Queen’s Park se prononce contre l’islamophobie

Le Parlement ontarien. Crédit image: Jean-François Morissette

TORONTO – Malgré le grand support envers la motion de la députée libérale Nathalie Des Rosiers contre l’islamophobie, cette dernière avoue avoir reçu des messages haineux depuis son dépôt.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

La députée d’Ottawa-Vanier, Nathalie Des Rosiers, l’a avoué en point de presse, le jeudi 23 février, avant le débat en chambre.

« Certaines personnes sont dans l’ignorance et parlent de leurs propres problèmes, mais je crois que l’on doit pouvoir les rejoindre avec cette conversation », a-t-elle expliqué.

Mme Des Rosiers n’a toutefois pas dévoilé la nature des messages, indiquant simplement que ce n’était pas la première fois que cela se produisait et qu’elle ne se laisserait pas intimider.

« Ce n’est pas la première fois, mais je crois que la vérité doit être dite », a-t-elle ajouté.

Aucun de ces messages n’a toutefois été référé aux forces policières.

La motion contre l’islamophobie déposée par la députée d’Ottawa-Vanier a été adoptée à l’unanimité à Queen’s Park.

Un climat de peur

Le procureur général de l’Ontario, Yasir Naqvi, croit qu’il est important de s’attaquer à la problématique. M. Naqvi a raconté qu’au lendemain de la tragédie de Québec, un père de famille musulman a contacté son bureau de circonscription pour demander s’il était sécuritaire d’envoyer son enfant à l’école.

« C’est de la peur! (…) Ce n’est pas le genre de société dans lequel nous vivons et que nous bâtissons », s’est-il exclamé.

Yasir Naqvi s’est dit heureux de pouvoir soutenir cette motion.

« Il est important qu’en tant que législateurs et que leaders dans nos communautés, nous soyons solidaires et que nous dénoncions haut et fort toutes les formes de haine », a-t-il expliqué.

Le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (PC de l’Ontario), Patrick Brown, et la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath, se sont dit en faveur de la motion et ont indiqué qu’ils allaient encourager les membres de leurs partis à l’appuyer lors du débat en chambre.

M. Naqvi s’est dit heureux de voir que tous les députés joignaient leurs voix derrière la motion

Un débat fédéral houleux

Une motion similaire a été débattue au niveau fédéral la semaine dernière. Certains membres du Parti conservateur du Canada ont refusé d’appuyer la motion M-103, condamnant « l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémique ».

La motion déposée par Mme Des Rosiers à Queen’s Park est similaire au texte débattu à Ottawa.

En point de presse, Yasir Naqvi a avoué être surpris par la tournure du débat au parlement fédéral.

« Ce n’est pas ce genre de sujets où l’on peut commencer à faire de la sémantique, c’est le genre de sujet où l’on doit dénoncer haut et fort la haine et l’islamophobie », a-t-il expliqué.

Lors du débat fédéral, certaines voix dissidentes ont indiqué que la motion était une attaque directe à la liberté d’expression. Toutefois, le procureur général de l’Ontario a rejeté du revers de la main cette critique en indiquant que les discours haineux ne sont pas de la liberté d’expression.

« Il y a une vraie distinction entre les discours haineux et la liberté d’expression au niveau de la loi (…) Quelqu’un qui veut mettre les deux en compétition n’est pas honnête », s’est-il exclamé.


« Il n’y a pas de compétition entre les sortes de discours haineux à condamner. Toutes les formes de discours haineux sont inacceptables! » – Yasir Naqvi, procureur général de l’Ontario


Pour sa part, Nathalie Des Rosiers a déclaré être heureuse de voir que sa motion avait un consentement et a indiqué qu’elle trouvait que la tournure du débat au parlement fédéral était « malheureux »

« Je pense qu’il est important dans des moments comme ceux-ci d’affirmer de façon positive l’engagement que l’on a contre la discrimination. »

Elle a ajouté qu’il était important de ne pas faire « de la petite politique » dans de pareils moments.

Sans rentrer dans les détails, Mme Des Rosiers a laissé entendre que la motion n’était que le commencement.