Un député du Parti PC exclu pour des gestes de harcèlement sexuel

Le député progressiste-conservateur de Kitchener-Conestoga, Michael Harris.Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – Le député progressiste-conservateur de Kitchener-Conestoga, Michael Harris, a été exclu du caucus du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario après que des allégations d’harcèlement de natures sexuelles ont circulé à son égard.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Les gestes reprochés à M. Harris remonteraient à 2013.

Selon Lisa Thompson, présidente du caucus du Parti PC, une ancienne employée se serait plainte d’une série d’échanges électroniques avec M. Harris.

« La preuve qui nous a été présentée comprenait une plainte écrite d’une ancienne stagiaire, déposée en 2013, à propos de la façon dont elle avait été transférée pour un emploi, ainsi qu’une série de messages textes de la même période entre la jeune stagiaire et le député », explique-t-elle par voie de communiqué.

Mme Thompson indique que ces messages étaient de natures sexuelles.

Toujours selon Mme Thompson, lorsqu’il aurait été confronté aux allégations, M. Harris aurait nié qu’une plainte formelle avait été faite par l’employée en question.

À la lumière des événements, le comité du Parti PC responsable des nominations en vue des prochaines élections a décidé de disqualifier M. Harris, bien que deux jours auparavant, il avait annoncé qu’il ne serait pas candidat en juin pour des raisons de santé.

En fin de journée, M. Harris a voulu s’excuser pour les gestes inappropriés qu’il aurait commis et qu’il qualifie désormais « d’erreurs ».

« Durant la période où j’ai été député, j’ai toujours respecté les gens avec qui j’ai travaillé et toujours offert un environnement de travail sécuritaire », a-t-il assuré.

Selon lui, dans la foulée du mouvement #MoiAussi, certains gestes peuvent être interprétés de manière différente aujourd’hui qu’il y a six ans.

« Je regrette profondément mes actions et m’excuse sincèrement auprès des individus que j’ai pu offenser », a-t-il conclu, tout en remerciant le caucus du Parti PC de l’avoir soutenu.

Les allégations contre M. Harris n’ont pas été prouvées dans un tribunal.

Des questions sur le fil des événements

Rapidement, la nouvelle entourant M. Harris a ébranlé les murs de la législature ontarienne.

« Le harcèlement sexuel n’a pas sa place en société et notre gouvernement a toujours eu une position claire sur le sujet », a indiqué par voie de communiqué Deb Matthews, députée libérale de London-Centre-Nord.

Mme Matthews s’est questionnée sur le fil des événements qui a mené à l’exclusion du député de Kitchener-Conestoga. Selon la co-présidente de la campagne du Parti libéral de l’Ontario, Doug Ford, le chef du Parti PC, doit expliquer ce qu’il savait sur le sujet et quand il l’a appris.

« Qu’est-ce que Doug Ford savait et quand a-t-il pris la décision d’exclure M. Harris du caucus? », a-t-elle lancé.

Même son de cloche chez la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath.

« Doug Ford doit expliquer quand il a été mis au courant des allégations contre Michael Harris et quel rôle il a joué dans sa tentative de dissimulation », a-t-elle écrit sur Twitter.

Elle a également salué le courage de la plaignante et espère qu’elle aura le support dont elle a besoin.

Le chef du Parti PC, Doug Ford, a assuré avoir été informé de cette histoire tard en soirée vendredi. Néanmoins, Michael Harris siégeait avec ses anciens collègues progressistes-conservateurs lors de la période des questions du lundi 9 avril. Le communiqué de presse, confirmant son expulsion, a été envoyé moins de quinze minutes après la fin de la période des questions.

« À la première occasion, Vic Fedeli, à ma demande, a informé le caucus et le président de la chambre que Michael Harris ne faisait plus partie du caucus du Parti PC », a cependant affirmé M. Ford par communiqué.

« Nous avons une politique de tolérance zéro quand on en vient aux comportements inappropriés sur le lieu de travail. Cela n’a pas sa place au sein du Parti PC », a conclu M. Ford.

Dans sa version des faits, fournie en fin de journée le lundi 9 avril, Michael Harris a indiqué que les dirigeants du Parti PC étaient au courant depuis plusieurs années.

Écho à l’affaire Brown et Dykstra

C’est la troisième fois cette année que le Parti PC est éclaboussé par un scandale de nature sexuelle. En janvier, Patrick Brown, alors chef de la formation politique, avait été contraint de démissionner de son poste après que deux femmes eurent allégué des gestes d’inconduites sexuelles de sa part.

M. Brown, qui nie toujours ces allégations, a récemment annoncé qu’il ne serait pas candidat pour le Parti PC dans la circonscription de Barrie-Springwater-Oro-Medonte en juin. Il siège toujours comme député indépendant à Queen’s Park.

Le dimanche 28 janvier, Rick Dykstra, qui était le président du Parti PC de l’Ontario sous l’ère Brown, a aussi démissionné à la suite d’allégations d’inconduites sexuelles.

M. Dykstra aurait eu des gestes déplacés à l’endroit d’une employée du Parti conservateur du Canada (PCC) alors qu’il était député de la formation fédérale. Il nie également les allégations à son endroit.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois, le 9 avril à 18h25.


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