Prix littéraires Trillium : l’AAOF dénonce un « unilinguisme désastreux »

Le président de l'AAOF Gabriel Osson. Source: Facebook AAOF

L’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF) dénonce que la cérémonie des prix littéraires Trillium se soit déroulée uniquement en anglais le 17 juin, en direct sur Facebook.

« C’est comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », illustre le président de l’AAOF, Gabriel Osson en entrevue avec ONFR+. « Ça fait plusieurs années que le gouvernement de l’Ontario fait plusieurs sorties contre les intérêts des francophones de l’Ontario. »

Ce dernier dénonce le fait que l’utilisation du français est passée de « 25 % à 5 à 10 % » dans cette cérémonie d’une vingtaine de minutes, présidée par la ministre des Industries du Patrimoine, du Sport, du Tourisme et de la Culture Lisa MacLeod.

« La ministre MacLeod aurait dû faire comme elle faisait dans le passé, soit limiter sa présence à remettre les prix et non à essayer de jouer le rôle de présentatrice. (…) Plus ça avançait, plus ma tension augmentait. Je m’attendais à ce qu’elle dise au moins quelque chose en français. »

Les auteurs franco-ontariens Paul Ruban, et Véronique Sylvain, ont chacun remporté des prix Trillium.

Les auteurs Paul Ruban (Flammarion Québec) et Véronique Sylvain (Éditons Prise de parole). Montage ONFR+

Une lettre ouverte écrite par l’AAOF

M. Osson s’explique très mal l’unilinguisme de la cérémonie, surtout que des auteurs lui ont dit avoir eu des communications en français « impeccables » avec l’organisme Ontario Créatif, qui organisait la cérémonie.

« Ce que tout le monde a vu, c’est que l’on n’a pas fait une présentation bilingue ou réservé une plus grande place au français », regrette le président de l’AAOF.

Dans une lettre ouverte publiée vendredi, l’écrivain, dénonce que l’utilisation de l’anglais seulement « est un camouflet pour tous les Ontariens et Ontariennes d’expression française ainsi que pour les francophiles de la province ».

« J’aimerais que le gouvernement ontarien reconnaisse qu’il y a deux langues officielles au Canada et que le français n’est pas une langue seconde. Peut-être que dans le futur, le gouvernement devrait consulter des organismes comme l’AAOF qui représentent ces auteurs en nomination. »

Sur Twitter, M. Ruban indique que certains propos utilisés par M. Osson dans sa lettre ouverte sont « exagérés » et qu’ils ne « reflètent pas l’expérience qu’il a eue avec Ontario Créatif ».

Dans cette lettre, le président dénonce du même coup la suppression du Commissariat aux services en français de l’Ontario en 2019, et demande des excuses de la part du gouvernement.

Demande d’excuses

« Nous exhortons donc votre gouvernement à présenter des excuses officielles à l’Association des auteurs et des auteures de l’Ontario français pour avoir bafoué son honneur, au même titre que la dualité linguistique de ce pays », indique-t-il.

La ministre Lisa MacLeod. Archives ONFR+

En plus de Mme MacLeod, la lettre s’adresse à la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney, l’ombudsman Paul Dubé, la commissaire aux services en français, Kelly Burke. Karen Thorne-Stone, la directrice d’Ontario Créatif est aussi interpellée dans la lettre du président de l’organisme littéraire.

À l’heure de mettre ces informations sous presse, le bureau de Mme MacLeod n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue.