Quelle place pour les francophones dans le Parti PC?

Le chef du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario, Doug Ford. Crédit image:

TORONTO – Alors que plusieurs craignent les positions incertaines du nouveau chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Doug Ford, dans les dossiers francophones, certains militants conservateurs croient que le français aura toujours sa place au sein de la formation politique.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Cameron Montgomery, candidat du Parti PC dans la circonscription d’Orléans, est catégorique : le français a toujours sa place au sein du Parti PC après la victoire de Doug Ford dans la course à la direction. Toutefois, il convient que la table de travail du chef est déjà bien remplie et que les francophones devront tenter de tirer leur épingle du jeu.

« Il va y avoir une période de sensibilisation auprès de M. Ford », a-t-il expliqué en entrevue à #ONfr.

Le candidat du Parti PC note que peu importe qui est à la tête de la formation politique, il va toujours y avoir plusieurs candidats pouvant s’exprimer en français et qui comprennent les enjeux de la communauté.

M. Montgomery croit qu’à ce titre, la présence de Mme Elliott donnera une voix de plus aux francophones autour de la table.


« Christine Elliott est une voix forte et connaissante de la francophonie. C’est une phase d’espoir pour la francophonie parce qu’elle aura l’oreille du chef. » – Cameron Montgomery


Le candidat dans la circonscription d’Orléans croit que M. Ford découvrira les enjeux francophones et se montra plus ouvert que les gens peuvent le croire.

M. Montgomery note qu’il faut tout de même que le nouveau chef apporte des précisions sur ses positions francophones auprès des électeurs francophones s’il veut les convaincre.

L’analyste politique et président de Solstice Affaires publiques, Stewart Kiff, partage cet avis.

Celui qui agit à titre de consultant pour plusieurs organismes francophones auprès des trois formations politiques à Queen’s Park rappelle que M. Ford n’a jamais été un élu provincial et fédéral et il n’a pas à priori la sensibilité aux enjeux de la francophonie.

« C’est un gars d’Etobicoke, qui ne connaît pas la réalité franco-ontarienne, mais il essaie. Qu’est-ce que l’on peut attendre de plus? », lance M. Kiff, qui est membre du Parti PC.

Il croit également qu’un travail de sensibilisation sera avant tout nécessaire.

Plusieurs internautes ont pris d’assaut les médias sociaux depuis la victoire de Doug Ford le samedi 10 mars dernier afin d’exprimer leurs craintes pour les francophones. De nombreuses comparaisons ont été faites avec l’ancien chef du Parti PC, Mike Harris, connu des Franco-Ontariens pour avoir tenté de fermer l’hôpital Montfort.

Lors de la campagne, M. Ford a exprimé son désir d’apprendre le français s’il était porté au pouvoir.

Un message qui peut marcher auprès des Franco-Ontariens

Stewart Kiff note que M. Ford est très populaire auprès des nouveaux Canadiens, ce qui représente une grande partie des francophones dans la grande région de Toronto.

« Il ne faut pas oublier que beaucoup de Franco-Ontariens dans la région de Toronto sont de nouveaux Canadiens et que le discours de la Ford Nation résonne auprès d’eux », souligne-t-il.


« Plus la circonscription est ouvrière et plus il va y avoir de nouveaux Canadiens, plus le message de Doug Ford va résonner, c’est garanti. » – Stewart Kiff


Trois circonscriptions francophones sont dans la mire des progressistes-conservateurs à l’heure actuelle : Mushkegowuk-Baie James, Glengarry-Prescott-Russell et Orléans.

M. Kiff note que si le Parti PC souhaite remporter ces circonscriptions, il va être important que M. Ford ne se mette pas à dos les francophones.

« Les proches de M. Ford veulent mener une campagne serrée contre Kathleen Wynne et on m’assure en coulisse qu’aucune circonscription, y compris les francophones, ne sera laissée derrière », raconte-t-il.

Un sondage contradictoire

Selon la firme de sondage The Forum Poll, 48 % des Ontariens sont défavorables à l’élection de Doug Ford à la tête des progressistes-conservateurs, mais en même temps, 44 % des électeurs se disent prêts à élire un gouvernement sous la direction de l’ancien conseiller municipal de Toronto.

Lorsque l’on regarde en détail les votes de samedi 10 mars, Doug Ford a récolté 49 % des voix dans la circonscription dans Glengarry-Prescott-Russell. Dans la circonscription d’Orléans, M. Ford a remporté 52 % des votes.


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