Réfugiés francophones LGBT : programme sauvé in extremis

Le drapeau de la communauté LGBTQ et le drapeau franco-ontarien. Archives ONFR+

TORONTO – Le programme d’aide aux immigrants et réfugiés LGBT francophones de Toronto est sauvé, a appris #ONfr. Le financement pour cette initiative menée par l’organisme FrancoQueer a été renouvelé par le gouvernement de l’Ontario, qui refuse cependant d’augmenter sa contribution.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Par l’entremise de l’appel de propositions 2016 du Programme d’aide à l’établissement des nouveaux arrivants, FrancoQueer s’est vu allouer environ 150000$ sur deux ans », a confirmé Katrina Sands, attachée de presse du ministre des Affaires civiques, de l’Immigration et du Commerce international, Michael Chan.

FrancoQueer a développé un programme inédit visant à permettre l’intégration en Ontario des réfugiés et demandeurs d’asile francophones LGBT et à veiller à les orienter vers les bonnes ressources d’aide dont ils ont souvent besoin.

« Les fonds seront utilisés pour offrir des services d’aide à l’établissement à Toronto à environ 150 nouveaux arrivants francophones de la communauté LGBTQIA provenant de différents pays », fait savoir Mme Sands.

Le programme doit notamment permettre d’apporter du soutien à des réfugiés qui ont été victimes de violence dans leur pays d’origine en raison de leur orientation sexuelle.

Bénévolat forcé

Pendant plusieurs mois, le gouvernement a laissé la direction de FrancoQueer dans le flou le plus complet concernant l’avenir du programme. En attendant que l’argent frais soit octroyé, l’intervenant assigné à cette initiative doit offrir ses services bénévolement.

« On va recevoir l’argent, mais c’est une question d’étapes. Pour l’instant, je fais du bénévolat, car il est impératif de continuer à offrir les services. Si un demandeur d’asile francophone LGBT n’a pas notre aide, il va bien souvent devoir se tourner avec un organisme anglophone », explique Ronald Dieleman, maître d’œuvre du programme depuis quelques mois.

L’avenir incertain du programme a forcé FrancoQueer à faire des choix. « Entre le 31 mars et la mi-mai, il n’y avait plus d’ateliers d’intégration. On ne pouvait pas se lancer dans des ateliers sans savoir quels fonds on aurait. Ça n’a pas été facile pour les clients », explique M. Dieleman.

Les formations concernent autant la réalité sociale et culturelle canadienne, la santé mentale que le logement et la vie sexuelle.

Ronald Dieleman rappelle qu’il est essentiel d’intégrer les nouveaux arrivants francophones en français à Toronto. L’Ontario s’est fixée un objectif de 5% d’immigrants francophones et il serait ridicule qu’une fois en Ontario, ils s’anglicisent, selon lui.

Plus d’argent nécessaire

Le président de FrancoQueer, Arnaud Baudry, salue la confiance renouvelée du gouvernement dans le programme. Il aurait cependant souhaité que son organisme hérite d’un montant plus important. « Le budget a été renouvelé pour deux ans, sans modification de montant. C’est un peu dommage, car on a un petit budget », affirme-t-il.

L’intervenant à temps plein pourra continuer de faire vivre le programme au cours des deux prochaines années, mais il sera difficile de le faire grandir à son plein potentiel, dit M. Baudry. « Maintenant que nous avons un rayonnement plus important, nous avons plus de clients. Les besoins ont augmenté, mais pas le budget! Ça met de la pression sur le consultant, car on ne peut pas refuser de gens », dit-il.

Avec le financement actuel, il affirme qu’il est difficile de mettre en place une campagne de marketing pouvant rejoindre certaines personnes qui ont un besoin d’aide criant. Le bouche-à-oreille a ses limites, dit M. Baudry.

FrancoQueer n’ayant pas assez de ressources pour avoir des bureaux, l’intervenant doit souvent rencontrer les clients dans des cafés ou chez des organismes partenaires.

« On fait beaucoup avec peu », dit Ronald Dieleman. Il se réjouit néanmoins des bons coups du programme. « Jusqu’à maintenant, 100% des clients qui ont demandé, avec notre aide, un statut de réfugié l’ont obtenu », dit-il avec fierté.

Au cours des prochains mois, du travail sera d’ailleurs effectué pour multiplier les partenariats avec d’autres organisations qui peuvent aussi croiser le chemin de réfugiés et nouveaux arrivants LGBT, tels le 519, le Black coalition for Aids prevention et le Centre canadien pour victimes de torture.