Sous pression extrême, Amanda Simard persiste et signe

La députée Amanda Simard. Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – Poursuivie par les caméras et les journalistes, Amanda Simard persiste et signe. Devant les médias de Queen’s Park, elle a martelé son message, tout en assurant qu’elle ne comptait pas, pour l’instant, quitter le Parti progressiste-conservateur.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

La pression médiatique à l’endroit de la députée de Glengarry-Prescott-Russell était très forte, ce mardi. À la sortie de la chambre, des caméras étaient positionnées à toutes les sorties. Les médias anglophones voient en Amanda Simard le symbole des premières fissures dans l’unité du parti dirigé de main de fer par Doug Ford et son entourage.

Retrouvée à la cafétéria, Mme Simard a accepté de répondre aux questions de la presse parlementaire. « Je demande au premier ministre et au gouvernement d’annuler sa décision », a-t-elle répété.

Amanda Simard affirme qu’elle appuie les autres décisions de son gouvernement. Ses critiques visent seulement l’abolition du poste de commissaire aux services en français et la fin du projet de l’Université de l’Ontario français.

Face à un parti en apparence uni en faveur de ces coupes francophones, elle se donne néanmoins un objectif. « La suite des choses? Il faut travailler sur la législation, il va y avoir une deuxième lecture. C’est le temps d’essayer de convaincre mes autres collègues afin qu’ils m’appuient », lance-t-elle. « Je suis toujours membre du caucus à l’heure actuelle », ajoute la députée.

Elle ne digère pas d’avoir appris au même moment que les autres Franco-Ontariens les coupes majeures du gouvernement visant spécifiquement les francophones. « Lorsque des décisions sont prises concernant la francophonie, ayant une circonscription à 70% francophone, je devrais être consultée. Je suis la seule Franco-Ontarienne du caucus », a-t-elle indiqué.

Craint-elle d’être punie par le parti? « J’ai poussé les limites, j’ai pris la parole à différents endroits, mais je ne crois pas avoir à m’en faire, car la seule chose que je veux faire, c’est mon travail », réplique-t-elle.

Amanda Simard laissée à elle-même

Sans personnel, laissée à elle-même par les employés du parti, Amanda Simard mène un combat politique en terrain hostile au sein de sa propre formation politique, a pu constater #ONfr. « She is on her own », a même laissé entendre un porte-parole du Parti progressiste-conservateur lorsque interrogé par un média anglophone sur sa capacité à organiser une entrevue avec la députée.

Pas d’aide non plus lorsqu’elle a dû affronter la presse en plein dîner à la cafétéria de Queen’s Park. Aucun attaché de presse du parti n’était présent pour l’aider. Elle a dû s’extirper elle-même de cette mêlée de presse improvisée.

« En plusieurs décennies à Queen’s Park, je n’ai jamais vu une telle situation où une députée est poursuivie à la cafétéria par les médias », a lancé un observateur privilégié de la vie de Queen’s Park.

Le Parti progressiste-conservateur invite les médias à interpeller son bureau local de circonscription pour toute demande média. Si la cassure est visible, le discours officiel est bien différent.

La ministre des Affaires francophones a affirmé qu’Amanda Simard demeurait encore à ce jour son adjointe parlementaire. « Nous avons beaucoup de travail à faire pour faire avancer les dossiers francophones et je suis contente qu’elle soit de retour et de pouvoir travailler avec elle », a indiqué Caroline Mulroney. « Je n’ai pas eu la chance de discuter avec elle, personnellement », a-t-elle ajouté.

Le cas d’Amanda Simard était sur toutes les lèvres à Queen’s Park. La chef du NPD, Andrea Horwath, a affirmé que le Parti PC étouffait les discussions et que les voix divergentes se font demander de se taire. Elle affirme que plusieurs élus sont actuellement en colère, ce qui explique les rumeurs de défections nombreuses de plusieurs députés conservateurs.

Les libéraux ont aussi dénoncé la situation actuelle et la manière dont Amanda Simard serait traitée.

« Tristement pour Mme Simard, sa famille [politique] l’abandonne », observe la députée Marie-France Lalonde. « Est-ce que c’est une autocratie? Une dictature? », s’est pour sa part questionnée Nathalie Des Rosiers sur la manière dont les voix divergentes sont traitées au sein du Parti progressiste-conservateur.