Université de l’Ontario français : les conservateurs critiquent le financement fédéral

Le député conservateur Steven Blaney. Crédit image: Chambre des communes

OTTAWA – Le porte-parole aux langues officielles pour le Parti conservateur du Canada (PCC), Steven Blaney, estime que le gouvernement libéral a agi par pure partisanerie dans le dossier de l’Université de l’Ontario français (UOF), sans aucun plan à long terme.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« L’annonce de Mme Joly ne règle strictement rien! Elle ne fait que pelleter en avant le problème, mais n’assure pas le financement à long terme de l’Université de l’Ontario français. Elle fait de la politique partisane dans ce dossier, sans chercher à s’entendre avec la province. C’est très décevant! », dénonce le député conservateur, Steven Blaney, en entrevue avec #ONfr.

Le 13 janvier, à deux jours de la fin du financement provincial de l’équipe chargée de travailler sur le projet d’UOF, la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, avait annoncé que le gouvernement fédéral verserait 1,9 million de dollars afin de maintenir le projet vivant pour une année supplémentaire.

Une décision qu’applaudit le porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette.

« C’est une excellente nouvelle et je dis bravo! C’est ce qu’il fallait faire, car ça va donner de l’oxygène nécessaire pour garder le projet en marche et qu’il ne meurt pas. »

Mais pour M. Blaney, il s’agit avant tout d’un calcul politique.

« On a l’impression que Mme Joly et les libéraux prennent les communautés [de langue officielle en situation minoritaire] en otage. L’argent qui a été annoncé, ce sont des fonds existants du Plan d’action pour les langues officielles. C’est du recyclage et ça ne garantit rien! On place juste le projet sous respirateur artificiel. »

La récente visite de Mme Joly dans Glengarry-Prescott-Russell, pour annoncer plus de 864 000 $ pour huit organismes francophones de l’Est ontarien, s’inscrit dans le même registre, selon lui.

« La ministre se déplace dans une communauté ébranlée par électoralisme. »

Appui à la solution de l’AFO

Le PCC, comme le NPD, s’est dit favorable à plusieurs reprises à une participation du gouvernement fédéral dans le financement de démarrage de l’UOF. Mais la stratégie libérale de subventionner une année pour maintenir l’équipe en place et d’essayer dans le même temps de conclure une entente avec la province pour qu’elle s’engage formellement à financer, elle aussi, l’institution franco-ontarienne ne convient pas à M. Blaney.

« L’important, c’est que les étudiants puissent franchir les portes de cette université. Le gouvernement doit prendre les devants, il en a le pouvoir, on l’a vu dans d’autres projets. »

Reprenant les arguments de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), le porte-parole conservateur aurait souhaité que le gouvernement fédéral s’engage sur un plan à long terme en proposant officiellement de financer les quatre premières années du projet de l’UOF, le temps que les progressistes-conservateurs de Doug Ford équilibrent le budget provincial, puis qu’ils prennent le relais pour les quatre années suivantes.

Pour le porte-parole du NPD, le financement fédéral annoncé mi-janvier n’est pas une finalité et doit servir à poursuivre les discussions.

« Il faut continuer à s’asseoir avec tous les acteurs. Et c’est le rôle du fédéral d’avoir du leadership dans ce dossier. »

L’Ontario toujours muet

Le leadership fédéral, c’est le seul moyen de faire bouger les choses, selon les deux principaux partis d’opposition à Ottawa. D’autant que la ministre Joly confiait, cette semaine, à #ONfr n’avoir reçu aucune nouvelle de l’Ontario depuis son annonce de financement et sa lettre envoyée à la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, et à la ministre de la Formation et des Collèges et Universités, Merrilee Fullerton.

Dans ce courrier, la ministre Joly avait ouvert la porte à la solution présentée par l’AFO, tout en continuant d’exiger que la province fasse le premier pas et formule une demande au fédéral.

« Je vous rappelle que, dans la mesure où une telle entente [provinciale-fédérale] serait conclue, les programmes fédéraux ont la flexibilité nécessaire pour couvrir les coûts de démarrage de l’Université de l’Ontario français au cours des premières années du projet, dans la mesure où la contribution provinciale sera versée au cours des années suivantes. »

Le dossier de l’Université de l’Ontario français et celui du Commissariat aux services en français devraient continuer d’agiter les débats, à Ottawa, pour cette dernière session avant les élections fédérales. Les députés seront de retour à la Chambre des communes ce lundi 28 janvier.


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