Un fauteuil pour trois à la tête du Parti PC

Les trois candidats à la chefferie du Parti PC, Christine Elliott, Doug Ford et Caroline Mulroney (dont l'officialisation est attendue ce lundi). Montage images #ONfr

[ANALYSE]

TORONTO – La démission de Patrick Brown est déjà une histoire ancienne pour les conservateurs ontariens. La semaine dernière, Doug Ford et Christine Elliott se sont déclarés. Si ce n’est pas encore officiel, il apparaît clairement que Caroline Mulroney sera du combat.  

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Pour ces aspirants, il n’y a pas à hésiter. La période de mise en candidature se terminera dans quelques jours, et le nouveau chef élu le 10 mars. Il faut faire vite, d’où le choix sans doute du comptage par vote électronique. Question aussi d’économie. L’objectif principal restant de partir en campagne électorale fin avril le mieux armé possible.

Vic Fedeli, chef intérimaire, finalement peu intéressé par le poste, c’est Doug Ford qui fut le premier à jeter son gant. L’ancien conseiller municipal de Toronto n’est peut-être pas le plus populaire des trois. Tribun, fort en gueule, la crinière blonde, ouvertement anti-élite, M. Ford n’est pas rappeler à certains égards Donald Trump.

Un sondage paru récemment par Maintstreet Research montrait même les Ontariens beaucoup moins enclins à faire confiance à un Parti PC dirigé par M. Ford que par Mme Mulroney. C’est un fait : le frère du défunt Rob Ford suscite la méfiance, pour ne pas dire le rejet.

Des chances pour Doug Ford

De là à dire que le prochain chef du Parti PC ne sera donc pas lui? Pas certain. Brève et rapide, la campagne se jouera sur la capacité à convaincre les membres du parti. Or à Toronto, berceau du parti, il y a fort à parier que la plupart des minorités ethniques séduites par M. Brown pour l’investiture de 2015 se tourneront vers M. Ford. C’est ce même électorat qui avait permis à la « Ford Nation » de s’emparer de Toronto lors des élections municipales de 2010.

Le plus à droite sur l’échiquier politique du Parti PC, Doug Ford pourrait aussi bénéficier de la division des votes entre Mmes Mulroney et Elliott, toutes deux davantage progressistes. Une situation capable de lui ouvrir un boulevard…

Mais les deux femmes ont bien d’autres atouts. Caroline Mulroney en tête, qui, par sa jeunesse, donnerait au parti le vernis de la modernité. Le patronyme Mulroney reste pour beaucoup une valeur de stabilité et de modération.

Christine Elliott, de son côté, reste une figure respectée au sein du parti. C’est d’un autre premier ministre provincial, Bill Davis, de qui elle est souvent considérée comme l’héritière. Autre avantage : Mme Elliott avait accepté en 2015 le poste d’ombudsman des patients pour le gouvernement de Kathleen Wynne. On imagine la chef du Parti libéral peut-être plus mesurée dans ses critiques à son endroit, en cas d’une joute électorale.

Un probable impact pour les Franco-Ontriens

Difficile de passer sous silence la question francophone. De Caroline Mulroney, née à Montréal, bilingue, on suppose – du moins on espère – une inclination naturelle pour les Franco-Ontariens. Christine Elliott ne possède pas la même maitrise du français. Mais en 2015, en pleine course à l’investiture, elle avait tout de même surpris en se déclarant prête à enchâsser les droits des francophones de l’Ontario dans la Constitution canadienne.

Pas certain qu’un Parti PC dirigé par Doug Ford ait cette même ouverture. La francophonie semble même à mille lieux de ses convictions. Le pas en arrière serait même immense pour les Franco-Ontariens en cas d’un Ontario sous le joug de la « Ford Nation » le 7 juin prochain.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 5 février.