Raymond Théberge, nouveau commissaire aux langues officielles?

Le recteur et vice-chancelier de l’Université de Moncton, Raymond Théberge. Crédit image: Université de Moncton

OTTAWA – Le recteur et vice-chancelier de l’Université de Moncton, Raymond Théberge, devrait être nommé au poste de commissaire aux langues officielles du Canada, selon plusieurs médias.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Si la nouvelle se confirme, le gouvernement de Justin Trudeau accéderait partiellement aux demandes des provinces des Maritimes de nommer un premier commissaire aux langues officielles du Canada issu des communautés acadiennes. À défaut d’être acadien, le Franco-Manitobain d’origine, Raymond Théberge, occupe depuis 2012 le poste de recteur et vice-chancelier de l’Université de Moncton et possède donc une certaine connaissance des enjeux de l’Atlantique. Les libéraux auront également réussi à déjouer les pronostics puisque le nom de M. Théberge n’avait jamais été évoqué jusqu’ici.

M. Théberge succéderait à Graham Fraser, qui a occupé les fonctions de commissaire pendant dix ans et prendrait ses fonctions de commissaire pour un mandat de 7 ans.

Titulaire d’un doctorat en linguistique de l’Université McGill, d’une maîtrise ès arts en linguistique appliquée de l’Université d’Ottawa et d’un baccalauréat en histoire du Collège universitaire de Saint-Boniface, M. Théberge a occupé pendant 18 ans le poste de directeur du Centre de recherche du Collège universitaire de Saint-Boniface, de doyen suppléant de la Faculté des arts et des sciences sociales du Collège universitaire de Saint-Boniface, puis de doyen de la Faculté d’éducation du Collège universitaire de Saint-Boniface. Il a également été le président-directeur du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest de 1995 à 2004.

« Si cela se confirme, ce serait une bonne nouvelle. On connaît bien M. Théberge pour avoir travaillé avec lui. Il a œuvré dans différentes provinces et a fait beaucoup de choses au sein de la communauté francophone au Canada. Il possède une expérience dans l’appareil gouvernemental et en dehors. C’est une personne qui écoute, avec laquelle il est facile de dialoguer. C’est le genre de personne qui aime trouver des solutions et qui a une bonne expérience de recherche ce qui serait important pour un commissaire aux langues officielles », commente Daniel Boucher, directeur général de la Société de la francophonie manitobaine (SFM).

La SANB ambivalente

M. Théberge connaît également bien l’Ontario puisqu’après avoir été à la tête du Conseil des ministres de l’Éducation du Canada à titre de directeur général entre 2005 et 2009, il a, par la suite, occupé le poste de sous-ministre adjoint de la Division de l’éducation en langue française, de l’éducation des autochtones et de la recherche au ministère de l’Éducation et ministère de la Formation, des Collèges et Universités de l’Ontario.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, a toutefois refusé de commenter ce qui n’est pour l’instant qu’une rumeur persistante. C’est également le cas de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada qui indique par courriel : « par respect pour le processus, nous allons attendre qu’il y ait une annonce officielle avant de commenter ».

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) s’est montrée plus bavarde sur le sujet, tout en se disant ambivalente quant à l’éventuelle nomination de M. Théberge.

« Nous en sommes rendus à une croisée des chemins quant à l’évolution et la modernisation de la Loi sur les langues officielles (…) Maintenant, il ne reste qu’à voir si Monsieur Théberge aura la vision et les convictions nécessaires pour aider la francophonie canadienne à atteindre son plein potentiel en cette ère d’évolution et de mouvance constantes; si oui, il aura la chance de le prouver lors de sa comparution devant les comités parlementaires », a commenté, par voie de communiqué le président par intérim de la SANB, Joey Couturier.

Le gouvernement ne confirme pas

Joint par #ONfr, le principal intéressé a redirigé nos demandes d’entrevue vers le Bureau du conseil privé. Le gouvernement libéral a refusé de confirmer la nouvelle.

« En tout respect du processus, il serait inapproprié de commenter. Toutefois, nous sommes certains que la personne recommandée aura toutes les qualifications requises. Une annonce sera faite en temps et lieu », a commenté, par courriel, le bureau de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly.

Cette confirmation pourrait avoir lieu en début de semaine prochaine. En vertu de la Loi sur les langues officielles, la nomination de M. Théberge devrait ensuite obtenir l’approbation de la Chambre des communes et du Sénat.

Le poste de commissaire aux langues officielles du Canada est occupé de manière intérimaire par Ghislaine Saikaley depuis décembre 2016. Après un premier mandat de six mois, elle avait finalement vu son bail prolongé à la suite de la nomination controversée, et finalement avortée, de Madeleine Meilleur.

D’après les informations d’Élections Canada, M. Théberge n’a fait aucune contribution à un parti politique fédéral. Dans sa carrière, il a toutefois occupé les fonctions de sous-ministre adjoint sous le gouvernement libéral provincial de Dalton McGuinty.

Le processus questionné

Malgré cette éventuelle nomination, en coulisses, plusieurs voix questionnent le processus de nomination qui avait été relancé en juillet. Des candidats, qui ont postulé lors de cette deuxième ronde, indiquent ne pas avoir été contactés et se demandent si les nouvelles candidatures ont été considérées ou s’il s’agissait simplement d’un exercice de relations publiques.

« Je me questionne sur le sérieux du processus. Compte tenu de mon expérience, je m’attendais au moins à un appel. Ça ne servait à rien de relancer le processus si c’était pour n’étudier aucune nouvelle candidature », a témoigné sous couvert d’anonymat l’un des candidats.

Si le gouvernement finit par régler la question du commissaire aux langues officielles, il lui reste encore plusieurs postes d’agents du parlement à combler, dont celui de commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, de commissaire à l’information et de commissaire au lobbying.

 


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