Trudeau et l’opposition veulent maintenir la pression sur Ford

De gauche à droite, le chef intérimaire du Bloc Québécois, Mario Beaulieu, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, le premier ministre Justin Trudeau, le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer et la chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May. Crédit image: Benjamin Vachet

OTTAWA – Les chefs des partis fédéraux se rencontraient, ce mercredi, pour évoquer la situation de la francophonie canadienne, avec en toile de fond, la crise qui secoue l’Ontario. Résultat : rien de concret, mais la volonté de maintenir la pression sur Queen’s Park.

Demandée par le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Andrew Scheer, cette rencontre a permis de « se rallier ensemble pour la défense des minorités et des communautés de langue officielle », a rapidement commenté le premier ministre Justin Trudeau, avant de quitter pour l’Argentine.

Sa ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, qui était également présente, a précisé davantage.

« Ce qu’on a convenu avec tous les chefs de l’opposition, c’est de mettre de la pression sur le gouvernement ontarien pour qu’il nous présente un projet [pour l’université de l’Ontario français]. »


« Le problème, ce n’est pas la défense du fait français au pays par le gouvernement fédéral, le problème, c’est la défense du fait français en Ontario » – Mélanie Joly, ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie


Dans une déclaration envoyée à #ONfr, le chef du PCC, Andrew Scheer, indique avoir apporté des pistes de solution pour la francophonie ontarienne, sans préciser lesquelles toutefois. Il a demandé également de cesser de faire des langues officielles un enjeu partisan.

« Les langues officielles représentent un enjeu trop important pour en faire de la politique partisane. »

M. Scheer a également fait part de plusieurs enjeux pour la francophonie canadienne, dit-il.

« J’ai demandé à M. Trudeau de nommer un sénateur acadien de la Nouvelle-Écosse, car depuis maintenant cinq ans, il n’y a pas de sénateur acadien provenant de cette province. De plus, j’ai demandé au premier ministre de faire en sorte que la Banque d’infrastructure du Canada puisse offrir rapidement des services dans les deux langues, car actuellement, il n’y a pas de services en français. »

Le NPD déçu

Mais le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, se montrait déçu à l’issue de cette rencontre.

« C’est une bonne ouverture d’avoir une rencontre comme ça, mais je suis déçu, car il n’y a eu aucune proposition concrète. J’aurais aimé un engagement pour sauver le projet d’université de langue française. Le gouvernement fédéral doit dire clairement qu’il est prêt à financer ce projet, à 50 % ou à n’importe quel autre montant, pour maintenir la pression. Le gouvernement ontarien a coupé le projet, on ne peut pas attendre après lui. »

Le chef du NPD n’a pas confirmé s’il sera présent à l’une des manifestations franco-ontariennes du 1er décembre. La ministre Joly a déjà indiqué qu’elle sera à Ottawa, samedi, tout comme le chef intérimaire du Bloc Québécois, Mario Beaulieu.

« Le Bloc québécois a toujours été en appui aux communautés francophones et acadienne et il va continuer de l’être », a-t-il assuré.

Mme Joly maintient que la balle est toujours dans le camp du gouvernement progressiste-conservateur.

« Quand j’ai travaillé sur le plan d’action pour les langues officielles, j’étais très au courant qu’il existait ce projet d’université franco-ontarienne, porté par la communauté et particulièrement par les jeunes. C’est ce type de projet qu’on avait en tête dans le développement de notre programme. Mais c’est la responsabilité de la province de nous présenter un projet avec un budget. Nous, on a un programme pour financer de tels projets. »

Un avis que partage M. Beaulieu.

« Naturellement, on veut qu’il y ait un respect des compétences provinciales, mais en même temps, au Québec, par exemple, les universités anglophones sont largement financées. Il faut que la volonté vienne de l’Ontario. »

Débats houleux

Depuis le début de la crise linguistique qui touche l’Ontario français, le torchon brûle entre le gouvernement et l’opposition conservatrice.

Au gouvernement qui leur reproche de ne pas demander au premier ministre ontarien Doug Ford de revoir sa décision d’abandonner le projet d’Université de l’Ontario français et de supprimer le Commissariat aux services en français, les conservateurs rétorquent que les libéraux sont trop partisans et devraient passer de la parole aux actes pour trouver une solution avec le gouvernement ontarien.

En début de rencontre avec les chefs, le premier ministre avait expliqué vouloir parler d’une voix solidaire sur le sujet. Mais un peu plus tôt, en Chambre, M. Trudeau avait répondu à une question du chef conservateur – sur le secteur de l’énergie – en critiquant son approche de la crise en Ontario français.

« Je tiens à souligner que cela fait 14 jours que le gouvernement conservateur de l’Ontario a sabré dans les services aux francophones. Cela fait 14 jours que le chef de l’opposition ne me pose pas de question sur cet enjeu important. Nous trouvons que c’est extrêmement important d’en parler et de se mettre debout pour protéger les francophones », avait-il lancé.

Après la rencontre, la ministre Joly n’a une nouvelle fois pas hésité à remettre en doute la volonté des conservateurs d’appuyer les demandes des Franco-Ontariens.

« On a tous convenu qu’on allait mettre de la pression sur le gouvernement ontarien pour qu’il recule, mais ce n’était pas très clair du côté de M. Scheer, à savoir s’il allait le faire de façon proactive ou non. »


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