Une chance pour les francophones de Colombie-Britannique?

La ville de Vancouver compte environ 30000 francophones. WikiCommons

VANCOUVER – L’élection d’un gouvernement libéral minoritaire en Colombie-Britannique, le mardi 9 mai, pourrait donner une fenêtre d’opportunité aux francophones de la province, même s’il leur faudra faire beaucoup de sensibilisation pour parvenir à leurs fins, estime le politologue Rémi Léger.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Les Britanno-Colombiens ont décidé de ne renouveler que partiellement leur confiance au Parti libéral de Colombie-Britannique de la première ministre sortante Christy Clark. Celle-ci n’aurait remporté que 43 sièges sur les 87 que compte l’assemblée législative, suivis de près par le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Colombie-Britannique et ses 41 élus, et le Parti vert (PV) qui aurait obtenu un résultat historique en faisant élire trois députés ce qui lui donnerait la balance du pouvoir.

« Ces résultats suscitent beaucoup d’inconnu. D’une parce que cela fait depuis 1952 que nous n’avions pas vu un gouvernement minoritaire dans la province, et D’autre part, parce que pour la première fois, le Parti vert va avoir un rôle et une place stratégique pour l’avenir du gouvernement », juge le politologue de l’Université Simon Fraser, à Vancouver, Rémi Léger.

Pour l’heure, le conditionnel reste de mise tant les résultats du scrutin provincial sont serrés. Tous les regards sont désormais tournés vers Élections Colombie-Britannique qui procèdera au comptage final du 22 au 24 mai.

 

Faire de la francophonie un enjeu

Toujours est-il que pour les francophones de Colombie-Britannique, l’idée d’un gouvernement minoritaire n’est peut-être pas une si mauvaise nouvelle.

« C’est sûr qu’aucun parti n’a les moyens de repartir en élection et que la population n’est pas intéressé à retourner voter tout de suite. Les partis vont donc devoir trouver des compromis et travailler ensemble et mettre de l’eau dans leur vin. Cela peut profiter aux francophones à condition qu’ils fassent le lobbying nécessaire auprès des trois partis », explique M. Léger.

La présidente de la Fédération des francophones de Colombie-Britannique (FFCB), Padminee Chundunsing, se montre prudente quant aux résultats, mais encouragée d’avoir éventuellement plusieurs interlocuteurs.

« On va attendre d’avoir les résultats définitifs, mais c’est sûr que d’avoir trois paires d’oreilles qui nous écoutes peut être plus efficace. On espère aussi que Mme Clark sera plus disponible pour nous qu’elle ne l’a été lors de son dernier mandat et qu’elle maintiendra Normand Letnick responsable du Programme des affaires francophones car nous travaillons bien avec lui. »

La FFCB compte d’ailleurs inviter la première ministre à son assemblée générale annuelle au début du mois de juin.

M. Léger reconnait que la partie s’annonce difficile car les francophones n’ont pas de poids électoral et sont disséminés sur le territoire. Selon les chiffres du recensement de Statistique Canada de 2011, ils représentent 1,6 % de la population de Colombie-Britannique, soit 70 760 personnes.

Quelles priorités?

La présidente de la FFCB a déjà une idée des enjeux qu’elle voudrait mettre de l’avant.

« Nous voulons pousser les services en français dans le domaine de l’employabilité et pour les nouveaux arrivants. »

Elle ne désespère pas non plus de voir mise en place, dans le futur, une politique sur les services en français, la Colombie-Britannique étant actuellement la province la plus en retard dans le domaine puisque l’Alberta travaille actuellement sur la sienne.

« Nous travaillons dessus, mais cela va mettre du temps. »

Pour le politologue Rémi Léger, l’accent devrait avant tout être mis sur l’enjeu de l’éducation afin que soit appliquée la décision de la Cour suprême du Canada dans le dossier de l’école Rose-des-Vents de Vancouver, et qu’un suivi soit fait à la décision mitigée de la Cour suprême de Colombie-Britannique.

Un avis que partage la directrice générale de la Fédération des parents francophones de Colombie-Britannique (FPFCB), Marie-Andrée Asselin.

« Nous allons continuer à travailler là-dessus pour que le jugement soit appliqué et que notre cause soit connue de tous les partis. »