Université de l’Ontario français : des élus veulent relancer le dialogue

De dos, Marie-Lison Fougère, sous-ministre au Ministère des affaires francophones, Accessibilité, Affaires francophones et Affaires des personnes âgées et George Zegarac, sous-ministre au Ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l'Ontario, devant le comité permanent des langues officielles, ce jeudi. Crédit image: Benjamin Vachet

OTTAWA – Le comité permanent des langues officielles recevait, ce jeudi, deux sous-ministres ontariens afin de faire la lumière sur les décisions qui ont provoqué la crise linguistique qui s’étend au-delà des frontières de  l’Ontario.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Face au refus des ministres des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney, et de sa collègue de la Formation et des Collèges et Universités, Merrilee Fullerton, ce sont leurs sous-ministres qui ont été invités à venir expliquer les décisions du gouvernement Ford devant le comité permanent des langues officielles.

Cet automne, le gouvernement progressiste-conservateur ontarien a décidé de mettre au rancart le projet d’Université de l’Ontario français (UOF) et d’abolir l’indépendance du Commissariat aux services en français (CSF), provoquant une vague de contestation chez les francophones de l’Ontario et du Canada.

Sans surprise, Marie-Lison Fougère, sous-ministre au ministère des Affaires francophones, Accessibilité, Affaires francophones et Affaires des personnes âgées et George Zegarac, sous-ministre au ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario, n’ont pas pu réellement expliquer davantage ces décisions, répétant les arguments financiers du gouvernement ontarien, sans pouvoir les commenter.

« La responsabilité d’un fonctionnaire, c’est vraiment de servir le gouvernement qui est en fonction avec intégrité. À cet égard, je trace un tableau complet des pour et des contre quand on me le demande. (…) Mais en fin de compte, les décisions sont prises par le gouvernement », a rappelé Mme Fougère.


« Je n’ai jamais senti d’hostilité à l’endroit de la francophonie, au contraire! » – Marie-Lison Fougère, sous-ministre aux Affaires francophones


Et ces décisions semblent avant tout avoir été politiques, si on se fie aux explications de son collègue de la Formation et des Collèges et Universités qui a précisé que son ministère n’avait pas été averti avant les annonces formulées le 15 novembre dernier, pas plus que la sous-ministre des Affaires francophones n’a été consultée et n’a pas participé à la décision de transférer le Commissariat aux services en français vers le bureau de l’Ombudsman.

Aucune discussion

De cette présentation qui a surtout tourné autour de l’Université de l’Ontario français, on aura toutefois appris qu’aucune discussion n’a eu lieu entre le ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario et le ministère fédéral du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, selon M. Zegarac.

« Il n’y a pas encore eu de rencontre formelle entre Mme Joly et Mme Mulroney [elles se sont parlées par téléphone fin novembre], ni entre leurs équipes. C’est très préoccupant, car la crise dure depuis plusieurs mois », s’est étonné, auprès d’#ONfr, le porte-parole en matière de langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, à l’issue de la réunion.

Dans sa lettre du 13 janvier dernier, au moment d’annoncer un investissement de 1,9 million $ du fédéral pour maintenir le projet d’université franco-ontarienne, la ministre Joly avait pourtant invité la province, par le biais des ministres Mulroney et Fullerton, à discuter du dossier de l’UOF afin d’échanger des informations. Mais pour M. Choquette, Mme Joly doit faire plus.

« Il faut que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership dans ce dossier afin qu’on cesse de se renvoyer la balle. On a assez envoyé de messages par les médias. Mme Joly doit demander une rencontre formelle, avec un agenda, pour qu’on puisse faire avancer le dossier de la survie du projet d’Université de l’Ontario français qui est une priorité, même si on est aussi préoccupé par le dossier de l’indépendance du commissaire aux services en français. »

Son homologue pour le Parti conservateur du Canada (PCC) Alupa Clarke retient un autre point important.

« Ce que nous avons appris, c’est qu’on ne sait pas exactement combien va coûter l’Université de l’Ontario français, au-delà des quelque 80 millions de dollars nécessaires pour le démarrage du projet. On doit avoir tous les coûts avant que le fédéral puisse aller de l’avant. »

Une information sur laquelle la députée libérale Emmanuella Lambropoulos n’a pas manqué d’ironiser, pendant la réunion.

« La décision finale a été prise pour des raisons financières, dites vous, mais vous nous dites aussi ne pas avoir toutes les données chiffrées… »

Manque de communication

Le comité prévoit recevoir également les sous-ministres fédéraux du ministère du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie dans ce dossier.

« On veut avoir le rapport le plus complet possible », explique à #ONfr le président du comité, le député libéral, Denis Paradis. « Ce qu’on a appris aujourd’hui, c’est qu’il y a un manque de communication entre le gouvernement de l’Ontario et le gouvernement canadien. Si on arrive à rétablir les communications, ne serait-ce que ça, on aura atteint notre but! »

Les membres du comité permanent des langues officielles. Au pupitre, Denis Paradis. Crédit image: Benjamin Vachet
Les membres du comité permanent des langues officielles. Au pupitre, Denis Paradis. Archives #ONfr

M. Paradis dit espérer que l’intervention de son comité pourra éviter d’autres crises semblables ailleurs dans le pays. Et pour se faire, le député conservateur Alupa Clarke insiste que la priorité du comité devra ensuite de travailler sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles.

« Je ne veux pas que notre comité soit pris en otage par une décision d’une province. On doit travailler sur la modernisation de la Loi pour déterminer où on va pour les 50 prochaines années. On parle de la renforcer, ça peut donc avoir un impact dans ce genre de dossier! »


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