Une quarantaine qui s’éternise pour un couple de Franco-Ontariens dans un navire de croisière

Les Franco-Ontariens Denise Lemire et Gilles Laporte. Gracieuseté

L’aventure continue pour Denise Lemire et Gilles Laporte. Les deux Franco-Ontariens partis début mars pour une croisière en Amérique du Sud sont désormais confinés dans leur cabine en attendant que leur bateau puisse trouver un lieu pour accoster.

On les avait laissés, il y a plus d’une semaine, au large de Punta Arenas, au Chili, avec l’espoir de pouvoir accoster. Finalement, les mesures imposées par le gouvernement chilien, qui exigeait 14 jours en quarantaine avant de pouvoir mettre le pied sur la terre ferme, ont convaincu le capitaine de poursuivre sa route.

Aujourd’hui, le bateau de croisière sur lequel se trouvent Denise Lemire et Gilles Laporte suit le littoral péruvien direction l’Équateur. Mais comme le Chili, aucun de ces deux pays n’a accepté d’accueillir les voyageurs.

« On a pu faire un ravitaillement pour trois semaines, au Chili, sans accoster. Ce sont des bateaux qui se déplaçaient jusqu’au navire. On a assez d’essence pour se rendre, mais on ne sait pas encore vraiment où. Le capitaine nous indique qu’il est en pourparlers avec le Panama pour passer par le canal afin de rejoindre Fort Lauderdale, mais s’il nous refuse, on tentera d’aller au Mexique, puis jusqu’à San Diego », explique Denise Lemire, en entrevue avec ONFR+.

Des symptômes de grippe

Le couple d’Ottawa garde le moral, même si depuis deux jours, la situation a radicalement changé.

13 passagers et 29 membres de l’équipage ont développé des symptômes de grippe. Une alerte suffisante pour suivre le protocole prévu par le Centers for Disease Control and Prevention et placer en quarantaine tous les passagers, d’autant que le navire de croisière n’est pas équipé pour déterminer s’il s’agit de la COVID-19 ou non.

Le ravitaillement du MS Zaandam, au large du Chili. Gracieuseté

« Depuis deux jours, nous ne sommes pas sortis de notre cabine. C’est moins drôle, même si on s’en sort très bien! On nous apporte le repas à la porte de notre chambre dans le corridor, où on le replace ensuite. On nous laisse un sac avec des serviettes propres que nous échangeons… L’équipage essaie de nous occuper. On nous propose des exercices à faire à la télé, il y a des petites conférences. Hier, avec notre repas, on nous a même donné un jeu de cartes! », sourit Mme Lemire.

Aucun d’eux ne se sent malade et les mesures prises par le capitaine du navire les rassurent. Mais malgré ces efforts, le couple commence à trouver le temps long.

« Le capitaine avait envisagé de laisser un peu sortir les gens qui n’ont pas de balcon sur le pont, mais il n’y avait pas assez de masques, donc il a dû se raviser », rapporte-t-elle.

Quarantaine jusqu’à quand?

Les discussions avec leurs amis sur le bateau passent désormais par le téléphone ou l’application Messenger.

« Je suis aussi sur Facebook deux-trois fois par jour. On parle à notre fils et à nos petits-enfants quotidiennement », dit Mme Lemire.

La vue de l’océan depuis la cabine du couple Denise Lemire et Gilles Laporte. Gracieuseté

Son époux, Gilles Laporte passe, lui, une bonne partie de ses journées à regarder les oiseaux et les poissons depuis la fenêtre de la chambre. Il ne se départit pas de sa bonne humeur.

« Quand on se compare avec les gens qui actuellement perdent leur emploi, doivent fermer leurs entreprises, n’ont pas assez à manger ou sont malades, nous sommes très choyés! On ne manque de rien, on est nourri trois fois par jour, le personnel est sympathique et je suis accompagné d’une merveilleuse personne! », dit-il.

Reste que pour l’heure, c’est un peu l’inconnu pour les voyageurs du MS Zaandam.

« Un navire est en route depuis le Nord pour apporter des produits médicaux et remplacer le personnel, puisque certains commencent à être malades. Le capitaine nous parle deux à trois fois par jour pour nous informer de ce qui se passe. »

Malgré leur optimisme, Denise Lemire et Gilles Laporte croisent les doigts pour que la quarantaine dans leur cabine ne s’éternise pas. Car même si le canal de Panama leur ouvrait ses portes et qu’ils atteignaient Fort Lauderdale, il leur resterait encore une semaine avant d’y parvenir.