Une autre coupe francophone : La Nouvelle Scène en danger

La Nouvelle Scène Gilles Desjardins.Gracieuseté

OTTAWA – Il y avait le commissaire aux services en français et le projet d’Université de l’Ontario français, il faut maintenant ajouter la Nouvelle Scène Gilles-Desjardins, un centre d’arts de la scène francophone d’Ottawa.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Tranquillement, les détails de l’énoncé économique de Doug Ford sont révélés au grand jour. Ces coupures toucheront aussi le milieu culturel francophone, a pu confirmer #ONfr.

Cette somme était incluse dans le budget libéral du mois de mars. Elle avait une importance capitale, disait alors l’organisme, car cette somme permettait d’alléger sa dette, afin de pouvoir se concentrer sur la création de spectacles.

La subvention de 2,9 millions de dollars devait permettait à l’organisation de « remédier à des défis inattendus encourus lors de la reconstruction de l’édifice ». À l’époque, il était clair que sans cette subvention, la Nouvelle Scène était menacée de fermeture.

« Dans la foulée des compressions du gouvernement provincial envers la francophonie ontarienne, nous ne sommes pas surpris du retrait de la promesse d’investissement envers La Nouvelle Scène Gilles Desjardins. Nous travaillons présentement à l’élaboration d’une stratégie de financement et nous continuons à faire la promotion de la francophonie par l’entremise des arts et de la culture », a indiqué Chantal Nadeau, directrice générale de la Nouvelle Scène dans une courte déclaration à la presse. Elle n’accordera aucune entrevue aujourd’hui.

La Nouvelle Scène est située dans la circonscription de la libérale Nathalie Des Rosiers. Elle est sous le choc d’apprendre cette autre coupe francophone.

« Cette subvention devait permettre de s’assurer que la Nouvelle Scène puisse confirmer ses opérations. Je suis époustouflée. On ne parle pas de beaucoup d’argent pour s’assurer de la survie d’une institution culturelle », a-t-elle indiqué en entrevue avec #ONfr.

Nathalie Des Rosiers était au pouvoir lorsque la subvention a été annoncée. L’objectif était clair : donner l’argent nécessaire pour permettre que l’institution poursuive ses activités.

« C’est pas beaucoup d’argent pour s’assurer de la survie d’une institution culturelle, pas seulement pour Ottawa, mais pour toute la province. Le théâtre franco-ontarien bénéficie de ce qu’il se passe à la Nouvelle Scène. Trois compagnies de théâtre qui l’utilisent », affirme-t-elle.

« C’est encore un autre affront à la francophonie. C’est un gouvernement qui ne comprend pas le fait français en Ontario, qui ne comprend pas son histoire et qui ne veut pas s’assurer qu’il y ait une francophonie vivante, vibrante, qui est en mesure de progresser et de s’épanouir », dénonce-t-elle.

Le NPD est « horrifié »

Le critique du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de francophonie, Guy Bourgouin, a eu des mots dures à l’endroit du gouvernement conservateur. « Je suis absolument horrifié par cette décision. C’est affreux. Ce n’était pas suffisant pour les conservateurs de M. Ford d’éliminer le bureau qui défend nos droits constitutionnels et d’annuler ce qui devait être le premier établissement d’enseignement supérieur francophone en Ontario (le Commissariat aux services en français et l’Université de l’Ontario français, respectivement). Non. Maintenant ils s’attaquent aux institutions culturelles franco-ontariennes. Qu’est-ce que la ministre déléguée aux affaires francophones, Mme Mulroney, peut dire maintenant? La culture, les droits constitutionnels et l’éducation ne devrait être pas considérés comme de simples problèmes financiers », a-t-il fait savoir dans une déclaration envoyée à #ONfr.

Guy Bourgouin interpelle Caroline Mulroney, la ministre déléguée des Affaires francophones. « Mais ce n’est pas surprenant en venant d’un gouvernement conservateur qu’a fait lire un discours du Trône sans un mot de français et qu’a gravement dilué les pouvoirs du ministère des Affaires francophones. En tant que porte-parole du NPD en Affaires francophones et fier franco-ontarien, je demande des explications à la ministre déléguée », dit-il.

Les Franco-Ontariens ne vont pas se laisser faire, insiste-t-il. « Comme on l’a vu dans les années 90 avec l’affaire Montfort, les Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes vont se battre pour leurs droits, leur éducation et leur culture », fait-il savoir.

Centre de production et de diffusion des arts de la scène francophone reconnu à Ottawa, la Nouvelle Scène présente une programmation théâtrale basée sur quatre compagnies résidentes d’Ottawa (Théâtre du Trillium, Théâtre de la Vieille 17, Vox Théâtre, Théâtre la Catapulte).

Les rénovations achevées en 2016 avaient permis la mise à neuf de deux studios pouvant accueillir respectivement 173 et 80 spectateurs, un troisième studio de répétition, ainsi qu’un bar/terrasse.