Proposition de Ford : toujours « un recul » pour Boileau

Le commissaire aux services en français de l'Ontario, François Boileau.

TORONTO – Alors que le gouvernement de Doug Ford a tenté de calmer la colère des Franco-Ontariens, vendredi, François Boileau affirme sans détour que ce qui est proposé demeure un recul. Le commissaire aux services en français craint que les décisions gouvernementales ramènent la francophonie ontarienne plusieurs années en arrière.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Je ne comprends toujours pas les raisons et les motifs pour justifier de faire tout cela », a-t-il confié au terme du Symposium du Commissariat aux services en français de l’Ontario, qui se déroulait à Toronto, lundi. Le gouvernement de Doug Ford souhaite dorénavant la création d’un poste de commissaire aux services en français qui dépendra du bureau de l’ombudsman.

« J’ai de la misère à comprendre comment un organisme de dernier recours comme l’ombudsman pourra remplacer un organisme de première ligne comme le commissaire aux services en français », réplique-t-il. « C’est un recul, l’officier indépendant du Parlement disparaît », ajoute-t-il.

Boileau pas intéressé par le poste en cas de création

Pour lui, c’est encore clair, il ne sera pas commissaire aux services en français au sein du bureau de l’ombudsman, Paul Dubé. « Paul sait très bien qu’en cas d’offre, je ne la prendrai pas », lance François Boileau.

Plus que jamais, il avoue ne pas saisir les objectifs du gouvernement et se questionne sur le fond des propositions, notamment concernant l’Université de l’Ontario français.

Dans une déclaration, Caroline Mulroney a indiqué, vendredi, qu’elle « resterait une ardente défenseure de cette Université, pour et par les francophones, de sorte que, dès que nous serons en mesure d’en entreprendre la construction, le projet pourra être amorcé », affirmait alors la ministre aux Affaires francophones.

Le commissaire aux services en français, François Boileau, lors de son symposium sur l’avenir de la francophonie ontarienne. Crédit image : Étienne Fortin-Gauthier

François Boileau espère que cela signifie que le conseil des gouverneurs de l’Université ne sera donc pas dissout. « Est-ce qu’il y a donc une ouverture afin qu’on discute à partir des bases actuelles ou est-ce qu’on repart avec un éventuel projet d’université? Si c’est le cas, on perdra plusieurs années de travail. Tout le monde sait que le projet ne sera pas financé cette année, mais le projet va-t-il être aboli complètement? », se demande-t-il.

Dans une lettre au Droit, publié au lendemain des coupures francophones, Caroline Mulroney critiquait le projet en cours. « Le modèle proposé était insoutenable et ne répondait pas à la demande pour une main-d’œuvre qualifiée dans les domaines qui en avaient besoin, soit des infirmières, des enseignants, des juristes francophones et autres », écrivait-elle.

Lundi, elle n’était pas disponible pour répondre aux questions des médias à ce sujet. François Boileau, lui, continue d’échanger avec le gouvernement, comme son mandat l’impose. « Il y a des discussions avec le gouvernement », confirme-t-il.

L’ombudsman remet les pendules à l’heure

Depuis une dizaine de jours, le gouvernement Ford a mis son nez dans la structure de l’ombudsman de l’Ontario. François Boileau a affirmé au cours des derniers jours que le gouvernement Ford ne pouvait pas s’ingérer ainsi dans les activités d’un ombudsman.

Paul Dubé, le principal intéressé, apporte quelques nuances. « Il y a eu des discussions sur un ombudsman adjoint, ça c’est correct. Mais ce qui ne serait pas bien, c’est que le gouvernement vienne dicter qui sera cette personne », affirme Paul Dubé.

Du même souffle, il précise que même si un commissaire aux services en français devait voir le jour au sein de son bureau, ce dernier n’aurait pas le même rôle que le commissaire actuel.

« Je ne serai pas l’avocat des francophones », dit l’ombusdman Paul Dubé. « Je suis indépendant, impartial et je mets la lumière sur les problèmes de bonne gouvernance », ajoute-t-il, insistant sur le mandat similaire qu’aurait un éventuel commissaire.

Étonnamment, il ne sait toujours pas si son bureau aura plus de ressources pour absorber l’équipe du Commissariat aux services en français. « Ça reste à voir. Je vais présenter un budget à l’assemblée législative », confie Paul Dubé.


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