Scrutin municipal : et les candidats francophones dans tout ça?

Le conseil municipal d'Ottawa. Archives #ONfr

[ANALYSE]

C’est le grand moment pour les 444 municipalités de l’Ontario. Aux quatre coins de la province, environ 3 000 candidats ont rendez-vous, lundi soir, avec une élection ou la défaite, des rires ou des larmes. Une incertitude pour toutes et tous, qui se pose aussi logiquement pour les francophones.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Les regards se tournent naturellement vers Ottawa. D’une, car la ville compte 138 000 résidents avec le français comme première langue officielle. Pas besoin de calculatrice pour comprendre que près d’un quart des Franco-Ontariens y vivent. Secondo, le statut de capitale du Canada d’Ottawa lui confère une valeur symbolique plus importante qu’ailleurs.

Or, avec seulement trois élus sur 24 véritablement francophones, on ne peut pas dire que cette représentation soit exagérée. Si pour Jean Cloutier, les choses s’annoncent plutôt favorablement dans le quartier Alta Vista, Mathieu Fleury n’aura pas la partie facile dans Rideau-Vanier. Pour beaucoup, le dossier du déménagement de l’Armée du Salut a symbolisé les difficultés de l’élu de redorer l’image de Vanier. Et il y a Bob Monette, qui se retire cette année.

Moins de francophones à la table du conseil, c’est évidemment moins de poids. Les huit années au pouvoir de Jim Watson ont souvent montré l’isolement du conseiller de Rideau-Vanier pour défendre les causes francophones. Rien à voir avec le caucus solide, avant 2010, constitué de Michel Bellemare, Jacques Legendre et Georges Bédard.

Pour raviver la flamme francophone à la table des élus, il faudra surveiller les performances, ce soir, de Rick Bédard, Mireille Brownhill ou encore Diego Elizondo dans le quartier Orléans. François Trépanier possède aussi une carte intéressante dans Innes.

Reste que la maîtrise de la langue ne forge pas toujours les convictions linguistiques. L’unilingue Catherine McKenney a, par exemple, soutenu publiquement le bilinguisme officiel, là où Jean Cloutier et Bob Monette, ainsi que Stephen Blais, lui aussi à l’aise en français, n’avaient pas bougé le petit doigt.

Bonne représentation francophone dans l’Est ontarien

De son côté, l’Est ontarien restera quoi qu’il arrive bien représenté par des élus francophones. Un moindre mal dans une région majoritairement francophone, mais où l’assimilation gagne du terrain.

Les maires Guy Desjardins (Clarence Rockland), Jeanne Charlebois (Hawkesbury) ou encore, Pierre Leroux (Russell) partent favoris. Daniel Lafleur (Casselman) a lui déjà été élu par acclamation.

La grosse inconnue se situe du côté de La Nation, où François St-Amour croise le fer avec l’ancien maire Denis Pommainville et Danika Bourgeois-Desnoyers. Des adversaires sérieux et coriaces. Encore là, les trois candidats sont francophones.

Des notes d’espoir

Tout n’est quand même pas si sombre si l’on sort de la grande région d’Ottawa. À Cornwall, la franco-ontarienne Bernadette Clément, minorité visible, a des chances d’être élue mairesse. Une victoire historique dans une ville où les premiers magistrats ont toujours été des hommes.

Du côté de Toronto, les principaux candidats multiplient les déclarations de bonnes intentions à l’égard du bilinguisme. Saron Gebresellassi, l’une d’entre elles, propose même que la Ville reine devienne officiellement bilingue. Inutile de se réjouir trop vite cependant, la réélection de John Tory risquant de maintenir le statut quo pour la place du français.

La situation est en revanche plus inquiétante dans les communautés du Nord. À Timmins ou Sudbury, pas question pour les municipalités d’entrouvrir la porte au bilinguisme officiel, même si les francophones équivalent à plus d’un tiers de la population. Signe quelque part qu’une élection est parfois plus puissante que la vitalité démographique.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 22 octobre.