Redécoupage fédéral : le Nord pourrait perdre une circonscription francophone

Montage ONFR+

Le redécoupage fédéral n’a pas fini de susciter de l’inquiétude dans le Nord. De récentes données sur la composition linguistique des nouvelles circonscriptions semblent valider une future perte du poids des francophones, passant de cinq à quatre circonscriptions à forte concentration francophones.

Il y a quelques semaines, la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales avait publié une proposition de redécoupage de la carte où le Nord perdait un député, passant de dix actuellement à neuf.

La redistribution avait aussi montré que des villes à majorité francophones se retrouveraient mélangées à d’autres, plus anglophones, comme le démontre la nouvelle circonscription de Nickel Belt-Manitoulin.

Les statistiques linguistiques du recensement de 2021 n’ayant été publiées que le 17 août dernier, la Commission dit avoir envisagé une extrapolation des données du recensement de 2016 pour établir la proportion de francophones dans chaque circonscription.

Avec les nouvelles propositions, le comté Cochrane-Timmins-Timiskaming compterait 38 % de francophones, celui de Manitoulin-Nickel Belt 26 % et Nipissing 22 %, Sudbury 19 %.

Quant aux données pour les circonscriptions actuelles, Nickel Belt trône à 38 %, Timmins-Baie James à 29 %, Algoma-Manitoulin-Kapuskasing à 25 %, Nickel Belt à 38 %, Nipissing-Timiskaming à 16 %, Sudbury à 19 % et Timmins-Baie James à 29 %.

Le nombre de circonscriptions à forte concentration francophones va donc baisser, passant de cinq à quatre selon ces données de la Commission.

Cependant, ces données étant tirées du recensement de 2016, ces chiffres pourraient être encore plus bas si l’on se fie aux données du dernier recensement de 2021.

Celui-ci marquait, en effet, une diminution du nombre de personnes dont le français est la première langue. Un recul à l’échelle de toute la province, mais plus particulièrement important dans le Nord.

Manque de transparence selon l’AFO

Dans un mémoire transmis à la commission de délimitation des circonscriptions, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est plainte de l’absence de partage de ces données linguistiques.

« Si la commission n’a pas fait le travail d’amasser les données des populations francophones avant de soumettre sa proposition, elle ne peut pas prétendre avoir pris en considération « la communauté d’intérêts ou la spécificité d’une circonscription électorale d’une province ou son évolution historique, » tel que le stipule la loi », a commenté le président de l’AFO, Carol Jolin.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin. Archives ONFR+

L’AFO souhaite également que la commission s’inspire du travail fait en 2016 et en 2017 par la commission ontarienne en ajoutant deux nouvelles circonscriptions, dont une à forte concentration francophone.

« Que la commission s’inspire de la province, qui en 2017, a voulu donner une voix plus forte au Nord, dont aux communautés francophones et autochtones, avec l’ajout de deux nouvelles circonscriptions », conclut le président de l’AFO.

Tenir compte des spécificités du Nord

La Commission a délimité les nouvelles circonscriptions en fonction de son seuil de 10 % de représentation de la population francophone.

Selon le député fédéral de la circonscription de Nickel Belt, Marc Serré, cette délimitation n’est pas adaptée au Nord. « Si on garde la population à 10 ou 15 % comme la Commission veut, on va perdre un autre siège dans le Nord de l’Ontario alors ce n’est pas acceptable », répond le député élu depuis 2015.

Le député de Nickel-Belt Marc Serré. Crédit image: Pascal Vachon
Le député de Nickel-Belt Marc Serré. Crédit image : Pascal Vachon

Pour celui qui est aussi le Secrétaire parlementaire de la ministre des Langues officielles, la Commission devrait aller jusqu’à 25 % comme le permet la Cour suprême du Canada, et considérer non seulement la population, mais aussi les communautés.

Il estime qu’il faut que les municipalités et les intervenants puissent s’entretenir et trouver des solutions afin de démontrer et prendre en considération les spécificités du territoire, ses distances, sa population autochtone dans le redécoupage.

Le député a l’intention d’amplifier ce message lors d’une présentation à la Commission le 11 octobre prochain à Timmins.