Une campagne de sociofinancement pour contrer le casino

Graphique illustrant le futur district de divertissement du Kingsway à Sudbury. Crédit image: gracieuseté

SUDBURY – La construction du district de divertissement du Kingsway a suscité beaucoup de débats à Sudbury. Le complexe propose la construction d’un casino, d’un aréna, d’un hôtel et de quelques restaurants. Après que le Comité de planification a approuvé les demandes de modification du zonage mercredi dernier, Tom Fortin, un citoyen engagé de Sudbury, a lancé une campagne de sociofinancement, amassant des fonds pour un appel juridique. 

DIDIER PILON
dpilon@tfo.org | @DidierPilonONFR

« Nous avons mis sur pied la page GoFundMe parce que le processus d’appel risque d’être très coûteux », confie M. Fortin. « La préparation du dossier juridique nous a coûté environ 120 000 $ et l’audience nous coûtera certainement une autre centaine de milliers de dollars. C’est inspirant de voir la communauté se rassembler pour la cause. »

À ce jour, la campagne a recueilli plus de 10 000 $. La somme s’ajoute ainsi aux 160 000 $ récoltés auprès des entreprises.

Les opposants attendent maintenant la date du 10 avril. Ce jour-là, les conseillers municipaux voteront pour officiellement ratifier la décision du Conseil de planification. Alors que tout semble indiquer que la municipalité votera en faveur de cette motion, un mouvement citoyen résiste toujours.

L’identité d’une communauté

Tom Fortin est un ingénieur électrique et entrepreneur local. Selon lui, la question du district est à la fois économique et culturelle.

« J’ai fait ma carrière, acheté ma maison et mes bateaux », confie l’entrepreneur. « Mais lorsqu’on se retrouve dans la cinquantaine, on se demande ce qui compte vraiment dans la vie. Pour moi, c’est miser sur la culture de ma communauté. »

« On gaspille notre vie si l’on ne prend pas soin de l’identité culturelle de notre communauté. Il y a des jeunes entrepreneurs engagés ici ­– comme Christian Pelletier qui a créé le festival Up Here, ou Mark Browning et Jessica Nadel qui ont revitalisé le Donavon ­– qui contribuent à l’identité de Sudbury. C’est précisément ce à quoi s’attaque le district du casino. »

Selon sa campagne, le district de divertissement détournerait l’argent dépensé dans les entreprises locales.

« Les casinos ne créent pas de richesse », argumente-t-il. « L’argent dépensé aux jeux ou ailleurs dans le complexe, c’est de l’argent qui sort directement des petits commerces de la région, comme le Red Fang ou The Grand. »

M. Fortin a subventionné une analyse économique et financière du district proposé. Le rapport de 50 pages prédit une perte importante d’emplois.

« Chaque million de dollars dépensés en Ontario crée en moyenne dix à 12 emplois. Dans un casino, ce n’est que 4,2 emplois. Si la ville et la province ont raison de dire que le casino générera 30 à 40 millions de dollars par année, alors c’est près de 300 emplois de perdus. »

Un contre mouvement

Le conseiller municipal Robert Kirwan a vite dénoncé les efforts de M. Fortin sur ses médias sociaux en tant qu’administrateur de groupe Facebook « Valley East ».

« Je serai le premier à défendre le droit des citoyens d’avoir recours au Tribunal d’appel de l’aménagement local (TAAL) s’ils peuvent démontrer que la décision du Conseil municipal… est inconsistante avec la Déclaration de principes provinciale, le Plan de croissance du Nord de l’Ontario ou le plan officiel de la ville », a écrit le conseiller municipal. « Toutefois, après la rencontre publique du Comité de planification le lundi et mercredi dernier, je n’ai toujours pas entendu de raisons objectives, factuelles ou convaincantes qui suggéreraient que l’application pour le rezonage ne respecte pas les lois ».

Citant la Loi uniforme sur la prévention des abus de procédures, M. Kirwan demande si « l’appel ne serait-il pas simplement une manière de retarder le projet jusqu’aux élections en octobre afin d’essayer de mettre en place un nouveau conseil pour renverser la décision. »

Le groupe qui compte 12 000 membres a aussi fait circuler une pétition numérique tentant de contrer les efforts de M. Fortin. La pétition a accumulé plus de 800 signatures de gens qui attendent le district de divertissement avec enthousiasme.