nos communautés. Le premier ministre semble être conscient de la situation et des risques. Je pense que sa volonté est sincère de faire avancer la francophonie », explique M. Johnson.

M. Trudeau n’avait reçu l’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire qu’à une seule reprise, pour une brève rencontre quelques heures avant le dévoilement du Plan d’action pour les langues officielles, en mars 2018, en compagnie d’autres représentants des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

« Ça change tout d’avoir 30 minutes de conversation en tête à tête! Ça nous permet d’avoir davantage de temps pour lui présenter les dossiers de nos communautés. »

Peu de concret

Il n’est toutefois pas sorti grand-chose de ce premier exercice. Alors que le président de la FCFA avait récemment lancé l’idée, appuyée par le commissaire aux langues officielles, d’une rencontre entre les premiers ministres sur la question de la dualité linguistique, le premier ministre a éludé la question.

« Mon analyse, c’est qu’il est pris dans le carcan des juridictions provinciales-fédérales et que la situation actuelle est difficile, avec beaucoup de partisanerie dans les relations entre Ottawa et plusieurs provinces. On savait que c’était une grosse demande. Mais il nous a encouragés à continuer notre travail de mobilisation, à nous faire entendre, à ne pas lâcher, et nous a rappelé que la grande majorité des Canadiens et des Canadiennes appuient la dualité linguistique. »

La FCFA change donc son fusil d’épaule et demandera formellement dans les prochaines semaines à la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, de pouvoir se frayer une place lors des discussions à la prochaine conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, qui doit avoir lieu au Nunavut, fin juin.

« On veut être invité à une partie de la rencontre. C’est fini de parler de nous sans nous! »

Moderniser la Loi

Maigre compensation, le premier ministre s’est réengagé à moderniser la Loi sur les langues officielles, ce qu’il avait déjà fait, en Chambre, en juin dernier.

« La Loi sur les langues officielles est quelque chose d’essentiel pour notre parti et notre pays. La protection des minorités linguistiques du pays est au cœur de qui nous sommes en tant que pays. Nous allons continuer à défendre les minorités linguistiques et à chercher à améliorer la Loi sur les langues officielles. Je peux confirmer que nous nous apprêtons à faire une modernisation de la Loi sur langues officielles. Nous allons travailler avec tous les Canadiens pour nous assurer que ce soit la bonne », avait-il lancé, avant de mandater la ministre Joly de commencer des consultations.

« Il nous a dit que le fruit de ces consultations se retrouverait dans la plateforme libérale pour les élections », apprécie M. Johnson.

Se disant « optimiste », malgré le peu de concret de la rencontre, le président de la FCFA considère que c’est désormais à son organisme d’entamer une réflexion.

« On doit développer une stratégie et un argumentaire pour parler et sensibiliser la majorité de la population canadienne à l’importance de la dualité linguistique. On sent qu’il y a une ouverture et une possibilité de dialogue avec M. Trudeau. On doit réfléchir à comment il va pouvoir nous aider. »


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