Rentrée scolaire : une décision injuste pour les francophones, déplorent des parents

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Le plan pour la rentrée scolaire du gouvernement Ford est « injuste » et ne prend pas en compte la « réalité » des conseils scolaires francophones, déplorent des parents. La taille et les régions des conseils scolaires francophones font en sorte qu’il sera impossible pour certains d’aller à l’école à temps plein, déplorent-ils.

Les conseils étant dans des zones « non désignées » pourront retourner à l’école à temps plein. Mais pour les 24 conseils qui sont « désignés », dont le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO) et le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), les élèves du secondaire devront se partager entre l’école en personne et les cours en ligne.

« Mes deux garçons vont à l’école secondaire Mille-Îles, au CEPEO. Ce n’est pas juste que le conseil soit mis sur la liste désignée », dénonce Éric Galarneau. « Ici, à Kingston, on a très peu de cas : juste trois actifs et seulement une centaine, depuis le début du confinement. Alors je pense que tous les élèves pourraient aller à l’école tous les jours. Ce n’est pas réaliste, c’est même inconcevable, de faire 50/50. C’est injuste qu’on soit traité de la même façon qu’à Ottawa. »

Certains auraient aimé voir le gouvernement utiliser une autre stratégie que de séparer le tout par conseils scolaires.

« Il faudrait faire comme le déconfinement, qui est organisé par ville. Il faudrait faire la même chose pour les écoles », juge Badrieh Kojok, présidente de Parents Partenaires en Éducation (PPE).

Comme c’était le cas en avril, les parents s’inquiètent de l’impact des cours à distance.

« Je n’ai pas été impressionnée par l’enseignement en ligne, l’année dernière. Il y a des enseignants qui n’étaient pas du tout présents et ma fille avait des séances Zoom où le professeur n’était pas là. Alors je suis très réticente à dire que l’enseignement en ligne, 50 % du temps, va bien fonctionner », indique Chantal Racine, dont les deux enfants font partie du CECCE.

PPE se demande même si les cours en ligne n’auront pas un impact sur le taux d’absentéisme et le décrochage scolaire.

« On a beaucoup de problèmes de jeunes qui veulent décrocher, car ils ne veulent pas aller à l’école à mi-temps. C’est très difficile de les garder. À cet âge-là, ils peuvent décrocher complètement, en plus des problèmes de santé mentale. Est-ce que ça vaut vraiment la peine de ne pas avoir des cours à 100 % en personne? », s’interroge Mme Kojok.

Toronto différent d’Ottawa

Dans d’autres régions, comme à Toronto, c’est tout le contraire. Aux conseils Viamonde et Mon Avenir, les classes se dérouleront en personne, 100 % du temps. Les deux conseils francophones ne sont pas inclus dans le groupe « désigné », alors qu’ils sont sur le même territoire que plusieurs écoles anglophones qui devront organiser la classe à mi-temps.

« Je suis un peu confuse comme parent d’élèves de la région de Durham. Les deux conseils anglophones de la région sont sous restriction, mais un autre, juste l’autre bord de la rue, ne l’est pas », indique une mère de trois enfants ayant requis l’anonymat.

Cette dernière déplore le fait qu’elle vit dans une région désignée, mais que son conseil MonAvenir ne l’est pas.

« Je suis concernée par le fait que c’est beaucoup d’élèves dans une classe. Ils ne peuvent pas être à distance avec le nombre d’élèves. Le 50/50 permet d’avoir moins de monde en classe et d’avoir une distanciation. Même si l’enseignement en ligne n’est pas optimal, c’est plus logique, car on n’est pas loin de la grande région de Toronto où sont la majorité des cas de COVID-19 », ajoute-t-elle.

Port du masque : une bonne mesure

Le plan du ministère de l’Éducation impose aussi le port du masque dès la quatrième année, comme c’est déjà le cas pour la population dans certaines régions. Les parents ne s’inquiètent pas de cette mesure avançant que leurs jeunes le portent déjà en public.

« À Kingston, on est habitué au port du masque et ça va très bien de ce côté-là. Le port du masque chez les plus vieux est important, c’est sûrement ça qui va nous permettre d’éviter une deuxième vague », pense M. Galarneau.

Le masque ne dérange pas plus Mme Racine, à condition d’en limiter l’utilisation dans le temps.

« Je n’ai pas de problème avec le port du masque, sauf si on demande de le porter toute la journée, car ça devient un peu long. Mais pour se promener dans l’école, aller aux salles de bains ou autre chose, je n’ai pas de problème. »