Un dépôt rapide de la Loi sur les langues officielles attendu après les élections

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Minoritaire ou majoritaire, conservateurs ou libéraux, alors que ce choix va traverser l’esprit des Canadiens qui iront aux urnes le 20 septembre, les organismes provinciaux ont leurs yeux rivés sur autre chose : la modernisation de la Loi sur les langues officielles. Les organismes francophones à travers le pays veulent que le prochain gouvernement, peu importe son identité, dépose rapidement le projet de loi.

« Un projet de loi comme celui qui a été déposé, ça ne veut rien dire. S’il n’y a pas de mise en œuvre, ça ne sert absolument à rien. La mise en œuvre est le nerf de guerre », lance le président de Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) Alexandre-Cédric Doucet.

« On demande à ce que le projet de loi soit déposé dans les 100 premiers jours après toutes les consultations qui ont été faites. Ça fait des années qu’on travaille sur ça », renchérit de son côté le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin.

Cette position est aussi partagée par l’Association canadienne française de l’Alberta (ACFA) qui juge que la situation ne doit pas traîner.

« Je pense qu’il y a deux choses. Premièrement, tous les partis s’engagent à le faire alors le timing est bon dans ce sens-là et ça pris longtemps d’avoir cet engagement-là des trois partis. L’autre chose est qu’après la pandémie je pense que la situation des francophones hors Québec est encore plus fragile. La dualité linguistique est encore plus fragile. Alors on a besoin de certaines mesures présentes dans le projet de loi encore plus qu’avant la pandémie », avance sa présidente Sheila Risbud.

Y a-t-il une crainte de voir que l’engagement de moderniser la Loi de la part des partis politiques fait ombrage aux autres demandes durant cette campagne?

« Il va toujours y avoir quelque chose, qu’on parle de pénuries d’enseignants francophones autant de langue première qu’au niveau de l’immersion. L’immigration francophone, ça va toujours être un dossier actif parce qu’on ne rejoint pas nos cibles. Alors il faut mettre des choses en place pour être capable de rejoindre ces cibles-là et même les dépasser… Ces dossiers-là vont continuer même si on règle le dossier de la Loi sur les langues officielles », soutient M. Jolin.

La place du français dans l’élection

Pour les partis politiques, cette campagne électorale se fait aussi sous le signe de la relance économique. À la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), on aimerait voir les différents chefs de parti s’engager à une relance francophone.

« Prenons par exemple le fait qu’il y a une certaine perte de la vitalité du français dans certaines régions parce que les centres communautaires et les centres culturels étaient fermés. Les organismes communautaires ont perdu leurs bénévoles et certains centres comptaient sur les revenus des salles de spectacles pour financer les activités de service de garde. Il y a beaucoup d’endroits qui ont eu beaucoup de mal à s’en remettre et plusieurs qui en ont encore du mal », souligne Liane Roy, présidente de la FCFA.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy. Gracieuseté

Pour ce qui est du déroulement de la campagne, l’organisme canadien veut s’assurer que le français y occupe une place prépondérante.

« À la FCFA, on a comme objectif de faire passer notre message, mais surtout d’inviter les francophones à aller voter, surtout étant donné le contexte en fonction de la pandémie (….). C’est certain qu’on a toute une série d’activités et d’actions qu’on veut mettre en place pour favoriser qu’il y ait le plus de français possible et s’assurer que les gens aillent voter. »

La Presse avait rapporté la semaine précédente que deux débats auraient eu lieu en français contre un en anglais, rappelle la présidente de l’organisme national qui tient à souligner ça comme un signe positif.

Un engagement clair pour le postsecondaire

Dans sa plateforme dévoilée lundi, les conservateurs annoncent vouloir investir 30 millions de dollars par an pour les institutions postsecondaires en milieu minoritaire « comme l’Université de Moncton, le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et l’Université de l’Ontario français ». Dans le budget fédéral déposé en avril, les libéraux ont de leur côté réservé 121 millions pour les trois prochaines années.

La position de deux des principaux partis fédéraux sur le Campus Saint-Jean rassure Sheila Risbud.

« On est content de voir, après tout le travail de conscientisation qu’on a fait, que le message est passé autant pour les conservateurs que pour le gouvernement actuel. Ça, c’est excellent. C’est sûr que la position est différente au niveau du fédéral que de la province, alors on espère que ça va avoir une influence sur la décision provinciale… Il y a deux partis politiques qui ont reconnu l’importance de l’institution alors c’est sûr que c’est quelque chose qu’on va suivre à travers l’élection. »

La présidente de l’ACFA, Sheila Risbud. Gracieuseté ACFA

En Ontario, Carol Jolin veut s’assurer que les partis politiques travaillent avec le gouvernement Ford à reconnaître la légitimité de l’Université Sudbury comme établissement entièrement francophone, un engagement déjà pris par les troupes de Jagmeet Singh.

« On recherche un engagement des partis politiques et des candidats d’appuyer publiquement le projet de transformation de l’Université de Sudbury en université de langue française. On veut aussi un engagement à travailler à hausser les transferts vers le postsecondaire, car on sait que le fonds principal des langues officielles est gelé depuis près de 20 ans. »

La campagne électorale se termine le 20 septembre.