Une représentation qui fait défaut

Justin Trudeau, peu après son élection comme premier ministre en 2015. Archives #ONfr

[CHRONIQUE]

Le cabinet du nouveau premier ministre Justin Trudeau a plusieurs côtés positifs. Il y a, notamment, la parité entre les hommes et les femmes. Une femme autochtone est d’ailleurs nommée ministre de la Justice, une énorme victoire pour les Premières nations, les Inuit et les Métis qui ont une solide représentation à la Chambre des communes et obtiennent un ministère on ne peut plus important pour eux.

SERGE MIVILLE
Chroniqueur invité
@Miville

Mais la représentation des francophones vivant hors Québec au sein de ce cabinet fait néanmoins défaut. Avec toutes les critiques et les réserves par rapport au travail gênant qu’a effectué Bernard Valcourt, notamment sur les Affaires autochtones, ce dernier demeurait, avec Pierre Poilievre, un Franco-Albertain établi à Ottawa, des ministres au sein du cabinet de l’ancien gouvernement Harper.

Les francophones devront dorénavant se contenter de l’acadien Dominic LeBlanc à titre de leader parlementaire. Celui-ci aura pour tâche de négocier avec les partis de l’opposition et montrer de bonne figure pour son parti dans la chambre. Soyons clairs, ce n’est pas un ministère.

Encore une fois, d’importants ministères pour les francophones hors Québec les ont échappés, en dépit du fait que les Acadiens, les Franco-Ontariens, les Franco-Manitobains et les Franco-Albertains ont, notamment, contribué des députés à la victoire libérale. À lui seul, l’Ontario français a donné trois nouveaux députés francophones, alors qu’Orléans est retournée au bercail libéral.

Pourtant, des dossiers comme la Francophonie auraient bien pu être délégués à quelqu’un à l’ouest de la rivière des Outaouais, compte tenu du fait que le Nouveau-Brunswick et le Québec ont leurs propres délégués à l’Organisation internationale de la francophonie. Plus encore, le ministère du Patrimoine canadien aurait dû enfin être confié à un membre des minorités francophones après une décennie chez des ministres qui s’intéressaient que peu à eu. Nous sommes en droit d’être critique.

Message fort

Lorsque Jody Wilson-Raybould a obtenu la charge du ministère de la Justice, le gouvernement libéral a envoyé un message fort qu’il n’acceptait plus le paternalisme et les beaux yeux pour représenter les communautés autochtones aux prises avec un historique peu reluisant d’abus et d’exploitation.

En reléguant de nouveau des ministères comme le Patrimoine canadien ou le délégué à la francophonie à des Québécois, le gouvernement Trudeau n’est pas arrivé à rompre avec le paternalisme qui règne entre Ottawa et les minorités francophones. En plus, la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly demeure montréalaise.

N’enlevons rien à cette personne qui a bien joué ses cartes et s’est placée, par le passé, dans de nombreux conseils d’administration. Elle s’est démarquée notamment auprès d’organismes culturels comme le Musée d’art contemporain, le Festival Bach de Montréal et l’Orchestre symphonique de Laval. Elle s’est beaucoup impliquée auprès de la jeunesse et est un modèle à suivre pour la génération montante.

Mélanie Joly peut se démarquer dans ce poste, mais, avec des minorités francophones qui doivent sans cesse expliquer à la métropole québécoise qu’ils existent et qu’ils ont une vitalité, c’est de nouveau un retour à la case de départ pour la culture des francophones hors Québec.

Serge Miville est candidat au doctorat en histoire à l’Université York.

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