Université de l’Ontario français : un premier pas pour le RÉFO

Logo de l'Université de l'Ontario français. Archives ONFR+

Cette fin de semaine, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) avait appelé les Franco-Ontariens à la rescousse, leur demandant de diffuser des messages d’appui à la création de l’Université de l’Ontario français (UOF) pour faire pression sur les deux paliers de gouvernement. Des voix discordantes sont apparues, mais le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) assure que l’ouverture de l’UOF n’est qu’une première étape.

« Nous voulons que l’entente pour l’UOF soit signée cette semaine avant le début de la campagne électorale. Le temps presse et la communauté franco-ontarienne compte sur vous! Nous voulons notre université! », ont gazouillé plusieurs internautes ces derniers jours afin de presser le fédéral et la province de s’entendre sur un financement de l’UOF.

Mais parmi ces gazouillis et commentaires d’appui sur les médias sociaux, d’autres voix discordantes se sont faites entendre.

Le message de l’ancien sous-ministre adjoint au sein de l’Office des Affaires francophones, retraité depuis cinq ans, Daniel Cayen, n’est pas passé inaperçu. Diffusé mardi sur Facebook, mais retiré depuis, il demandait à la ministre Joly et à ses homologues provinciaux, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et le ministre de la Formation et des Collèges et Universités Ross Romano de « ne pas donner un sou à ce projet bidon ».

Dans une publication très détaillée, il expliquait notamment que le projet actuel ne répond pas à la demande initiale du RÉFO en maintenant en place des institutions bilingues,  sources, selon lui, d’assimilation, là où il aurait fallu une gouvernance de tous les programmes postsecondaires de langue française « par et pour » les Franco-Ontariens. Pour M. Cayen, le projet ne serait pas viable en l’état actuel.

Dans son éditorial du 4 septembre, publié dans le journal Le Voyageur, l’ancien vice-président de l’AFO, Réjean Grenier, rappelle que le projet ne fait pas l’unanimité dans la communauté franco-ontarienne.

« Plusieurs, incluant Le Voyageur, appuient le projet, mais s’accordent pour crier haut et fort qu’il ne répond pas vraiment aux aspirations de la population partout en province. Une grande partie des tenants du projet d’une université de langue française voyaient plutôt une institution provinciale qui aurait des campus partout en province et qui récupérerait les programmes en français des universités existantes dites bilingues. Ce n’est pas le mandat ni les plans de l’UOF », écrit-il, jugeant toutefois qu’après « avoir appuyé le projet original de l’UOF malgré ses lacunes, l’AFO n’a pas le choix que de continuer à le promouvoir ».

Réplique de l’ancien recteur

En réponse à M. Cayen, l’ancien recteur par intérim de l’UOF, Normand Labrie, a lui aussi pris la plume. Confiant dans les capacités de l’UOF et lui souhaitant un destin similaire à la prestigieuse université anglophone McGill, il défend la décision du gouvernement libéral de Kathleen Wynne « de ne pas s’être engagé sur la voie du chamboulement des universités bilingues existantes ».

L’ancien recteur par intérim de l’Université de l’Ontario français, Normand Labrie. Gracieuseté UOF

« Nous disposons d’institutions bilingues en Ontario, qui toutes imparfaites qu’elles soient du point de vue de l’offre et des services destinés aux francophones, remplissent une mission importante en enseignement, en recherche et service à la collectivité », écrit-il, jugeant que l’UOF a besoin de ces institutions pour se développer.

Une première étape pour le RÉFO

Instigateur de la relance du projet d’UOF, le RÉFO, par la voix de sa coprésidente, Marie-Pierre Héroux, dit respecter les propos de M. Cayen, mais précise que son organisme ne compte pas en rester là, une fois l’UOF ouverte.

« L’ouverture de l’UOF est un premier pas qui va répondre aux besoins criants dans le centre-sud-ouest, mais cela ne nous empêche pas de continuer à vanter l’idée de rapatrier tous les programmes en français sous une gouvernance par et pour les francophones. C’est notre position depuis le début et on voit l’ouverture de l’université à Toronto comme le premier pas vers quelque chose de plus gros. »


« Pour nous, l’ouverture de l’université n’est qu’une première phase » – Marie-Pierre Héroux, coprésidente du RÉFO


En attendant, le RÉFO suit avec beaucoup d’attention l’évolution du projet et Mme Héroux espère une ouverture de l’UOF d’ici 2021.

« Ça fait assez longtemps qu’on attend. La balle est dans le camp de la province et nous pressons le gouvernement de signer cette entente pour pouvoir ouvrir l’université au plus vite », dit-elle.

La ministre Joly fait le point

Car depuis mardi, l’Ontario a entre ses mains une entente de principe, signée par la ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly. L’entente prévoit un engagement financier fédéral à hauteur de 63 millions de dollars, soit la moitié des fonds nécessaires au démarrage de l’UOF, sous plusieurs conditions.

Ottawa demande à la province de lui faire parvenir une proposition officielle précisant « les besoins en infrastructure, les échéanciers et les projections de programmation et mise en œuvre clairs, ainsi que les coûts liés aux activités ». L’Ontario devra également s’engager à verser sa part de financement après les quatre premières années, sous peine de devoir rembourser au gouvernement fédéral son investissement.

De passage, mercredi matin, à l’école élémentaire publique Louise-Arbour à Ottawa, la ministre Joly a fait le point sur le dossier.

« J’ai envoyé une entente de principe à l’Ontario, elle est signée. J’espère obtenir leur signature. Notre objectif, c’est de réaliser ce projet. On veut bien le faire et donc j’attends leur réponse. (…) Je ne veux pas qu’on fasse de la partisanerie avec la question de la création de l’Université de l’Ontario français. On va travailler tous ensemble et je tends la main au gouvernement ontarien. »