Bienvenue dans l’univers des zines ! Ces petites publications auto-éditées et faites de façon artisanale connaissent une popularité croissante ces dernières années. Produit de la contre-culture, les zines permettent aux artistes ou aux auteurs de laisser libre court à leur imagination et de concocter des récits ludiques de tout horizon. Nous avons rendu visite à l’Expozine de Sudbury.
ONFR+ Culture
[Plusieurs couvertures de zines défilent, incluant les titres: «Piscine à vagues», «Intimité, monstres marins et autres bestioles», «Indian Poems», «Les animaux se révoltent», «Rufus le chat» de Keenan Poloncsak, «Fart Slide Comics» et «Lie» de Chloé Laduchesse. L’affiche d’Openminds quarterly est présentée, avec le slogan: «Explorations of life in a mad world».]
CHLOÉ LADUCHESSE, une poète et la fondatrice de l’Expozine de Sudbury, témoigne.
CHLOÉ LADUCHESSE :
Un zine, c’est une petite
publication indépendante. Il y a
des e-zines en ligne, mais
la plupart sont vraiment en
papier. Ça peut prendre toutes
sortes de formes. Ça peut être
un dépliant, quelque chose
d’assemblé avec une reliure
plus élaborée ou carrément
broché. Et le but, c’est
vraiment de diffuser,
de partager, mais d’avoir
également une créativité
accrue parce qu’on fait
tout soi-même du design,
le texte, la distribution.
La couverture du zine « Triomphe » de JIMMY BEAULIEU est présentée. JIMMY BEAULIEU, éditeur et auteur de bandes dessinées, témoigne ensuite, à côté de gens qui consultent des zines à des stands.
JIMMY BEAULIEU :
C’est quelque chose qui est
pas distribué en librairie,
qui est fait de manière plus
artisanale. C’est un plus
petit tirage. Ça vise moins un
succès commercial. Ça vise moins
même une pérennité. Souvent,
ça assume son côté éphémère.
« Il y a 50 exemplaires,
grouillez-vous. Moi, c’est
ça que je fais puis après ça,
je vais en faire un autre. »
CHLOÉ LADUCHESSE poursuit son témoignage. Pendant son témoignage, des images de la foire Expozine sont présentées.
CHLOÉ LADUCHESSE :
J’ai commencé Expozine avec
cette idée de stimuler la
culture qui existe déjà qui
est très présente dans des
villes comme Toronto, Montréal,
Vancouver. Mais en créant une
foire, de rassembler tous les
gens qui étaient intéressés par
cette forme d’art alternatif,
et puis peut-être de devenir
un incubateur pour des nouveaux
artistes du zine. On est passé
de 6 ou 7 artistes la première
année à 11 à là, on en avait 17.
Donc, c’est vraiment assez
important comme croissance
et ça me stimule pour
en faire d’autres.
Des images du stand de KYLE VINE et PIERRE BONHOMME sont présentées. Ils vendent des livrets de petit format avec des photographies d’un côté et de l’écriture de l’autre.
KYLE VINE : Narrateur
Propos traduits de l’anglais
Je m’appelle Kyle Vine.
Pierre Bonhomme et moi
avons fait un zine du genre
« haïku photographique ».
C’était la première fois que
je faisais un zine. Ça a pris
douze heures. Je me suis
bien amusé ! J’ai toujours
écrit de la poésie, de la musique,
pour des entreprises. Écrire
un zine, c’est complètement
différent. Il n’y a pas de règles.
Tu es libre. Tu décides quoi
dire et comment le dire.
CHLOÉ LADUCHESSE poursuit son témoignage. Pendant qu’elle parle, des images d’elle reliant un zine à la main sont présentées.
CHLOÉ LADUCHESSE :
Moi, je suis pas une artiste
visuelle. Donc, ça me donne
l’occasion, pour la première
fois, d’essayer d’allier des
images, des mots, des dessins
que j’aurai faits dans un
format… Ça peut être de
l’écriture manuscrite, ce
qu’un éditeur permet rarement
de faire. C’est des formats plus
courts. Parfois, c’est certains
poèmes que je vais casser
dans un zine ou des projets trop
courts pour aller dans un livre.
Donc, c’est cette liberté
d’expérimenter, de faire
des choses imparfaites et
d’apprendre les techniques,
de découvrir des papiers,
de découvrir des tissus même des
fois ou des formats inhabituels.
JIMMY BEAULIEU poursuit son témoignage. Pendant qu’il parle, des images d’Expozine sont présentées.
