Sudbury : la campagne se corse

TORONTO – La campagne se corse dans Sudbury. À exactement trois semaines de l’élection partielle du jeudi 5 février, voilà que les candidats libéral et néo-démocrate sont au coude-à-coude et qu’un troisième candidat, celui-là indépendant, continue d’attiser la controverse.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Un sondage de la firme Forum Research, paru le jeudi 15 janvier, laisse entrevoir une course de tous les instants entre le libéral Glenn Thibeault, avec 40% des intentions de vote, et la néo-démocrate Suzanne Shawbonquit, avec 42%. L’écart entre les deux candidats tombe en-deçà de la marge d’erreur du coup de sonde, qui est de 3%.

« Des gens qui n’ont jamais voté pour le NPD auparavant me disent que les libéraux les ont pris pour acquis et qu’ils méritent mieux », a scandé Mme Shawbonquit, une entrepreneure locale et mère de famille ojibwe, à des médias locaux.

Les libéraux au pouvoir à Queen’s Park misent gros sur M. Thibeault, un transfuge du NPD qui a été député fédéral de Sudbury pendant six ans avant de changer de camp, à la mi-décembre. La première ministre Kathleen Wynne s’est elle-même rendue deux fois dans la métropole du Nord-Est ontarien pour donner un coup de main à sa recrue depuis le début de la campagne.

La circonscription provinciale de Sudbury a été une forteresse libérale pendant une quinzaine d’années avant de passer dans le giron néo-démocrate lors des élections du 12 juin 2014.

« Les gens de cette communauté (…) veulent un représentant qui comprend non seulement ce qui fait de Sudbury une grande ville, mais aussi un représentant qui comprend les enjeux spécifiques à la vie dans le nord de l’Ontario », a déclaré M. Thibeault lors du déclenchement de l’élection partielle, le mercredi 7 janvier.

Les électeurs de Sudbury doivent retourner aux urnes après que le néo-démocrate Joe Cimino eut démissionné subitement « pour des raisons familiales et de santé », fin novembre, à peine six mois après son arrivée à Queen’s Park.

Controverse

Les libéraux ont cru qu’à Sudbury, le changement d’allégeance de Glenn Thibeault suffirait pour envoyer les néo-démocrates au tapis. Mais il semble, d’après les premiers coups de sonde, que la manœuvre n’ait pas complètement réussi. C’est que le parti au pouvoir a du mal à mettre derrière lui la controverse entourant le choix de son candidat, au détriment d’un ex-candidat.

Cet ex-candidat libéral, Andrew Olivier, soutient que des personnes d’influence au sein de la formation lui ont fait miroiter « un emploi ou une nomination » pour le convaincre de ne pas contester l’investiture de M. Thibeault. S’il a accepté à contrecœur de céder le passage, il dit néanmoins avoir refusé les offres de son clan.

Maintenant candidat indépendant, M. Olivier a rajouté de l’huile sur le feu, le 15 janvier, en diffusant sur sa chaîne YouTube l’intégral de la conservation qu’il a eue avec un organisateur libéral, Gerry Lougheed, et au cours de laquelle il est effectivement question d’une éventuelle « récompense ».

Au cours de cet entretien face à face, enregistré à l’insu de M. Lougheed, on entend aussi M. Olivier promettre que rien « ne sortira pas de cette pièce ».

Confusion et distraction

« Malheureusement, la spéculation au sujet de ces conversations est devenue un élément de distraction et une source de confusion pour les gens de Sudbury », a voulu justifier M. Olivier sur son compte Facebook, le 15 janvier, ajoutant ne pas vouloir « commenter davantage » cette affaire qui a fait beaucoup jaser et même mené à une brève enquête de la police.

La Police provinciale de l’Ontario a conclu qu’il n’y avait pas eu de trafic d’influence dans cette affaire, comme le prétendait l’opposition à Queen’s Park, notamment. Dans un communiqué, le Parti libéral a aussi ajouté que M. Lougheed ne parlait pas au nom du gouvernement ni de la formation politique, mais « en son nom personnel ».

Bon deuxième lors des dernières élections, M. Olivier ne récolterait maintenant plus que 1% des intentions de vote à titre d’indépendant, selon le sondage du Forum Research. La candidate progressiste-conservatrice Paula Peroni réclamerait pour sa part 13% des voix, contre 3% pour le candidat vert David Robinson.