Retour en chambre : ce que les Franco-Ontariens doivent surveiller

Montage #ONfr

TORONTO – L’automne a été douloureux pour les Franco-Ontariens, qui ont subi les coupes du gouvernement Ford. Alors que le rythme des réformes s’accélère, le gouvernement se fait discret sur sa vision de la francophonie ontarienne et les gestes qu’il compte poser au cours des prochains mois. Cinq informations pour savoir quoi surveiller.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Les prochaines actions de Caroline Mulroney

La ministre aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, a frappé un grand coup lors de la journée des Franco-Ontariens, en septembre, en exposant ses priorités. Mais depuis, les mauvaises nouvelles se sont multipliées. Et plus, jamais n’a-t-elle reparlé de la refonte du processus de désignation, d’accès à la santé en français ou encore annoncé des mesures pour favoriser l’immigration francophone.

Après un automne de crise linguistique, Mme Mulroney est attendue sur toutes ces questions. « Nous travaillons à redonner à l’Ontario des bases financières solides afin de protéger les services de première ligne et d’améliorer ces services pour les francophones, y compris l’éducation, les services de soins de santé et de santé mentale, ainsi que l’accès à la justice en français », précise Jessy Robichaud, porte-parole de Caroline Mulroney, sur les priorités de la ministre. Rencontrée au cours des derniers jours, Mme Mulroney a promis des annonces prochainement…

 

Le premier budget de Doug Ford

Le gouvernement Ford a donné le ton avec son énoncé économique de l’automne. L’exercice, habituellement sans éclat, a provoqué une crise linguistique et mené aux premiers changements en profondeur du nouveau gouvernement. Le déficit laissé par le précédent gouvernement libéral de Kathleen Wynne obsède les troupes du Parti progressiste-conservateur.

Le gouvernement souhaite donner un grand coup pour en éliminer une part importante de ce déficit, dès cette année. Dans les organismes francophones, des coupes obligatoires de 3 à 5 % sont évoquées, même en éducation. Mais d’autres intervenants évoquent l’élimination pure et simple de certains secteurs de dépenses.

 

Financement des organismes

35 000 organismes et agences de toutes sortes ont reçu des fonds du gouvernement ontarien, l’an dernier. Le gouvernement a indiqué par ses déclarations publiques qu’il compte diminuer ce nombre, soit par l’élimination de subventions, la fusion forcée d’organismes et d’agences ou la réduction des fonds accordés.

Ce grand ménage ne se fera pas instantanément, a assuré le ministre des Finances, Vic Fedeli. Mais des indices laissent penser que le rythme pourrait s’accélérer au cours des prochaines semaines. Des mesures qui toucheront aussi les services francophones. Les actions du gouvernement Ford dans cette sphère sont dénoncées par Guy Bourgouin, critique néo-démocrate en matière de francophonie.

« Nous sommes en désaccord avec tous ces changements et ces coupures insensées. Ce sont des organisations en attente de financement qui leur a été promis », affirme-t-il. « D’abord, la communauté francophone a déjà eu une grosse claque dans la face avec l’élimination du commissaire aux services en français et l’annulation du financement pour l’Université de l’Ontario français. Maintenant, en abolissant le financement de plusieurs organismes francophones, M. Ford veut, encore une fois, nous faire sentir des citoyennes et citoyens de deuxième classe », dit-il, dans une déclaration envoyée à #ONfr.

 

Santé en français

Le réseau de la santé a un impact direct sur chacun des citoyens. Le gouvernement Ford mène une transformation profonde du système actuel, promettant de limiter le nombre de structures. Les Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS), au nombre de 14, disparaîtront, selon toute vraisemblance, pour laisser place à un méga réseau unifié. Qu’adviendra-t-il des entités francophones, qui avaient le mandat de conseiller les différents réseaux sur les améliorations à apporter en matière de services de santé en français? Le flou est complet.

En coulisses, plusieurs intervenants font pression pour le maintien des entités dans leur forme actuelle, permettant de conseiller le milieu de la santé de manière régionalisée. Sur le plan des services, il faudra voir si le réinvestissement en « première ligne » promis par Doug Ford profitera aussi aux Franco-Ontariens, qui peinent à obtenir des soins dans leur langue dans de nombreuses régions.

Guy Bourgouin, lui, est déjà en mode combat. « Qui va être responsable de quoi et comment pouvons-nous être rassurés que l’accès aux services de santé en français restera en place? Je vais me battre pour m’assurer que tous les organismes pertinents qui offrent des services en français reçoivent leur financement et continuent d’exister », affirme le député du NPD.

 

L’Organisation internationale de la Francophonie

La Francophonie internationale devait permettre à l’Ontario de se faire connaître hors de ses frontières. Cette notoriété tant espérée a plutôt été obtenue grâce à la couverture médiatique d’envergure de la crise linguistique de l’automne, avec des reportages dans Le Monde, à France24 et le New York Times, notamment.

Il demeure que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) peut s’avérer une porte d’entrée vers différents marchés économiques de pays francophones. Ou encore une vitrine pour attirer des immigrants et des étudiants étrangers. Depuis son entrée en poste, Caroline Mulroney est demeurée vague sur ses plans en la matière. La province est néanmoins toujours membre observateur, mais personne au sein du ministère des Affaires francophones ne semble s’occuper du dossier.

L’an dernier, le gouvernement de Kathleen Wynne avait prévu la création de deux postes de fonctionnaires qui devaient se charger de l’OIF. Ils n’ont jamais été comblés.