Rentrée parlementaire électrique à Queen’s Park

Avant les changements de règles, les partis politiques tentent de renflouer leurs caisses.

TORONTO – La pause estivale n’y a rien fait : les partis d’opposition ont continué de torpiller le gouvernement libéral de l’Ontario sur sa décision de privatiser partiellement Hydro One à l’occasion de la rentrée parlementaire d’automne, le lundi 14 septembre. L’opposition a misé sur ce dossier ainsi que l’incertitude dans les négociations avec certains groupes d’enseignants pour écorcher la formation de Kathleen Wynne.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, Patrick Brown, a fait son entrée au parlement provincial en affirmant qu’il n’allait pas hésiter à applaudir les bons coups de la première ministre libérale. À l’occasion de sa première intervention dans l’enceinte parlementaire, il a cependant choisi de donner une correction au gouvernement Wynne.

« Mme Wynne, pourquoi ne vous préoccupez-vous pas de ceux qui perdent des emplois en raison de vos décisions dans le dossier de l’énergie? », a lancé Patrick Brown. « Le prix de l’électricité est tout simplement trop élevé! À cause de cela, Windsor n’a pu convaincre une usine de fabrication d’automobiles d’ouvrir ses portes chez-elle. C’est de votre faute! Et ce sera pire avec votre plan de privatisation d’Hydro One », a poursuivi le chef du PC.

Patrick Brown a plus tard admis ne pas être opposé sur le fond à une privatisation de cette société de la Couronne. Il affirme cependant que le plan libéral est voué à la catastrophe.

Après lui avoir préalablement souhaité la bienvenue, la première ministre Kathleen Wynne a répliqué à son nouvel opposant en chambre. Elle a souligné que son gouvernement posait des gestes ambitieux pour stimuler le marché de l’emploi et que la province s’illustrait d’un point de vue économique, justement en raison des décisions prises au cours des derniers mois.

La chef du second parti d’opposition, la néo-démocrate Andrea Horwath a repris la balle au bond. « Dans le dossier d’Hydro One, la première ministre n’a pas de mandat de la population, n’a pas l’appui du public et elle n’a pas de plan! », a-t-elle affirmé. La chef du NPD ontarien estime que le projet de privatisation de la société d’État ne va profiter qu’aux « amis du Parti libéral ».

Kathleen Wynne a alors répété que la privatisation d’Hydro One servirait à obtenir les fonds nécessaires à la réalisation de moult projets d’infrastructures. « Souhaitez-vous qu’on abandonne ces projets? », a lancé la première ministre, après avoir énuméré quelques-unes des initiatives devant être financées dans le cadre de ce qui est qualifié comme une « vente de feu » par l’opposition.

 

Rentrée scolaire

Les tensions dans le milieu de l’enseignement ont jeté de l’ombre sur la rentrée parlementaire du gouvernement Wynne. En chambre, mais aussi dans les couloirs du parlement, la question du conflit avec plusieurs syndicats d’enseignants était sur les lèvres de plusieurs.

L’Association des enseignants franco-ontariens (AEFO) confirme que les négociations sont maintenant suspendues avec le gouvernement. Quant à la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO), elle a dénoncé la décision unanime du gouvernement de tout simplement quitter la table de négociation.

Dans le cas des enseignants francophones, la ministre de l’éducation Liz Sandals s’est faite rassurante. « Nous avons travaillé la semaine passée. On a passé des jours et des jours avec eux. On a fait des bons progrès la semaine passée, on est très près d’une entente. Ils ont commencé à être un peu en colère. Je crois que c’est une bonne idée que de prendre une pause pour prendre une profonde respiration », a-t-elle confié lors d’un point de presse à la suite d’une question d’#ONfr sur ce dossier.

Mme Sandals affirme que les syndicats qui n’ont pas signé d’entente devraient s’inspirer des deux autres syndicats de l’enseignement, qui eux, ont accepté les termes proposés par le gouvernement. Du même souffle, elle admet néanmoins que certaines problématiques ne sont pas identiques.

« Avec les francophones, on sera de retour à la table plus tard cette semaine. Il est juste d’affirmer que les enjeux sont un peu différents entre chacun des syndicats. Chacun amène des dossiers différents », a-t-elle indiqué concernant la lenteur des négociations avec les syndicats qui représentent les enseignants francophones.