Toronto-Est aura son école francophone

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TORONTO – Après des années d’attente, les Franco-Torontois de l’Est de la ville auront droit à leur école secondaire, alors que le gouvernement de l’Ontario annonce un financement de 16 millions de dollars pour la réalisation du projet.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Selon les estimations du ministère de l’Éducation de l’Ontario, la nouvelle école pourra accueillir 500 élèves.

L’an dernier, la Coalition de Parents pour une École Secondaire de Quartier (Coalition PESQ) avait choisi de traîner le gouvernement devant les tribunaux pour faire débloquer le projet.

Nicolas Rouleau, membre de la Coalition et avocat retenu par le groupe dans cette cause, estime que cette annonce représente une reconnaissance des besoins des Franco-Torontois de l’Est de la ville Reine.

« C’est un bon début, mais reste à voir comment cette école va nous être fournie », a-t-il lancé en entrevue à #ONfr.


« Notre position reste que nous voulons une école équivalente, reste à voir si ces 16 millions seront suffisants, mais c’est un bon début » – Nicolas Rouleau


Même son de cloche chez Lianne Doucet, mère francophone impliquée dans le dossier. Selon elle, l’important à ce stade était la reconnaissance du besoin de la création d’une école francophone.

« C’est une reconnaissance qu’il y a un besoin et quand un ministère octroie des fonds, ça devient encore plus clair », a-t-elle avoué.

Me. Rouleau et son groupe croient, toutefois, qu’il serait préliminaire pour le moment d’abandonner les procédures.

« Notre poursuite est pour une école équivalente. Je ne remets pas en question la volonté du gouvernement (…), mais pour le moment cette école n’a pas été fournie », a-t-il expliqué.

Une école équivalente, demande la Coalition PESQ

Au cours des dernières semaines, le Conseil scolaire Viamonde a montré son désir de construire une école francophone dans l’ancienne école Greenwood, qui lui serait cédée par un conseil scolaire anglophone. Une quinzaine de millions de dollars seraient nécessaires pour effectuer des rénovations, notamment pour la création d’une cour sur le toit et l’agrandissement du gymnase. L’expansion du bâtiment permettrait d’accueillir 512 élèves, soit une centaine de plus que l’ancienne école Greenwood.

Toutefois, la Coalition PESQ s’oppose à ce projet. Les membres du groupe estiment que le bâtiment n’est pas équivalent aux établissements des conseils scolaires anglophones.

Avec l’annonce de financement, Me Rouleau indique que les plans n’ont pas changé.

« Il y a plusieurs options en ce moment sur la table et nous allons continuer de collaborer avec Viamonde et la province pour mettre un bon plan à exécution », a insisté Me Rouleau.

Pour lui, le point n’est pas seulement de fournir une école francophone, mais une école équivalente.

Selon un porte-parole pour la ministre de l’Éducation, Indira Naidoo-Harris, le financement octroyé par le gouvernement laisse au Conseil scolaire Viamonde l’opportunité de choisir la manière dont les fonds seront dépensés.

Greenwood, le plan A

Le président du Conseil scolaire Viamonde, Jean-François L’Heureux, a maintenu que la solution de l’école secondaire de Greenwood était le plan A. « La vision qui avait été présentée par notre conseil en novembre dernier tient encore la route. Greenwood est encore notre plan A », lance-t-il.

Toutefois, avant de se prononcer, M. L’Heureux attend que les détails du financement parviennent à Viamonde.

M. L’Heureux maintient que la solution de reprendre l’école Greenwood dépend si Viamonde est capable de s’entendre avec la ville de Toronto pour un accès au parc, situé juste à côté de l’établissement.

Le président du Conseil scolaire Viamonde concède toutefois ne pas être fermé à d’autres options.

L’ouverture prévue d’une nouvelle école secondaire dans l’est de Toronto est prévue pour 2020.

Une solution pour les Franco-Torontois

La ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, estime que cette annonce s’inscrit bien dans le cadre du projet d’expansion des services d’éducation en français à Toronto.


« La création d’une nouvelle école de langue française dans l’Est de Toronto offrira aux parents davantage d’options afin d’assurer à leurs enfants une éducation de qualité en français près de chez eux » – Marie-France Lalonde


Mme Lalonde a défendu son gouvernement d’avoir agi par électoralisme. La ministre a rappelé, en entrevue à #ONfr, que le gouvernement de Kathleen Wynne avait planifié depuis plusieurs années des investissements en éducation. Elle a ajouté que le retour à l’équilibre budgétaire a permis au gouvernement de faire des investissements comme celui-ci.

« Comme l’a dit la première ministre, un Ontario fort passe par une francophonie forte », a-t-elle lancé.

Les fonds alloués s’inscrivent dans le cadre d’un investissement de plus de 700 millions de dollars fait par le gouvernement ontarien pour la construction et la rénovation d’établissements scolaires. Quelque 80 millions de dollars sont réservés pour neuf projets des conseils scolaires francophones.

Peter Tabuns, député du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, ne croit pas que l’annonce faite par le gouvernement réponde aux besoins de la communauté.

« Les parents de ma communauté veulent une école secondaire francophone qui offre une éducation dont la qualité soit équivalente à celle des écoles secondaires anglophones. L’annonce d’aujourd’hui n’est toujours pas à la hauteur de ce besoin », a-t-il déclaré.

Selon lui, la lutte continue.

« Les parents continueront de se battre pour leurs droits linguistiques et pour un investissement dans l’éducation francophone qui soit un rempart contre l’assimilation. Je serai à leurs côtés dans cet effort », a-t-il assuré.


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