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En raison de l’arrivée des variants de la COVID-19 dans la province, l’éventualité de voir la semaine de relâche être repoussée se révèle de plus en plus possible. Cette possibilité évoquée au début du mois par le ministre de l’Éducation Stephen Lecce fait craindre les conseils scolaires et syndicats.

Selon le Toronto Sun, le gouvernement aurait trois scénarios en tête : un congé au mois avril, un au mois de mai ou bien enlever cinq jours d’écoles à la fin du calendrier scolaire. Les dates du 15 au 19 mars sont actuellement prévues pour cette semaine de congé.

Au ministère de l’Éducation, une porte-parole affirme « qu’aucune décision n’a été prise » et que « nous suivrons les conseils du médecin hygiéniste en chef ».

Pour l’épidémiologiste Alain Simard, le gouvernement a raison de craindre que la semaine de relâche puisse être un vecteur de transmission avec certains variants.

« Les gens ont tendance à voyager, se rassembler ou visiter leur famille pendant une semaine de congés comme on l’a vu durant le temps des fêtes. Ce sont des comportements que l’on recommande de ne pas avoir, car ils augmentent le risque de transmission », explique le professeur de l’École de médecine du Nord de l’Ontario.

Le virologue concède toutefois que rien ne peut garantir qu’annuler le congé de mars serait bénéfique en fin de compte.

« On pourrait avoir une résurgence des cas même si l’on n’a pas de semaine de relâche en mars, mais on peut dire que si on a une semaine de relâche plus tôt ou lorsqu’il fait plus froid, les gens vont avoir plus de rassemblements à l’intérieur probablement, alors le risque de transmission est plus élevé. Rendu au mois de mai ou juin, ça ne va pas être nécessairement mieux, mais les gens vont être dehors ou le risque est plus faible. »

Selon lui, il faut regarder aussi l’évolution des variants qui pourrait nuire à la campagne de vaccination, car certaines données démontrent que les doses seraient moins efficaces face à des variants comme celui de l’Afrique du Sud.

La possibilité de jouer au yo-yo avec la semaine de relâche n’enchante pas, les parents, selon un organisme les représentant.

« La majorité des parents aimeraient savoir sur quel pied danser vraiment. Ils veulent savoir le plus tôt possible ce qui va se passer, que ce soit au mois de mars, au mois d’avril ou de mai. Ils veulent savoir à quoi s’en tenir et non à des va-et-vient et des changements en permanence. C’est surtout ça qui les préoccupe », indique Badrieh Kojok, la présidente de Parents partenaires en éducation (PPE).

L’AEFO veut son congé

À l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), on est contre la décision d’annuler le congé de la deuxième semaine du mois d’aôut. On s’insurge notamment contre la décision du gouvernement Ford et du ministre Lecce de ne pas mettre « plus de mesures en place pour protéger les élèves et le personnel scolaire ».

« Il y a des choses qui peuvent être faites au niveau des tests et du dépistage beaucoup plus sérieux que le petit formulaire qui est rempli par les élèves et le personnel. Ça revient à tout ce qu’ils n’ont pas mis en place auparavant, pour que le virus ou les variants puissent se répandre un peu partout dans la province », avance la présidente du syndicat, Anne Vinet-Roy.

La présidente élue de l’AEFO, Anne Vinet-Roy. Gracieuseté : AEFO

Selon elle, le gouvernement devrait se regarder dans le miroir avec la situation dans les écoles.

« Le gouvernement blâme tout le monde sauf lui-même. Il prétend que les familles ne vont pas respecter le règlement au lieu de se demander ce qu’il pourrait faire. Il a fait la même chose en revenant du congé de Noël en blâmant la communauté, les familles et que c’était supposément de leur faute si on ne pouvait pas rouvrir les écoles. Dans le fond, ça l’était probablement, car ce n’était pas sécuritaire. »

Pas idéal avouent les conseils

Au niveau des conseils scolaires, on aimerait garder les dates du 15 au 19 mars, mais on n’est pas contre le fait de repousser de quelques semaines. Par contre, repousser le tout vers le mois de mai ou de juin ferait en sorte « d’enlever la raison d’être du congé », selon la présidente de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC).

« D’après ce que j’entends dans nos conseils à travers la province, les gens préféraient probablement garder le congé au mois de mars, car les gens sont fatigués en ce moment. Ça fait partie de notre planification et on est habitué à avoir le congé de mars. Les parents y sont aussi habitués », affirme Johanne Lacombe.

À l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), on s’inquiète du possible impact psychologique d’une telle mesure.

« Ça fait 11 mois que les enseignants et le personnel travaillent sans arrêt. Ils n’ont pas eu de vacances durant l’été, ils préparaient la nouvelle façon de faire en ligne. Les gens sont fatigués et ils font un travail exceptionnel. Ça serait une bonne chose pour la santé mentale de tous… Rendu au mois de mai et juin, la fatigue s’accumule », soutient Denis Chartrand, le président de l’ACPÉO.

Les deux représentants des associations des conseils francophones de la province aimeraient avoir une « directive claire » et « rapidement » de la part du ministre Lecce.

« Ce qui est le plus important est la santé publique, alors on va suivre la santé publique car la santé des élèves est absolument fondamentale, celle des enseignants et employés aussi », ajoute Denis Chartrand.