Projet à Woodstock : l’Université d’Ottawa se croise les doigts

L'Université d'Ottawa.

 

TORONTO – Allan Rock a, ces jours-ci, plusieurs raisons de se croiser les doigts. D’une part, le recteur de l’Université d’Ottawa espère trouver de l’argent dans le prochain budget de l’Ontario pour son projet de campus francophone à Woodstock. Et d’autre part, il espère après trois ans voir un dénouement positif à la demande de désignation de son établissement en vertu de la Loi provinciale sur les services en français.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

L’Université d’Ottawa (Ud’O) n’attendrait plus que le feu vert de Queen’s Park pour aller de l’avant avec un projet de campus entièrement francophone à Woodstock, dans le sud-ouest de la province.

Ce campus viendrait, selon M. Rock, répondre à un besoin important pour des programmes d’études postsecondaires en français dans le sud-ouest de l’Ontario, où les étudiants dans la langue de la minorité n’ont accès qu’à 3% des programmes offerts à la majorité anglophone.

« Nous avons les doigts croisés », a confié M. Rock dans une entrevue qu’il a accordée à #ONfr, le mardi 14 avril. « Nous attendons la décision du gouvernement provincial. »

Le recteur de l’Ud’O et ex-ministre libéral à Ottawa était de passage à Toronto pour prononcer un discours devant l’Economic Club, dans lequel il a parlé de l’importance des universités canadiennes pour le développement économique et l’innovation au pays et à travers le monde.

 

« Investissement important »

Allan Rock a provoqué l’étonnement lorsqu’il a annoncé, l’automne dernier, en marge des discussions sur la création d’une université franco-ontarienne, que l’Ud’O lorgnait du côté de Woodstock, à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Toronto, pour l’établissement d’un campus de langue française.

Le projet partagé avec le collège La Cité représenterait un « investissement important » auquel la municipalité hôte serait aussi intéressée à participer financièrement, a fait savoir le recteur à #ONfr.

La proposition conjointe de l’Ud’O et de La Cité à Woodstock ferait suite à l’appel d’offres lancé aux collèges et universités de l’Ontario par le gouvernement libéral de Kathleen Wynne pour améliorer l’offre de programmes d’études postsecondaires en français dans le centre et le sud-ouest de la province, à l’automne 2013.

« On va attendre le budget », a relégué Madeleine Meilleur, ministre responsable des Affaires francophones à Queen’s Park.

L’élue d’Ottawa-Vanier n’a, par ailleurs, pas voulu se prononcer sur les chances que le projet de l’Ud’O dans le sud-ouest de l’Ontario vienne damer le pion à ce projet d’université « par et pour » les francophones de la province que pistonne le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et quelques autres partenaires.

« J’appuie le projet d’université franco-ontarienne », a réitéré Mme Meilleur à #ONfr. « Mais ma priorité, c’est l’augmentation de la disponibilité des programmes d’études postsecondaires à Toronto et dans le sud-ouest. »

Dans une lettre ouverte annonçant ses intentions dans le sud-ouest, pourtant, Allan Rock signalait très clairement que l’Ud’O demeurait, selon lui, « l’université franco-ontarienne » et qu’il n’était pas nécessaire d’en créer une autre de toutes pièces.

 

Désignation

Or, la plus grande université bilingue au pays tarde à obtenir de Queen’s Park la désignation de ses programmes offerts à la minorité franco-ontarienne en vertu de la Loi provinciale sur les services en français. Le dossier traîne depuis maintenant trois ans.

« C’est entre les mains des hauts fonctionnaires », a commenté M. Rock à #ONfr, disant espérer un dénouement positif « très bientôt ». Le recteur aimerait voir son établissement dûment désigné en vertu de la Loi 8 de 1986 avant qu’il ne termine son mandat, l’an prochain.

La province a renvoyé l’Ud’O faire ses devoirs après une première demande de désignation jugée incomplète, en 2012. L’université souhaitait alors que sa désignation se limite aux programmes et services aux étudiants de premier cycle universitaire et qu’elle fasse l’objet d’une révision tous les quatre ans.

L’université a soumis une deuxième demande. Et depuis, plus rien.

« C’est encore devant l’Office des Affaires francophones et le ministère de la Formation, des Collèges et des Universités », a précisé Mme Meilleur à cet égard. « Mais j’ai promis (à M. Rock) qu’on travaillerait sur ce dossier activement. »

Le prochain budget de l’Ontario sera déposé le jeudi 23 avril.