Université de l’Ontario français : des options créatives pour ouvrir en 2020

Logo de l'Université de l'Ontario français. Archives ONFR+

TORONTO – S’il est dorénavant quasi-impossible pour l’Université de l’Ontario français de lancer ses propres programmes en 2020, ses dirigeants ont d’autres cartes dans leur manche. Leurs locaux de prédilection encore disponibles, ils étudient la possibilité de miser sur leurs partenaires universitaires.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

La carte des partenaires

« On a une charte universitaire provinciale, on a le droit d’offrir des programmes en français. Et si nos propres programmes originaux n’ont pas été approuvés, rien ne nous empêche d’avoir des ententes avec d’autres universités! », confie Dyane Adam, présidente du conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français.

Déjà, l’Université de l’Ontario français comptait sur des universités existantes pour offrir différents programmes professionnels, dans des domaines comme la santé ou l’éducation. Dans le contexte de crise actuel, ces institutions universitaires, comme l’Université d’Ottawa ou l’Université Ryerson, pourraient jouer un plus grand rôle pour permettre de lancer les activités de l’Université de l’Ontario français.

« Nous n’avons pas besoin de l’approbation de la province pour des programmes déjà existants. L’université partenaire a déjà l’approbation nécessaire pour l’offrir », explique-t-elle. « L’Université d’Ottawa est clairement intéressée et les autres aussi. L’Université de l’Ontario français est responsable maintenant d’établir l’enseignement universitaire francophone dans cette région. C’est par et pour les francophones », insiste Dyane Adam.

Des lettres d’entente ont déjà été signées et ces universités partenaires profiteraient financièrement de l’entente, affirme Mme Adam.

L’Université de l’Ontario français a aussi le droit de lancer elle-même des certificats, sans passer par le processus d’approbation plus strict des baccalauréats. Des certificats à l’intention des francophones ou encore de professionnels souhaitant obtenir un complément de formation dans un domaine pourraient être offerts.

Les programmes originaux

Les événements des dernières semaines ont cependant porté un coup dur à la naissance pour 2020 des programmes originaux de la future institution.

À l’automne dernier, les dirigeants de l’Université de l’Ontario français remettaient avec fierté les quatre programmes développés pour la rentrée de 2020 à la ministre de la Formation et des Collèges et Universités, Merrilee Fullerton. Elle devait rapidement les faire parvenir à la Commission d’évaluation de la qualité de l’Éducation postsecondaire (PEQAB). PEQAB se donne habituellement un an pour former des comités, analyser les programmes en profondeur et exiger des modifications.

Cependant, la ministre Fullerton n’a pas bougé. Puis, le 15 novembre, son gouvernement a annoncé la fin du projet universitaire. Résultat, aujourd’hui, les programmes sont toujours sur son bureau. Dans l’éventualité où Merrilee Fullerton mettait fin au blocage, PEQAB pourrait lancer l’étude des programmes et, dans le meilleur des mondes, les approuver d’ici un an, soit d’ici l’hiver 2020.

Un échéancier qui pose un autre problème. L’Université de l’Ontario français n’a pas le droit de promouvoir les dits programmes avant leur approbation. Si les approbations sont obtenues à l’hiver 2020, il sera trop tard pour recruter des élèves pour une rentrée en septembre, la plupart ayant déjà fait leur choix universitaire.

PEQAB peut-il accélérer l’étude des programmes? Dyane Adam affirme que l’organisme lui a déjà fait savoir qu’un « processus accéléré de 8 mois » était possible. Mais encore là, le temps manquera pour promouvoir sérieusement les programmes auprès des élèves potentiels. « En même temps, avec ce qui s’est passé, tout le monde nous connaît maintenant », lance Mme Adam.

PEQAB devait répondre aux questions d’#ONfr à ce sujet, mais il a finalement référé notre demande d’entrevue au ministère de la Formation et des Collèges et Universités.

Un campus potentiel encore disponible

Malgré des semaines d’incertitude, le site étudié pour établir l’Université de l’Ontario français est encore disponible. À proximité des berges de Toronto, il s’étend sur 50 000 pieds carrés. Mais ses propriétaires devront bientôt être fixés sur les intentions de l’Université de l’Ontario français, car ces locaux intéressent également d’autres locataires.

« La difficulté majeure pour 2020, c’est le site. Mais nous l’avons. Et étonnamment, il est encore disponible. On a un site parfait, de bonne grandeur pour la phase de démarrage », se réjouit Dyane Adam.

Il demeure que la province doit prendre position rapidement pour permettre de sécuriser cet emplacement. Si le fédéral est prêt à allonger l’argent pour l’obtenir, la province doit poser un geste pour assurer son intention de financer le projet, éventuellement.

Les décisions du gouvernement Ford forcent l’Université de l’Ontario à « se réinventer », dit Dyane Adam. « On ne peut pas avoir le même scénario qu’avant, mais on est capable de se réinventer », affirme-t-elle. « On ne veut pas repousser l’ouverture aux calendes grecques. Est-ce qu’on va ouvrir en 2020? Ça fait juste deux mois qu’on s’est fait annoncer tout ça. On ne peut pas avoir des plans de A à Z », lance la présidente du conseil de gouvernance de l’Université de l’Ontario français, qui laisse toujours planer un doute sur un échéancier réaliste.

« On a du financement, on a un plan d’attaque misant sur le Carrefour francophone, on a une campagne de financement en préparation, en plus de discussions avec nos partenaires. Pour l’instant, il faut y aller une étape à la fois et ne pas trop se projeter », conclut-elle.