Prier avec un masque, la nouvelle « norme » des fidèles

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Jusqu’à hier encore, les masques étaient fortement recommandés dans les lieux de culte. Les voilà obligatoires depuis ce mardi au moins dans l’Est de l’Ontario et à Toronto. Mais dans les églises, mosquées, synagogues et autres lieux de culte, leur port se serait déjà généralisé.

Depuis quelques jours, Dianne Poirier est comblée. Cette résidente de Cornwall peut de nouveau assister, durant la fin de semaine, aux messes à la cathédrale de la Nativité. Une très longue attente de trois mois entre le début du confinement, amorcé mi-mars, et l’autorisation des lieux de culte à rouvrir.

« Que le masque sera maintenant obligatoire dans tous les lieux publics intérieurs de l’Ontario? Ça ne changera absolument rien, car nous, les gens le portent déjà à la Nativité! Mais si on veut protéger nos voisins, c’est nécessaire! »

Le port du masque reste bien secondaire pour cette habituée des lieux. « On ne peut plus chanter certes, mais de toute façon, je suis une mauvaise chanteuse. On nous donne des lingettes à l’entrée pour nous désinfecter la main, le panier pour la quête est maintenant situé à l’arrière de l’église. »

Parmi les nouvelles conditions sanitaires émises par la province : la distanciation physique entre les fidèles, synonyme de places laissées vides sur les bancs, la nécessité de désinfecter tout après chaque messe, sans oublier l’obligation pour les lieux de culte de n’accueillir qu’à 30 % de leur capacité.

« L’église pourrait accueillir 250 personnes, mais nous sommes une centaine, et heureux de nous voir », résume Mme Poirier.

La résidente de Cornwall, Dianne Poirier. Archives ONFR+

Changement de décor, une centaine de kilomètres plus loin. Ephrem Porou est, lui, membre de l’église Christ Embassy Church, à Ottawa. Dimanche dernier, il s’est rendu à la traditionnelle messe. Un moment décevant.

« Techniquement, quand je porte un masque, j’ai un problème pour respirer. C’est bizarre, et ce n’est plus comme avant. Il y a des amis que je n’avais pas vus depuis quatre mois, que je ne pouvais même pas saluer! Tout est un peu contrôlé. J’aime ma liberté, mais attention, je respecte toutes les règles de distanciation sociale. »

Pour dimanche prochain, la décision est en tout cas prise. « J’assisterai de nouveau à la messe en ligne! »

Distanciation sociale et absence de chants collectifs

La consigne du masque obligatoire dans les lieux de culte ne change pratiquement rien ou presque pour les églises de l’Est de l’Ontario. L’abbé de la paroisse Saint-Jacques à Embrun, Michel Pommainville, a reçu, hier, un épais document du Diocèse pour détailler les nouvelles directives.

« De toute façon, les gens viennent déjà avec un masque depuis quelques semaines. Ils sont préparés. Quand j’accueille les gens sur le perron de l’église, je le fais avec un masque afin de les inviter à les sortir de leur poche ou de leur sac à main. On a aussi installé des machines distributrices de Purell à l’entrée. »

Outre les chants désormais réservés uniquement au prêtre ou à une seule personne sur l’estrade, l’eucharistie prend une forme nouvelle. « Durant la messe, je ne vais pas porter le masque, mais durant la communion, oui, peut-être même une visière. Les gens doivent venir par l’allée centrale, et retourner par les allées latérales. »

À savoir comment agir devant les récalcitrants les prochains jours, l’abbé prône la compréhension. « Il ne faut surtout pas être agressif, mais plutôt expliquer aux gens que les masques les protègent. »

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À Hamilton, l’absence de masque est encore tolérée dans les lieux de culte. Mais le Père Lourdy Dorismond, du diocèse, ne voit pas de changement si « la recommandation » devient une obligation.

« Notre église Notre-Dame du Perpétuel Secours a rouvert le 28 juin. Nous étions 75, ce qui est une belle participation. Les gens portent déjà le masque, et les volontaires qui aident pendant la messe utilisent aussi des gants. Les gens peuvent enlever les masques seulement pendant la communion ou lorsqu’ils sont appelés à faire une lecture. Il faut comprendre qu’une lecture se situe à huit mètres des premiers bancs. »

Soixante-quinze personnes, c’est à peine 15 % de la capacité de cette église de 500 places. Autant dire que le problème de places ne se pose pas.

« On fournit aussi des masques à ceux et celles qui n’en ont pas », insiste le Père Lourdy Dorismond.

Tapis de prière à l’entrée de la Mosquée d’Ottawa

Plus d’un million de musulmans vivent aussi au Canada, dont la moitié en Ontario. Dans les mosquées, les règles de distanciation s’appliquent aussi drastiquement, nous explique Monia Mazigh, membre de l’Association musulmane d’Ottawa. 

« Depuis plusieurs jours, on a demandé à ce que les gens portent le masque. C’était jusqu’alors une recommandation que les gens ont bien suivie. »

Les tapis de prière « en papier jetable » sont ici fournis à l’entrée. « Nous vérifions aussi l’identité de la personne. C’est une manière de s’assurer que les gens ont une place, mais aussi une précaution au cas où nous aurions des éclosions. Au moment de la prière, il n’y a pas de chant collectif, c’est l’imam qui va lire la prière. »

Source : Facebook Association musulmane d’Ottawa

La plus ancienne des trois religions monothéistes, le Judaïsme compte aussi beaucoup de fidèles dans la capitale nationale. À la Synagogue Machzikei Hadas d’Ottawa par exemple, les consignes en place obligent le port du masque depuis la réouverture le 26 juin.

« Tous les participants doivent porter un masque couvrant la bouche et le nez en tout temps dans le construire et maintenir un espace d’au moins deux mètres entre les participants en tout temps. Nous demandons à chacun d’apporter son propre masque. »

La synagogue recommande par ailleurs aux fidèles d’apporter leurs propres kippas et livres de prières.