Université franco-ontarienne : la grosse colère du RÉFO et de la FESFO

La co-présidente du Regroupement étudiant franco-ontarien, Geneviève Borris. Crédit image: Patrick Imbeau

OTTAWA – Le Conseil de planification mis en place pour le projet d’une université franco-ontarienne inquiète. Dans une lettre ouverte publiée le jeudi 1er décembre, le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) dénoncent avec véhémence l’absence de l’un des leurs sur ce comité.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

« Il arrive un moment où l’on ne peut plus passer sous silence notre indignation, alors que toutes les voies diplomatiques ont été épuisées. Nous en sommes arrivés à cette conclusion, lorsqu’aucun représentant de la jeunesse franco-ontarienne n’a été nommé pour siéger au Conseil de planification pour une université de langue française. »

Et de poursuivre : « En ne nommant aucun jeune au Conseil, le gouvernement exclut aussi du processus le segment de la population qui s’est le plus mobilisé pour la réussite de ce projet. Il ignore l’expertise de cette jeunesse ambitieuse et visionnaire qui a un savoir essentiel à partager afin que cette institution soit fréquentée par la prochaine génération. Cette exclusion est non seulement blessante, mais méprisante envers les 47 000 jeunes et étudiants représentés par nos organismes. »

Lundi dernier, le gouvernement avait annoncé la composition du groupe. Frédéric Dimanche, Yollande Dweme Pitta,  Léonie Tchatat, Normand Labrie, Fété Kimpiobi et Glenn O’Farrell, se sont ajoutés sur ce Conseil de planification présidé par l’ancienne commissaire aux langues officielles du Canada, Dyane Adam.

D’une durée de six mois, ce groupe déposera un rapport au gouvernement à l’été 2017.

Les deux associations reprochent entre autres au gouvernement d’avoir « dilué le grand projet d’université », en ne tenant pas compte des États généraux sur le postsecondaire tenus à l’automne 2013 sous l’impulsion du RÉFO.

Concrètement, deux rectifications sont demandées au gouvernement libéral : un mandat élargi du Conseil de planification pour « étudier la mise sur pied d’une université provinciale » et la représentation de « la jeunesse et toutes les régions de la province » sur ce même groupe.

Questionnée sur ce sujet à Queen’s Park, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde, a voulu avant tout rassurer : « Jamais on a voulu les négliger, c’est pas du tout le pourquoi. Ils ont été consultés lors d’une consultation publique à travers le province. » Et d’ajouter : « Son mandat (le Conseil de planification) est clair (…) c’est de planifier, nous aider à élaborer l’université franco-ontarienne dans le Centre Sud-Ouest. »

De son côté, la porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d’Affaires francophones, France Gélinas, croit que la situation a de quoi inquiéter ceux qui rêvent de voir le projet aboutir. « Ils ont mis des francophones compétents de la vieille garde. Les jeunes ne sont pas représentés et ce sont eux qui ont mené le mouvement depuis le début. Quant à moi, ça part mal », a-t-elle expliqué à #ONfr. Tout comme le RÉFO et la FESFO, France Gélinas croit que le mandat du conseil de planification est trop restreint. « Le mandat est d’augmenter les programmes et services dans le centre sud-ouest, ça n’a rien à faire avec une université pour et par les francophones », fustige-t-elle.

Absence de l’AFO

Autre constat : l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) n’a pas suivi les deux groupes dans cette sortie publique contre la décision du gouvernement.

Depuis février 2015, date de la présentation des revendications à Queen’s Park, l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens avait toujours fait front commun aux côtés du RÉFO et de l’AFO.

Interrogé par #ONfr, le président de l’AFO, Carol Jolin, a expliqué ce choix : « Il y avait une frustration des jeunes. Ils se sont sentis pas mal interpellés par le fait qu’il n’y avait pas de jeunes sur le Conseil de planification. On (L’AFO) a été consultés. La lettre n’a pas été écrite dans un coin. »

M. Jolin dit par ailleurs regretter l’absence d’un mandat élargi du comité. « C’est un peu frustrant comme situation. Ce que les États généraux ont donné comme mandat, ce n’est pour l’instant pas là où la province s’en va. »

Les trois organismes demandent toujours la mise en place d’un premier campus à Toronto d’ici 2018, puis la nomination d’un conseil des gouverneurs transitoire.

« Le RÉFO, l’AFO et la FESFO deumeurent unis dans cette lutte. Nous portons ensemble ce projet depuis le début et disons depuis des mois que le mandat du conseil ne va pas assez loin », a fait part la co-présidente du RÉFO, Geneviève Borris, dans un échange de courriels. « Nous continuerons à le dire ensemble et à exiger un projet qui répond aux besoins et aspirations de la communauté en entier. »