Une enquête publique sur le droit de lire consterne les conseils scolaires francophones

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La Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) a rendu les conclusions d’une vaste enquête publique sur le droit à la lecture des élèves en Ontario. Le hic : elle a été conduite dans des conseils scolaires uniquement de langue anglaise et suggère d’appliquer les mêmes recommandations à l’éducation en milieu minoritaire. Tollé dans les conseils scolaires franco-ontariens.

« Le CODP a agi d’une manière fondamentalement contraire à sa mission, celle de protéger les droits de tous les élèves ontariens, peu importe la langue dans laquelle ils reçoivent leur éducation », dénoncent d’une même voix l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) et l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC).

En cause : la publication cette semaine d’un rapport issue d’une vaste enquête lancée en 2019 auprès de huit conseils et de 13 facultés d’éducation, tous de langue anglaise. L’objectif de cette étude est de revoir en détail la façon dont l’éducation publique de l’Ontario répond aux besoins des élèves ayant des troubles de lecture.

Mais aux yeux des conseils scolaires francophones, le CDOP a failli à sa mission de promotion et de protection des droits de la personne en faisant « le choix délibéré d’exclure les conseils scolaires et les facultés d’éducation de langue française de son échantillonnage. Ils espèrent qu’un travail similaire sera mené avec eux, arguant qu’il existe des différences fondamentales entre l’enseignement de la lecture en contexte majoritaire, en contexte minoritaire et pour les programmes d’immersion.

« Comment le ministère de l’Éducation prévoit-il de travailler avec les conseils scolaires de langue française pour mettre en œuvre des recommandations d’une étude qui les a exclus? » questionnent-ils par voie de communiqué.

Benoit Fortin, vice-président de l’ACÉPO, s’est dit « déçu de l’exclusion de la perspective de l’éducation de langue française de cette enquête », espérant qu’une nouvelle étude, cette fois sur les besoins spécifiques des élèves des écoles de langue française, soit diligentée.

« Nous sommes confiants que le ministère de l’Éducation comprendra l’importance d’obtenir des données probantes sur les défis particuliers des élèves francophones liés à l’apprentissage de la lecture en milieu minoritaire, avant de demander aux conseils scolaires de langue française de mettre en œuvre des solutions », a pour sa part réagi Johanne Lacombe, présidente de l’AFOCSC.

157 recommandations, deux mentions des écoles francophones

Le rapport Le droit de lire met en exergue des méthodes inefficaces et un manque de soutien aux enseignants en matière d’apprentissage de la lecture.

Au travers de 157 recommandations, les auteurs du rapport préconisent entre autres que la province adopte un dépistage standardisé des élèves en difficulté et revoit ses programmes de formation des enseignants afin qu’ils tiennent compte de la précision et de l’efficacité en lecture des mots pour la compréhension en lecture.

Le français n’est mentionné qu’à deux reprises.

« La plupart des conclusions et recommandations de l’enquête s’appliquent probablement tout autant à l’éducation de langue française », se hasarde à dire la CODP, demandant au ministère et aux conseils de langue française d’appliquer les recommandations à l’enseignement en français.

Plus loin, elle mentionne que « des personnes dont les enfants ont droit de recevoir une éducation en français ont dit avoir abdiqué ce droit et transféré leur enfant dans un conseil de langue anglaise étant donné que les conseils de langue française avaient moins de ressources et de programmes à l’intention des enfants ayant des difficultés de lecture ».

Les rapporteurs jugent que les élèves des écoles françaises devraient également avoir accès à des mesures de dépistage et d’intervention précoces équivalentes aux élèves anglophones.

Ni le ministère de l’Éducation ni le CDOP n’ont donné suite aux sollicitations médiatiques d‘ONFR+ au moment d’écrire ces lignes.

L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), par la voix de sa présidente, Anne Vinet-Roy s’est dite « de prime abord surprise et consternée par l’exclusion des conseils scolaires et des facultés d’éducation francophones du rapport », ajoutant vouloir procéder à une plus ample analyse du document avant d’émettre un avis plus précis.