Rapport Adam : prudence des francophones, enthousiasme de Lalonde

La ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde.
La ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde.Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – La publication des conclusions du rapport de Dyane Adam, lundi 28 août, n’a pas manqué de faire réagir les militants francophones. Si une étape est bel et bien franchie, beaucoup d’entre eux se montrent tout de même prudents. 

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Le rapport du Comité de planification est ainsi plutôt bien accueilli par la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). Mais l’organisme préfère rester prudent, au moment de le commenter pour #ONfr.

« Nous sommes globalement assez satisfaits du rapport et de sa vision, mais on veut prendre le temps de bien le lire pour en connaître tous les détails. Nous ne l’avons eu en mains que ce matin, c’est quand même un document de 150 pages… », explique le président de la FESFO, Pablo Mhanna-Sandoval.

Ce dernier note toutefois avec satisfaction la recommandation de doter la nouvelle université d’une complète autonomie et de l’installer dans le centre-ville de Toronto.

« C’est important d’offrir la même qualité d‘expérience aux étudiants francophones que n’importe quel étudiant. »

Du côté du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO), le coprésident Jocelyn Leblanc presse le gouvernement d’agir vite, alors que les prochaines élections provinciales doivent avoir lieu en juin prochain.

« Le dépôt de ce rapport est une nouvelle étape importante qui récompense l’énorme travail entrepris ces quatre dernières années par la communauté. Désormais, il est important que le gouvernement agisse vite et dépose le plus rapidement possible son projet de loi, car c’est une inquiétude pour nous. On ne veut pas que ça devienne un enjeu électoral! »

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, parle d’un « jour historique pour les Franco-Ontariens ».

« Nous sommes contents que le gouvernement ait rendu public ce rapport, comme nous le lui avions demandé. On va prendre le temps de le lire avec nos partenaires du RÉFO et de la FESFO avant de pouvoir le commenter. Je retiens toutefois les déclarations de la ministre Lalonde cet après-midi qui a dit oui à un projet de loi. Il est maintenant important que celui-ci soit rapidement adopté, notamment car le Collège Boréal (qui pourrait partager les installations de la future université franco-ontarienne à Toronto) doit quitter ses locaux actuels d’ici au 1er septembre 2020. On espère donc que les trois partis, qui se sont tous prononcés en faveur, vont travailler ensemble. »

« Un moment historique » pour Marie-France Lalonde

« C’est un moment historique pour les Franco-Ontariens parce que le gouvernement s’engage très clairement à aller de l’avant avec la création de la première université franco-ontarienne avec une gouvernance par et pour les francophones », s’est quant à elle exclamée Marie-France Lalonde lors d’une entrevue avec #ONfr.

D’emblée, la ministre Lalonde s’est engagée à donner suite au rapport de Dyane Adam, en créant un comité de transition pour s’attaquer aux questions techniques, notamment celle du personnel.

Un projet de loi doit d’ailleurs être déposé à l’automne, a précisé la ministre Lalonde, sans toutefois fournir d’échéancier clair au projet.

La question financière reste toutefois un point d’interrogation. Bien que Mme Lalonde indique vouloir avancer les quelques vingt millions de dollars demandés dès le départ pour donner le coup d’envoi, il n’y a pas d’engagement clair pour le reste des fonds demandés, soit près de 60 millions de dollars.

Des négociations sont toutefois en branle avec le gouvernement fédéral, qui doit fournir la moitié des fonds nécessaires au projet, a attesté Mme Lalonde.

La ministre des Affaires francophones dit également espérer que l’échéancier proposé par le Conseil de planification allait être respecté, sans toutefois pouvoir en donner la certitude.

La question électorale en arrière-plan

Rapidement, le chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Patrick Brown, a réagi à la publication du rapport Adam. En saluant le travail de la présidente du Conseil, M. Brown avoue avoir des doutes sur les réelles intentions du gouvernement.

« Alors que je suis content que nous soyons sur le point de faire un pas de nouveau, je reste sceptique que Kathleen Wynne fasse une autre fausse promesse électorale. Nous continuerons à défendre les Franco-Ontariens et les Franco-Ontariennes et de tenir les libéraux responsable », a-t-il dit.

Même son de cloche chez France Gélinas, critique du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario en matière de francophonie.

Selon elle, bien que le travail de Mme Adam soit louable, elle doute de la sincérité du gouvernement quant à la mise en oeuvre du projet. Pour la députée néo-démocrate, la création de l’université franco-ontarienne risque de devenir un enjeu électoral, d’autant plus que le calendrier législatif à Queen’s Park sera chargé au cours des prochaines semaines.

Le commissaire aux services en français, François Boileau, accueille avec un grand intérêt le rapport du Conseil de planification.

« J’ose espérer que le gouvernement accueillera favorablement les recommandations de cette étude exhaustive, car elles sauront très certainement paver la voie vers la création d’une institution francophone vouée à l’excellence et à l’innovation », a affirmé M. Boileau.

Il souligne également que de par son caractère unique et sa gestion « par et pour » les francophones, l’institution remplirait toutes les conditions requises pour être désignée en vertu de la Loi sur les services en français.

L’Université d’Ottawa se positionne

L’Université d’Ottawa s’est dite interpelée par certains éléments du rapport. Elle rappelle sa volonté de faire partie de la solution dans ce dossier.

« Je suis ravi de constater que le rapport propose que l’Université d’Ottawa soit désignée comme mentor pour la future université et collabore avec celle-ci afin d’offrir des programmes en français dans plusieurs domaines stratégiques pour la communauté du Sud-Ouest de l’Ontario », a déclaré le recteur et vice-chancelier, Jacques Frémont. « Certains de ses éléments interpellent l’Université d’Ottawa. Je désire donc prendre tout le temps nécessaire avant de le commenter en tout ou en partie, et souhaite également consulter à son sujet les membres de notre Bureau des gouverneurs et de notre Sénat ainsi que notre communauté universitaire. »

L’intégrale du rapport de Dyane Adam