Un rapport sur la crise des soins de longue durée en avril prochain

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TORONTO – Le premier ministre Doug Ford a annoncé, ce mercredi, les détails de la commission indépendante qui travaillera sur la crise du système des soins de longue durée, exacerbée par la COVID-19. Mais l’opposition à Queen’s Park continue de réclamer une enquête publique.

Les foyers de soins de longue durée ont été particulièrement affectés par la pandémie. Au total, 1 793 victimes ontariennes de la COVID-19, sur les 2 769 décès que compte la province, en sont issues, à ce jour.

L’intervention des Forces armées canadiennes dans cinq foyers ontariens a permis de révéler de graves manquements en termes de soins et de services aux aînés dans ces résidences, dans un rapport accablant publié fin mai.  

« Ce système est brisé depuis des années (…), mais je vous promets que nous allons régler le problème », a lancé Doug Ford, en point presse, aujourd’hui, au moment d’annonce les détails du travail de la commission. « Je veux des réponses, j’ai besoin de réponses! »

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, avec la ministre de la Santé, Christine Elliott (à droite) et la ministre des Soins de longue durée, Merrilee Fullerton (à gauche). Capture d’écran

Trois commissaires ont été choisis, dont l’ancienne cadre supérieure de la fonction publique provinciale, Angela Coke, et l’ancien président-directeur général de l’Hôpital d’Ottawa, de 2002 à sa retraite en 2020, Jack Kitts. Le juge en chef adjoint, Frank N. Marrocco, présidera la commission, lui qui avait été l’avocat principal de la province dans le cadre de la commission d’enquête sur la crise de contamination à l’E. coli de Walkerton, en 2000.

Des recommandations pour le gouvernement

Ils se pencheront sur la manière dont la COVID-19 s’est propagée dans les foyers de soins de longue durée, sur les conséquences de ces éclosions pour les résidents, le personnel et leur famille, et sur la réponse de la province et des autres joueurs concernés pour isoler les cas et empêcher la propagation du virus.

Cette commission indépendante aura « le pouvoir de contraindre des personnes à témoigner ou à produire des preuves, de citer des témoins à comparaître et de tenir des audiences publiques », assure le gouvernement.

Son travail doit permettre de formuler des recommandations dans un rapport final attendu pour avril 2021.

« Nous ferons tout le nécessaire pour que chaque aîné ait un endroit sûr et confortable où vivre », a assuré le premier ministre Ford.

Selon les chiffres de la province, près de 78 000 Ontariens vivent actuellement dans l’un des 626 foyers de soins de longue durée de l’Ontario.

Le NPD demande toujours une enquête publique

L’annonce du gouvernement Ford ne convainc toutefois pas l’opposition officielle à Queen’s Park qui, depuis plusieurs mois, réclame une enquête publique en lieu et place d’une commission.

« Les familles, les experts et les travailleurs en santé… Tous réclament une enquête publique indépendante sur les foyers de soins de longue durée en Ontario et non, la commission indépendante derrière des portes closes que nous a maintes fois annoncée le gouvernement », répétait ce matin le Nouveau Parti démocratique (NPD), dans un communiqué.

En conférence de presse, le critique néo-démocrate du procureur général, Gurratan Singh a enfoncé le clou.

« Nous avons besoin d’une enquête publique, pas d’une commission derrière des portes closes. (…) Cette commission sera seulement redevable au premier ministre. (…) Une enquête publique serait plus indépendante, plus ouverte et offrirait une meilleure reddition de compte. »

Le député néo-démocrate, Gurratan Singh. Capture d’écran

La ministre des Soins de longue durée, Merrilee Fullerton a défendu la décision du gouvernement, plaidant l’efficacité et la rapidité.

« La population de l’Ontario mérite une enquête rapide, transparente et impartiale. C’est pourquoi notre gouvernement instaure cette commission d’enquête indépendante, qui va nous aider à trouver les moyens d’empêcher toute nouvelle propagation de maladies dans les foyers de soins de longue durée de la province. »

Mais pour M. Singh, le gouvernement devrait surtout investir plus rapidement dans les foyers de soins de longue durée.

« Ce qui est urgent, c’est d’agir en embauchant le personnel nécessaire tout de suite », a-t-il rétorqué.

Cet article a été mis à jour à 14h36