Trouver des solutions pour faire sortir le vote

Le chef du Parti Vert de l’Ontario, Mike Schreiner; la chef du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario, Andrea Horwath; le chef intérimaire du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, Victor Fedeli; et la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne. Crédit image: Rozenn Nicolle

TORONTO – Jamais les quatre chefs des principales formations politiques ontariennes n’ont été réunis sur une même scène afin de réfléchir sur les failles du système électoral. À moins de 100 jours de l’élection, les politiciens ont profité d’un forum sur la démocratie à l’Université Ryerson pour tenter de trouver des solutions pour faire sortir le vote chez les jeunes.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a noté d’emblée que le cynisme des jeunes envers la politique était bien présent en Ontario. Selon elle, il y a un travail à faire de la part des politiciens, mais aussi des médias pour briser les stéréotypes envers les politiciens.

« La politique, ce n’est pas juste des batailles », a-t-elle lancé aux quelques centaines de personnes présentes dans l’auditoire.

Même son de cloche chez Victor Fedeli, le chef intérimaire du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario. Pour lui, il faut que les jeunes puissent voir cet autre aspect de la politique afin de briser les préjugés.

Pour la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath, la crise de légitimité des politiciens tire ses origines des sujets abordés par les politiciens.


« Les jeunes sont très engagés et savent ce qui se passe partout sur la planète. Nous devons refléter les aspirations des jeunes. » – Andrea Horwath 


Au NPD, elle a rappelé que les jeunes peuvent voter dès l’âge de 14 ans sur les politiques du parti et que ça permet de les motiver à participer dans les affaires publiques.

Sans tirer à boulets rouges sur les médias, le chef du Parti Vert (PV) de l’Ontario, Mike Schreiner, croit qu’une partie du blâme leur revient.

Selon lui, il est important que les politiciens cessent de traiter les électeurs et les jeunes comme des consommateurs.

« Nous ne sommes pas des consommateurs, nous sommes des citoyens et nous avons des devoirs et des responsabilités », a-t-il expliqué.

Combattre le cynisme

La première ministre Wynne estime qu’il y a encore beaucoup de travail à faire sur cette question. Selon elle, les citoyens devraient avoir un plus grand sentiment d’appartenance à la province. 

« Les gens de l’Ontario ne s’identifient pas d’abord comme Ontariens, mais comme Canadiens, ce n’est pas pareil dans les autres provinces », souligne-t-elle.

La chef du NPD croit qu’il faut que les politiciens écoutent les jeunes, mais surtout qu’ils arrêtent de faire des promesses sans lendemain.

« Les gens n’ont plus le sentiment d’être entendus dans le système actuel », lance-t-elle.

Selon elle, les Ontariens sortent voter lorsqu’ils sentent qu’ils peuvent faire une différence, ce fut le cas lors de la dernière élection fédérale ou plus récemment lors du dernier scrutin en Colombie-Britannique.

M. Schreiner est le seul des quatre chefs à vouloir donner le droit de vote aux jeunes de 16 ans.

« Quand voter devient une habitude très tôt dans la vie, ils le feront ensuite pour la vie », croit-il.

Mme Wynne a pour sa part plaidé pour une meilleure éducation civique.

Inviter les jeunes à participer

Selon Andrea Horwath, l’un des moyens pour faire sortir le vote est d’inviter les jeunes dans les partis et de leur faire une place. À cet effet, Mme Horwath croit qu’il faut approcher les leaders de communautés et les inviter à se lancer en politique pour diversifier les représentants élus à Queen’s Park.

M. Fedeli a abondé dans le même sens que Mme Horwath. Pour lui, il est important que les jeunes se sentent représentés par les politiciens. À cet effet, Victor Fedeli a insisté sur le fait que le système de vote était rendu obsolète pour cette génération.

Le monde politique doit s’adapter aux nouvelles technologies, selon lui. Il donne comme exemple qu’à Queen’s Park, les pétitions ne sont pas acceptées si elles ne sont pas sur papier.

Pour Mme Wynne, la question est plutôt d’engager un dialogue avec les jeunes afin de les conscientiser aux enjeux politiques.

D’ailleurs, les médias sociaux sont des outils de prédilection pour engager un dialogue avec les jeunes. Elle estime toutefois que ça ne reste qu’un outil. « Rien ne va remplacer les contacts humains », explique-t-elle.