Un tiers des enfants francophones ne vont pas à l’école en français en Ontario

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OTTAWA – Ce sont près de 33 % des enfants ontariens éligibles à aller dans une école francophone qui ne font pas une éducation en français dans la province, selon des données du Recensement de 2021. À l’échelle nationale, un Canadien sur 10 de moins de 18 ans est éligible à de l’éducation en français hors du Québec.

Si l’Ontario compte le plus grand nombre admissible au pays avec 350 000, elle arrive au troisième rang des provinces comportant la plus grande proportion d’élèves éligibles à aller dans une école francophone avec 12,6%.

En Ontario, il y a 180 000 enfants qui ont fréquenté dans le passé ou qui fréquentent (en date de 2021) une école francophone, soit près de 67 %. De ce chiffre, il faut noter que 12,8 % ont plutôt suivi un programme d’immersion en français dans une école de langue anglaise. À l’instar de l’Ontario, c’est près du tiers (35,3 %) des enfants francophones admissibles hors Québec âgé de 5 à 17 ans n’avait jamais suivi de programme en immersion française ou eu une éducation en français. De tous les enfants canadiens de 5 à 17 ans hors du Québec, 10,5 % étaient éligibles à recevoir une éducation en français.

Pour qu’un enfant soit éligible au Canada, il doit être considéré comme un ayant droit.

Pour cela il faut que le parent soit :

  • résident de l’Ontario,
  • citoyen canadien
  • avoir le français le français comme langue maternelle ou
  • avoir (ou être en train de faire) une éducation élémentaire dans un établissement d’enseignement de langue française au Canada.
  • Avoir un parent, tutrice ou tuteur d’un enfant qui a reçu ou reçoit son éducation élémentaire ou secondaire dans un établissement d’enseignement de langue française au Canada

Il existe toutefois des exceptions pour ceux qui ne sont pas des ayants droit ou qui sont de nouveaux arrivants. Chaque conseil scolaire détermine alors s’ils acceptent ou non un non-ayant droit.

Il s’agit de la première fois de l’histoire du recensement que des données sont disponibles concernant l’instruction dans la langue minoritaire.

C’est principalement à Toronto (104 000), Sudbury (15 000), Ottawa (101 000) et Windsor (14 000) que l’on compte le plus grand nombre d’élèves éligibles à une éducation en français.

Certaines villes de l’Ontario se retrouvent dans les plus grandes proportions d’enfants admissibles à l’instruction en français en 2021 au Canada. Il s’agit d’Hawkesbury (83,4 %), Timmins (59,1 %), le Grand Sudbury (46,0 %), à Cornwall (40,5 %) et dans le grand centre urbain d’Ottawa (35,7 %).

Langue de travail

Le recensement a aussi révélé une baisse du français au travail au pays dans certaines régions clés, mais pas au niveau national. Statistique Canada émet toutefois un avertissement.

Les comparaisons des données sur la langue de travail en 2021 par rapport aux autres recensements sont à prendre avec prudence, indique l’organisme fédéral, car les questions posées diffèrent dans les deux recensements.

Les gens qui ont eu tendance par le passé à répondre utiliser le français et l’anglais égalitairement comme langue de travail ont désormais pu désigner plus facilement une seule langue principale de travail, affirme Éric Caron-Malenfant, directeur adjoint du Centre de démographie à Statistique Canada.

Malgré tout, l’utilisation du français dans un milieu de travail au Canada augmente légèrement comparativement à 2016 (de 19,4 à 19,9%). Mais la baisse est notamment marquée dans la région d’Ottawa-Gatineau ou le français est passé de 18,1% à 17,3% alors que l’anglais a progressé de 75,9 % il y a cinq ans à 77,8 % en 2021.

« C’est préoccupant », dit Trudeau

« C’est préoccupant donc on va continuer avec notre projet de loi C-13 qui amène des protections pour ceux qui veulent travailler en français à travers le pays, pas seulement au Québec », a commenté Justin Trudeau sur la baisse de la langue de travail avant de faire son entrée à la période des questions mercredi.

« Il faut renforcir avec d’autres mesures positives », tranche de son côté la présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier à la lumière des chiffres dans la région d’Ottawa. Cette dernière et sa collègue aux Langues officielles Ginette Petitpas Taylor soulignent l’importance du projet de Loi C-13 concernant la langue de travail.

La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor.
La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor. Crédit image : Stéphane Bédard.

C-13, qui est présentement à l’étude en comité parlementaire, permettra notamment aux employés d’entreprises à charte fédérale au Québec et dans certaines régions du pays d’utiliser le français au travail ou encore l’anglais. Elle a toutefois été critiquée au Québec, car elle permettrait l’utilisation de l’anglais pour ces employés concernés.

Pour le collègue de la ministre, le député René Arsenault, les données démontrent l’urgence d’agir des mesures clés dans la fonction publique.

« Pour les postes de position et les postes de direction importants, je pense que dorénavant, il faudrait montrer l’exemple et avoir des directions qui soient bilingues. En tout cas, particulièrement au Nouveau-Brunswick », fait valoir le représentant acadien.

On peut aussi observer une baisse dans la seule province bilingue du Canada entre 2016 (20,9 %) et 2021 (20,1 %). Ce nombre était à 22,2% en 2001.

Hors du Québec et du Nouveau-Brunswick, 3,0 % des travailleurs utilisaient le français régulièrement au travail, ce qui représentait près de 400 000 travailleurs. De ce nombre, 18,7% étaient de la fonction publique fédérale, dont la majorité dans la région d’Ottawa et 8,1% était issue du milieu de l’éducation.