Université de l’Ontario français : un doute sur l’ouverture en 2020

La présidente du conseil de gouvernance de l'Université de l'Ontario français, Dyane Adam.

TORONTO – Deux ans pour créer un établissement universitaire francophone de toutes pièces. Le défi est ambitieux, peut-être trop. Dyane Adam, présidente du comité de mise en œuvre de l’Université de l’Ontario français, admet dorénavant que la date d’ouverture de la nouvelle institution pourrait être repoussée.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Probablement en 2020 » : la phrase a été prononcée par Dyane Adam, le jeudi 15 février, devant des dizaines d’intervenants du milieu de l’emploi torontois rassemblés pour le Forum sur le capital humain francophone. Mme Adam évoquait alors le moment où verrait le jour la future université franco-ontarienne.

« On va faire un effort considérable, mais ça dépend pas juste de nous. Ça dépend si on peut vraiment remplir toutes les conditions des instances d’approbation du gouvernement dans les délais. C’est l’inconnu », a expliqué Dyane Adam, lors d’un entretien avec #ONfr, quelques instants après sa présentation.

Lors de l’annonce de la création de l’Université de l’Ontario français, le gouvernement insistait pour dire que l’établissement verrait le jour à l’automne 2020 et accueillerait alors ses 300 premiers étudiants. Cela laisserait deux ans et demi au comité de mise en œuvre et au futur Conseil des gouverneurs de l’université pour donner vie à l’université.

Mais c’est plus compliqué que cela, explique Dyane Adam. Les programmes doivent être approuvés par le gouvernement plus d’un an avant l’ouverture, ce qui laisse en réalité une douzaine de mois pour développer l’ensemble du portfolio de cours et programmes.

« En fait, notre date butoir, c’est une année avant 2020. Dans le contexte ontarien, on ne peut pas promouvoir auprès des étudiants des programmes non-approuvés », explique Dyane Adam. « On peut promouvoir l’université et le lieu où elle sera, mais pas parler des programmes, ça peut être problématique », dit-elle.

Trois facteurs dans les faits pourraient causer un report de la date d’ouverture de l’université, selon Dyane Adam : le temps nécessaire pour bâtir les programmes offerts, le processus d’approbation des programmes et faire connaître l’établissement.

« Selon notre plan, c’est 2020, mais vous allez voir que le comité technique a été nommé à la fin novembre et l’université doit faire approuver ses programmes par la province. Et le processus d’approbation, c’est une année. Au minimum. Et d’ici là, il faut trouver les professeurs pour développer les programmes. On les invente pas! », lance Mme Adam. « C’est limite, c’est limite », ajoute-t-elle.

 

Une partie des programmes seulement?

Elle ouvre la porte à ce que l’Université de l’Ontario français débute avec seulement une partie de son offre promise. « Peut-être qu’on peut commencer avec moins de programmes au début », lance-t-elle comme hypothèse pour permettre un lancement en 2020.

Dyane Adam souligne que l’approbation des nouveaux programmes par le gouvernement peut prendre beaucoup de temps. « C’est une variable, dont on n’a pas le contrôle. Il faut respecter les instances décisionnelles et ils ont des processus qui leur appartient auxquels l’université doit se soumettre. Les enfants, les parents veulent que si un programme est offert, il soit approuvé », souligne-t-elle.

Ce contexte particulier vient entrer en conflit avec l’échéancier du Collège Boréal de Toronto qui doit déménager impérativement en 2020 au plus tard. Il semble clair que le Collège Boréal et l’Université de l’Ontario français s’éloignent tranquillement l’un de l’autre.

« Ils sont sur d’autres pressions que nous. C’est sûr qu’on est carrément sur des trajectoires différentes et des pressions différentes. Nous, il faut développer des programmes, on n’existe pas, nous, on n’a même pas de conseil de gouverneurs », a indiqué Dyane Adam.

 

Un échéancier serré si la cible de 2020 est conservée

Mars 2018 : le conseil des gouverneurs pour la future Université de l’Ontario français sera nommé, selon Dyane Adam

Janvier 2019 : un an avant l’année d’ouverture de l’université, il sera nécessaire de partager avec le gouvernement les programmes de l’Université de l’Ontario français afin de les faire approuver

Automne 2019 : pour encourager les étudiants à s’inscrire à la nouvelle université, une campagne de promotion devrait être menée auprès des étudiants des écoles secondaires de l’Ontario. Cela n’est possible seulement que si le gouvernement a approuvé les programmes

Hiver 2020 : dans l’éventualité d’une ouverture en août de la même année, les étudiants devraient alors pouvoir s’inscrire aux programmes offerts par le nouvel établissement