Refonte de la LSF : « pas d’appétit gouvernemental », déplore Boileau

Le commissaire aux services en français de l'Ontario, François Boileau.

TORONTO – Le commissaire aux services en français de l’Ontario jette un pavé dans la mare. Dans une entrevue à #ONfr, François Boileau se montre assez pessimiste sur la refonte de la Loi sur les services en français (LSF).

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

« Ce qui coince aujourd’hui, c’est une volonté politique de réformer la LSF », explique le chien de garde en matière des services en français. « Je ne sens pas de l’appétit du gouvernement pour le projet. Attention, je ne les blâme pas, je comprends tout à fait leur volonté de mettre l’accent sur l’université de langue française. »

Et d’enfoncer le clou toujours sur la LSF. « Gouverner, c’est choisir, et je ne pense pas qu’ils soient à l’étape de la décision (…) Une refonte entière de la loi prend beaucoup de temps et je crains que rien ne soit fait avant les prochaines élections en juin 2018. »

En novembre 2016, à l’occasion du trentième anniversaire de cette loi symbolique pour les 622 000 Franco-Ontariens, Marie-France Lalonde s’était pourtant engagée à une refonte du texte. « Le gouvernement est définitivement ouvert à regarder à une refonte de la loi. Soyez assuré que les annonces sont à venir », avait alors fait valoir la ministre des Affaires francophones.

Depuis, l’Office des Affaires francophones (OAF) est resté assez flou, préférant parler d’un projet de révision du processus de désignation des organismes et des régions. Des résultats qui devraient être dévoilés prochainement.

Le commissaire aux services en français souhaite toujours une offre active intensifiée et des services donnés au-delà des 26 régions désignées. Autre recommandation maintes fois ressassée : celle d’un comité consultatif permanent sur les Affaires francophones. « Il serait relativement facile à mettre en place, même si, je préfère qu’on revoit l’ensemble de la LSF et qu’on l’intègre à cela. »

Besoin de « consultations et études solides » estime Lalonde

Dans un échange de courriels avec #ONfr, Mme Lalonde se veut rassurante : « Je comprends l’impatience de M. Boileau concernant la refonte de la Loi sur les services en français. C’est un sujet majeur sur lequel je suis toujours engagée et je suis ravie que la communauté s’apprête à me présenter les résultats de leur travail sur le sujet. »

La ministre des Affaires francophones demande aussi du temps. « Pour moi, une refonte efficace et porteuse devra s’appuyer sur des consultations et études solides, en partenariat avec tous les acteurs de la communauté franco-ontarienne. »

Sondage dévoilé par l’AFO ce mercredi

Quoi qu’il en soit, cette sortie de M. Boileau intervient à la veille des résultats d’un sondage de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) sur la refonte de la LSF. Il s’agira de présenter les réponses compilées au gouvernement.

Au cours de l’été, l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens avait diffusé 13 questions pour mieux connaître les attentes quant au futur modèle de la loi.

Pour dépoussiérer le texte de 1986, l’AFO partage aussi un « comité aviseur » avec l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO).

Jointe par #ONfr pour réagir aux propos de M. Boileau, l’AFO a toutefois décliné notre demande d’entrevue. En juillet dernier, le président de l’organisme Carol Jolin avait quand même marqué son impatience. « Après l’annonce de Mme Lalonde, je pensais que ça allait aller un plus vite. »

La LSF, parfois désignée sous le nom de Loi 8, permet aux francophones vivant dans des régions désignées (environ 80 % d’entre eux) d’obtenir des services en français.