Réouverture des écoles : une décision imminente et des parents divisés

L'intérieur d'une école avec sa signalétique sanitaire anti-COVID-19. Archives ONFR+

Alors que le gouvernement doit trancher dans les prochains jours, voire les prochaines heures, sur le retour des élèves en classe, les parents d’élèves naviguent à vue. Pour les uns, il faut ouvrir tout de suite pour des raisons de socialisation et de santé mentale de leurs enfants. Pour les autres, inutile de courir le risque d’une quatrième vague à trois semaines du congé d’été. À quoi ressemblera la fin de l’année scolaire ontarienne? La décision du premier ministre Doug Ford est toute proche.

« J’ai peur du risque de transmission », confie Mélanie Laplante. Cette maman dont le fils est en 10e année à Ottawa s’interroge : « Pourquoi prendre ce risque pour seulement trois semaines d’école? De plus, mon fils a tellement de meilleures notes quand il fait l’école à la maison! Il est moins distrait et il aime mieux cela. Pour ma part, je travaille en soins de longue durée qui ont été très durement frappés par le COVID-19, alors, chez moi, c’est précaution par-dessus précaution. »

Céline Poulin, mère d’une petite-fille en maternelle, à Sudbury, préfère elle aussi ne rien précipiter. Elle se prononce pour un retour en classe en septembre. « Ce serait mieux car ce serait difficile et injuste pour les enfants et les enseignants de devoir à nouveau changer de routine alors que c’est si près de la fin de l’année scolaire. Cela donnerait également la possibilité à plus de personnes d’être vaccinées et, de cette façon-là, de peut-être ralentir la transmission de la COVID-19 dans les écoles. »

Ne pas briser la routine à la maison, à trois semaines du congé

Céline Stavrou, dont les enfants sont en 2e et 5e année à Toronto, abonde dans le même sens : « Mon mari et moi avons la chance de travailler de la maison. Nous vérifions le travail de nos enfants tous les jours et, si besoin, on les aide en fin de journée. C’est dur mais je me dis qu’il n’y a plus que quelques semaines à tenir. Vraiment je ne les vois pas en classe par journée chaude. »

La routine, c’est aussi l’argument de Vanessa Lessard, à Orléans : « Nous sommes dans une bonne routine à la maison même si ce n’est pas l’idéal. Mon fils (en 1ère année) aimerait retourner mais le changement demande une bonne période d’adaptation. Il va jouer avec des amis lors du camp d’été. »

Les parents d’élèves Patricia Morin-Poirier (Témiskaming Shores) et Vanessa Lessard (Orléans)

Oui à un retour dès maintenant par régions

D’autres parents jugent au contraire que la réouverture s’impose tout de suite. C’est le cas de Vicki Rivard qui ne craint pas de quatrième vague. « Les données ne démontrent pas que les écoles (ni que les enfants asymptomatiques) causent de grandes transmissions. Avec le beau temps, la chaleur, le soleil et les fenêtres ouvertes, je crois vraiment qu’ouvrir les écoles serait la meilleure chose », argumente-t-elle, plaidant pour un retour graduel par régions, à commencer par les zones les moins à risque.

Lisa Grondin, mère de deux enfants scolarisés en 6e et 11e année à Hearst, partage cet avis. Elle pense, en outre, que la réouverture des écoles n’a pas besoin de s’accompagner de mesures de sécurité supplémentaires. « Nous sommes déjà en train de vacciner les 12 ans et plus dans notre région. Étant donné que nous n’avons pas eu de cas dans nos écoles, les mesures sécuritaires d’avant le congé sont ok. Des classes moins pleines est malheureusement un rêve qui ne se réalisera pas cette année scolaire », fait-elle valoir, sans illusion.

Rouvrir les régions peu affectées tombe sous le sens aussi pour Patricia-Morin Poirier, de Temiskaming Shores. « Ce ne sont pas les écoles qui m’inquiètent. L’école (secondaire) que ma fille fréquente à seulement eu deux cas positifs depuis le début de la pandémie. Je suis bien plus inquiète des gens qui ne croient pas à la pandémie, donc ne font pas leur part. C’est bien plus eux qu’il faut craindre, plus que les profs et les élèves responsables. »

Les classes ontariennes sont fermées depuis avril. Archives ONFR+

La santé mentale des enfants ne peut pas attendre

Pour Geneviève Ethier aussi, un retour en classe le plus vite possible est incontournable. « Les enfants sont résilients et ont appris très vite la routine pour le lavage de mains et le port du masque. Mes deux fils (en jardin et 1ère année, à besoins spéciaux) ont été en contact direct avec une éducatrice qui s’occupait spécialement d’eux et ils n’ont rien attrapé », rapporte cette mère de famille résidant à Embrun.

« Les mesures sécuritaires hygiéniques dans les écoles aident énormément et je suis de moins en moins inquiète avec la vaccination qui continue en province. La santé psychologique de mes enfants m’inquiète plus que la pandémie. Avec leur autisme et leur TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), ils sont durement affectés en ce moment et ils régressent considérablement dans leur autonomie et sociabilité. »

Geneviève Ethier et sa famille (Embrun). Gracieuseté

Alors que les écoles sont fermées depuis avril et que le plan de déconfinement ne prévoit aucune disposition sur la réouverture des écoles, le premier ministre Doug Ford a laissé entendre, ce lundi, qu’une décision devrait tomber dès cette semaine, s’appuyant sur les résultats d’une consultation de spécialistes en santé partout en province, lancée au cours de la semaine précédente.

Il n’existe toutefois aucun de consensus à table des experts. Si une majorité, comme le Dr Williams, médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, prône le retour en classe, des voix dissonantes se sont fait entendre, recommandant le maintien de l’apprentissage à distance pour tous les élèves.

La table de modélisation anticipe une recrudescence de la transmission de la COVID-19 en cas de retour en classe, une hausse qu’elle juge inévitable mais contrôlable, à ce stade de la vaccination en province. Près de 60 % des adultes ont reçu leur première dose et les enfants de 12 ans et plus ont commencé à recevoir la leur, tandis que la province enregistre, ce mardi, le nombre de cas quotidiens le plus bas depuis l’automne dernier, sous la barre des 700.