JIMMY BEAULIEU :
Ça reste un petit peu méconnu
presque volontairement.
La culture du fanzine, c’est
une culture qui récompense
les curieux. C’est une culture
qui récompense ceux-là qui
vont faire l’effort. Tu sais, si
tu fais juste prendre ce que les
journaux culturels te proposent,
ce qui arrive directement
à toi. On dit : « OK,
ça, c’est le dernier
groupe qui a de la hype,
donc, il faut écouter ça »,
bien, le fanzine s’adresse pas
tant que ça à ce monde-là.
Le fanzine s’intéresse au monde
curieux culturellement qui vont
toujours aller chercher un petit
peu plus loin, qui vont toujours
faire cet effort-là puis là,
bien découvrir un petit trésor.
CHLOÉ LADUCHESSE poursuit son témoignage.
CHLOÉ LADUCHESSE :
Ça peut être des recettes,
du jardinage. C’est quoi les
légumes de saison. Moi, je pense
à faire un zine sur les orignaux
et les chevreuils parce que
je fais jamais la distinction
et en anglais et en français
et en France, ce sont toutes des
affaires différentes. Tant que
c’est à peu près ludique, si tu
veux expliquer ta conception
de la comptabilité, bien,
tu peux faire un zine là-dessus,
raconter une histoire.
JIMMY BEAULIEU est montré assis à un stand, dessinant et écrivant une dédicace dans un zine.
JIMMY BEAULIEU : Narrateur
Souvent, dans le monde du
zine, tu sais, on fait, mettons
60 % de profit sur nos zines au
lieu de faire 10 % dans le monde
du livre. Fait que des fois,
vendre, mettons 200 exemplaires
à 60 %, c’est plus payant
que vendre 1000 exemplaires
à 10 %. Ça peut même être
rentable à 200 exemplaires
si t’es un peu habile.
Des images d’autres stands d’Expozine sont présentées.
KYLE VINE : Narrateur
Propos traduits de l’anglais
Un zine est un objet naturel,
tangible, texturé. C’est fait
à la main et c’est ce qui m’a
interpellé. Ça m’a permis
de m’éloigner de l’écran
de l’ordinateur.
VALÉRIE JACQUES-BÉLAIR, une auteure de bandes dessinées dont le nom d’artiste est VAL-BLEU, témoigne.
VALÉRIE JACQUES-BÉLAIR :
J’ai l’impression qu’il
y a un petit comeback
du zine. Peut-être justement
en lien avec internet ou
avec l’informatisation et
la mécanisation des choses, on
vient qu’on ne sait plus comment
faire beaucoup de choses dans
notre quotidien. On les regarde
et on sait pas comment faire.
Puis là, le fait d’avoir des
foires, ça permet de montrer aux
gens : « Bien oui, regardez,
si vous avez des choses à
dire, vous pouvez juste l’écrire
puis après ça brocher vos choses
ensemble et venir à des foires
comme ça pour le partager avec
les gens. » Fait que je pense
qu’à un certain niveau, ça a
une bonne popularité de voir des
objets et de comprendre comment
on peut les réaliser nous-mêmes.
VALÉRIE JACQUES-BÉLAIR discute avec une femme à son stand.
VALÉRIE JACQUES-BÉLAIR :
Puis là, ce que ça m’a fait
réaliser en faisant cette
BD-là aussi, c’est à quel
point on a pas de discours
social intelligent sur l’amitié.
JIMMY BEAULIEU poursuit son témoignage.
JIMMY BEAULIEU :
Il y a une prise de pouvoir
des auteurs, autrices en voulant
dire : « Le monde du livre est
pas super pour nous autres fait
qu’on va avoir un complément
avec quelque chose qu’on
contrôle un peu plus. » Donc, il
y a ça d’une part puis d’autre
part, effectivement, une
espèce de retour de l’amour
de l’objet. Il y a un regain
de ça un peu comme il y a
eu un regain du vinyle.
Texte narratif :
[De nombreuses universités et librairies spécialisées ont maintenant leurs propres collections de zines.
À Toronto, un regroupement d’amateurs de zines a mis sur pied un centre de documentation.
Au Toronto Zine Library, on retrouve plus de 3000 zines.]
Un homme est montré dessinant assis à une table.
HOMME :
Toi, tu me filmes,
moi, je te dessine.
L’homme présente son dessin terminé, où une personne se tient derrière une caméra entre des stands de zines.
Générique de fermeture