Rentrée scolaire : les restrictions levées trop tôt, estime un expert

Rentrée scolaire et pandémie.
Le gouvernement réitère sa volonté d'un retour à la normal pour cette rentrée scolaire 2022. Archives ONFR+

La dernière communication en date du ministère de l’Éducation à propos des mesures sanitaires prises en vue de la rentrée scolaire reste droite dans ses bottes : le gouvernement réitère sa position pour un retour à la normale en continuant de lever presque toutes les restrictions, dont le port du masque obligatoire, dans les classes et le report par les écoles de leur taux d’absentéisme au gouvernement, une politique jugée hâtive par Marc Desjardins, microbiologiste à l’hôpital d’Ottawa.

« Le ministère de l’Éducation demeure engagé envers le retour à la normale en classe », c’est ce qu’annonce la dernière circulaire datant du 5 août adressée par le ministère de l’Éducation ontarien aux responsables des conseils scolaires et des écoles concernant les mesures de santé prises (ou plutôt pas prises).

Toutefois, certains experts de santé publique restent pour le moins sceptiques quant au bien-fondé de cette politique, la jugeant précipitée. À commencer donc par M. Desjardins.

Pr Marc Desjardins, microbiologiste à l’hôpital d’Ottawa. Gracieuseté

« Supprimer presque toutes les restrictions pour cette rentrée scolaire, je ne suis pas d’accord avec ça. C’est bien beau de dire qu’on retourne à la normale, mais il faut s’assurer qu’on ne va pas empirer les choses. On aurait dû maintenir en place certaines restrictions comme le port du masque en classe ou continuer une politique de dépistage en rapportant les cas au niveau de la santé publique pour pouvoir maintenir un certain niveau de contrôle », regrette-t-il.

Le coronavirus n’a pas pris de vacances

Il est vrai que dans une autre note de service surgissant à quelques heures d’intervalle de la circulaire du ministère de l’Éducation, le médecin hygiéniste en chef de la province, le Dr Kieran Moore insiste sur le fait que les écoles et les fournisseurs de services de garde ne sont plus tenus de faire remonter les absences au gouvernement, alors que le taux de transmission de la COVID-19 demeure élevé. 

En effet, selon les données de Santé publique Ontario qui, pour rappel, ne sont plus publiées à une fréquence quotidienne, on assiste encore à des taux de positivité aux tests effectués oscillant entre 10 et 15% avec une moyenne de 1 455 cas et presque six décès par jour durant la dernière semaine (faute de rafraîchissement, les données les plus récentes datent du 13 août).  

Pire que cela, selon lMarc Desjardins, « on vient tout juste de passer cet été par l’une des pires vagues depuis le début de la pandémie. On croyait que la COVID-19 allait poursuivre la même trajectoire que d’autres infections respiratoires comme la grippe et ne plus voir d’éclosions durant l’été, mais il n’en est rien ».

L’AEFO et AFOCSC n’y trouvent rien à redire

Du côté des principaux intéressés, l’avis est plus nuancé. « L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) s’attend à ce que les consignes de santé publique en lien avec la COVID-19 soient dûment respectées afin d’assurer la santé et la sécurité des élèves et du personnel », assure Anne Vinet-Roy, présidente de l’AEFO.

Anne Vinet-Roy, présidente de l’AEFO. Gracieuseté

Et d’ajouter : « Pour appuyer la stabilité dans les écoles et assurer le bien-être de tous les élèves et du personnel, nous continuons d’avoir des attentes fermes envers le gouvernement. »

Même son de cloche de la part d’Yves Lévesque, directeur général de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) qui se veut rassurant :

« Avec les mesures de prévention et de protection que nos conseils scolaires catholiques utilisent activement depuis plusieurs mois et celles qui seront en place pour s’assurer que la rentrée scolaire se déroule bien, comme la poursuite des campagnes de vaccination, tous les moyens disponibles sont et seront en place pour la sécurité et la santé des élèves et du personnel. »

Yves Lévesque, directeur général de l’AFOCSC. Gracieuseté

Quant à savoir si une énième flambée épidémique va déferler dans un futur proche, M. Desjardins ne laisse nulle place au doute : « C’est certain, il faut s’attendre à une autre vague en automne. »