Santé : de nouveaux défis pour la communauté LGBTQ

Le drapeau de la communauté LGBTQ et le drapeau franco-ontarien. Archives ONFR+

TORONTO – En 2017, il est difficile de trouver un médecin comprenant bien les problèmes de santé de la communauté lesbienne, gaie, bisexuel, trans et queer (LGBTQ), estiment plusieurs experts consultés par #ONfr. Le défi est double lorsque l’on souhaite obtenir des services en français.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

« Il n’y a pas suffisamment de médecins parlant français pour répondre aux besoins », déplore Gilles Marchildon, directeur général de l’organisme Reflet Salvéo, un organisme responsable conseillant les Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) de la grande région de Toronto.

En 2012, Reflet Salvéo constatait l’existence de carences dans le système de santé en français pour venir en aide aux victimes du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). On notait entre autres l’absence des gestions de cas pour les francophones. Cinq ans plus tard, des progrès ont été réalisés dans ce dossier, estime M. Marchildon.

Le directeur général de Reflet Salvéo rappelle par exemple la création de deux postes de gestion de cas au Centre francophone de Toronto (CFT), ce qui donne un sérieux coup de pouce à la communauté.

« Il reste encore du travail à faire », croit-il tout de même.

M. Marchildon ajoute que les problèmes de santé de la communauté LGBTQ sont de plus en plus connus, ce qui aide à faire avancer la cause.

 

Incompréhension des professionnels de la santé

Arnaud Baudry, président de FrancoQueer, partage en partie le constat de Reflet Salvéo. Il atteste cependant que de nombreux défis sont présents dans le milieu LGBTQ.

« Il y a un manque de compréhension et un manque de connaissance au sein de la communauté médicale en ce qui à trait aux transgenres » – Arnaud Baudry.

La président de l’association francophone de la communauté LGBTQ en Ontario dit avoir entendu plusieurs histoires des personnes transgenres sur la difficulté de communiquer ouvertement de ces enjeux avec les médecins. La problématique est encore plus importante lorsqu’il s’agit d’obtenir des soins de santé en français.

« Il existe des services en français, mais encore là, les problèmes sont les mêmes et les patients se retrouvent devant des prestataires de soins qui ne comprennent pas bien leur réalité », dit le président de FrancoQueer.

« C’est incroyable que les services de santé soient l’un des endroits où les personnes LGBTQ sont le moins à l’aise, alors que c’est là qu’elles auraient le plus besoin de services pour prendre soin d’elles-mêmes » – Arnaud Baudry.

M. Baudry déplore aussi que les changements attendus par la communauté LGBTQ au sein du système de santé ontarien ne se fassent pas assez rapidement.

 

Une zone grise autour du PrEP

Le médicament prophylaxie pré-exposition (PrEP), utilisé pour combattre le VIH, est de plus en plus populaire au Canada.

Toutefois, MM. Baudry et Marchildon notent qu’il y a encore une zone grise en Ontario auprès des professionnels de la santé.

Le remède peut avoir deux utilisations : soit la prévention du VIH ou le traitement du virus. Son coût atteint 1 000 $ par mois, indique cependant le président de FrancoQueer, ce qui est un sérieux frein à son utilisation.

De plus, M. Baudry déplore que les médecins ne soient pas au courant de l’usage préventif du médicament et qu’il soit souvent à la charge du patient d’en informer les professionnels de la santé.

Pour le président de FrancoQueer, il est clair qu’une meilleure éducation pourrait faire une grande différence quant à l’utilisation de ce médicament.