Un quart des élèves franco-ontariens iraient vers le système anglophone

L'Ontario compte plus de 100 000 élèves francophones. Archives

SUDBURY – La barre des 100 000 élèves franchie récemment au sein des conseils scolaires francophones de l’Ontario cache un bémol. Quelque 25 % des élèves quitteraient à un moment de leur scolarité le système éducatif en français pour l’anglophone.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Ce sont en tout cas les conclusions d’une étude présentée, mercredi 18 janvier, à l’Université Laurentienne de Sudbury, par Julie Boissonneault et Simon Laflamme.

Selon les chiffres avancés par les deux chercheurs, les élèves francophones représenteraient une proportion de 6,2 % des effectifs scolaires en 1ère année pour 2013-2014. Une proportion qui dégringole à 3 % en 12ème année. L’équivalent de 8 554 élèves en 1ere année contre « seulement » 6 465 pour le niveau de classe le plus élevé.

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Le phénomène serait encore plus étendu dans le Sud de la province. Sur les plus de 1 000 élèves issus de 28 écoles et interrogés pour l’étude, 73,4 % ont affirmé en 2013-2014 vouloir continuer leur scolarité dans une école française pour l’année suivante. Un chiffre pourtant de 81,4 % pour les élèves de la région Est, et 90,5 % pour ceux du Nord.

L’enquête effectuée durant l’hiver 2015 a réuni des élèves de 6e, 8e et 10e année.

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Pour Simon Laflamme, questionné par #ONfr, le phénomène du désengagement vis-à-vis de l’école franco-ontarienne est avant tout complexe. « Beaucoup de gens ayant quitté le système francophone pour une école anglaise disent l’avoir fait car leur lieu d’habitation était plus proche de l’école. »

Autre argument : celui de l’influence des parents, amis ou enseignants. « La densité de francophones est beaucoup moins grande dans le Sud. Il est donc moins possible de communiquer (avec parents et amis) en français et de vouloir poursuivre les études dans cette langue. »

Si les deux chercheurs soulignent que la « nette majorité » des élèves entend poursuivre leur scolarité en français, reste qu’il faut miser selon eux sur une plus grande « conscientisation ethno langagière » des parents et des élèves.

Parmi les autres recommandations : plus d’activités scolaires mettant en valeur la francophonie, et montrer davantage la plus-value des écoles francophones.

Université franco-ontarienne

Informée des données de l’étude, la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) s’est déclarée « au courant de ces problèmes de rétention ». L’organisme porte-parole des 25 000 jeunes scolarisés dans une école secondaire francophone affirme prendre déjà le problème à bras-le-corps.

« Nous organisons déjà des ateliers pour les élèves de 7e et 8e année afin de les préparer à la transition vers l’école secondaire (à partir de la 9e année) », fait part Caroline Gélineault du bureau de la FESFO. « Le but reste la construction identitaire, et montrer aux élèves les activités et événements dans ces écoles secondaires francophones. »

Dossier francophone numéro 1 pour les Franco-Ontariens depuis quelques années, le projet d’une université franco-ontarienne représente « une solution » pour la FESFO. Elle pourrait dès lors convaincre les parents d’élèves frileux de laisser leurs enfants dans le système francophone devant le manque de programmes postsecondaires offerts en français.

Les 12 conseils scolaires francophones enregistrent une croissance annuelle d’environ 2 % depuis plusieurs années, selon les chiffres du réseau Éducation en langue française de l’Ontario (ELF).

Les tableaux affichés sont issus des travaux de Mme Boissonneault et M. Laflamme.