Trudeau aurait dû répondre en français et en anglais

Le premier ministre, Justin Trudeau. Archives #ONfr

OTTAWA – Dans son rapport préliminaire d’enquête, dont #ONfr a obtenu copie, la commissaire aux langues officielles du Canada, Ghislaine Saikaley, juge fondées les plaintes à l’encontre du gouvernement de Justin Trudeau pour les manques observés en matière de langues officielles pendant la tournée pancanadienne du premier ministre.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Le premier ministre aurait dû s’adresser aux participants dans les deux langues officielles pendant sa tournée pancanadienne organisée « pour être à l’écoute des Canadiens ordinaires » et les consulter sur les programmes et politiques du gouvernement.

C’est la principale conclusion du commissariat aux langues officielles (CLO) du Canada qui a reçu plus de cinquante plaintes et a mené une enquête sur le sujet. Les plaignants reprochaient au premier ministre d’avoir répondu uniquement en anglais lors d’une de ses rencontres à Peterborough, en Ontario, puis uniquement en français, à Sherbrooke, au Québec, au début du mois de janvier.

Selon le CLO, la « transmission d’informations par les ministres et par le premier ministre au sujet des initiatives ou des programmes gouvernementaux dans l’exécution de leurs fonctions comme chefs d’institutions fédérales ou du gouvernement » ne sont pas exemptés de respecter la Loi sur les langues officielles qui prévoit un accès égal, en français et en anglais, aux membres de la population canadienne.

Mme Saikaley recommande au Bureau du Conseil privé de prendre « d’ici septembre 2017, les mesures pour veiller à ce que la population reçoive des services dans les deux langues officielles pendant les séances de discussion ouverte et autres forums à participation citoyenne où le premier ministre doit s’adresser aux Canadiens sur des questions gouvernementales. »

« Incroyable en 2017! »

Parmi les plaignants, le porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, ne se dit pas surpris par les conclusions de la commissaire.

« Cela confirme ce à quoi je m’attendais. Le gouvernement ne peut pas faire des consultations sans proposer un accès égal dans les deux langues officielles du Canada. C’est ignorer la dualité linguistique de notre pays de faire ça et c’est incroyable que cela arrive en 2017, année du 150e anniversaire de la confédération canadienne! Le gouvernement devrait plutôt célébrer le bilinguisme et nos deux langues officielles. »

Les excuses du premier ministre formulées auprès de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et du Quebec Community Groups Network (QCGN) ne sauraient suffire, selon le député néo-démocrate.

« On doit s’attendre à plus que des excuses, il faut des actions! Le premier ministre doit comprendre l’importance des deux langues officielles. On a vu quelques bonnes choses de la part de ce gouvernement en matière de langues officielles dans un premier temps, mais aujourd’hui, je suis inquiet. Il semble qu’on recule. On l’a vu avec le récent budget cette semaine, mais aussi, auparavant avec les propos de M. Trudeau sur le bilinguisme de la Ville d’Ottawa… Cela commence à gronder du côté des communautés de langue officielle en situation minoritaire. On a notamment pu le voir avec la réaction de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada sur le budget. »