Université franco-ontarienne : rendez-vous possible en septembre

Les militants du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) attendront peut-être septembre pour connaître les détails du rapport de Dyane Adam. Archives #ONfr

[ANALYSE]

TORONTO – Les militants francophones rongeront encore leur frein pendant quelques semaines. Les pages du rapport de Dyane Adam ne seront disponibles que « d’ici l’automne » a fait valoir le gouvernement dans un communiqué, mardi dernier.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

L’annonce de ce délai a beau agacer certains, elle n’est guère surprenante. D’une, le gouvernement doit prendre le temps de lire, relire, et analyser le rapport du conseil de planification de Mme Adam et des six autres membres.

Un travail qui doit amener l’équipe de Kathleen Wynne à des décisions réfléchies. On parle ici peut-être de plus de 50 millions, voire peut-être 100 millions de dollars pour la réalisation d’une université franco-ontarienne dans la région de Toronto.

Il avait fallu presque quatre mois après son envoi pour que le rapport Le temps d’agir, prélude au projet d’une université, soit dévoilé par le gouvernement en juin 2016.

Par ailleurs, la possible annonce des détails du rapport Adam pour l’automne n’est que pure logique. Le dévoilement du document reste somme toute un message positif envoyé à la communauté franco-ontarienne. S’ils veulent convaincre les francophones de leur bonne volonté, les captiver, les libéraux ne peuvent se permettre d’une présentation en plein milieu des vacances

Un dévoilement pour la Journée des Franco-Ontariens?

Alors pour quand exactement? L’hypothèse possible serait pour la Journée des Franco-Ontariens.

Depuis quelques années, une tradition exige que le gouvernement libéral profite du 25 septembre pour un « cadeau » aux Franco-Ontariens. En 2013, on parlait du dépôt d’un projet de loi pour assurer l’indépendance du commissaire Boileau, l’année suivante d’une enveloppe de 5,9 millions de dollars pour les 400 ans de présence francophone. En 2015, la désignation partielle de l’Université d’Ottawa en vertu de la Loi sur les services en français (Loi 8) était officialisée.

L’an passé, le gouvernement avait justement dévoilé le nom respecté de Dyane Adam pour mener le projet universitaire francophone… le 22 septembre.

Il y’a fort à parier que le rapport définira un certain montant, proposera un ou plusieurs sites pour le futur campus. Selon toute vraisemblance, l’affiliation envers une autre université sera retenue en guise de démarrage.

Réfractaires à cette dernière proposition, les militants ont depuis mis de l’eau dans leur vin, le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) en tête. Dans les coulisses, Mme Adam a su convaincre de l’obligation d’une étape d’« affiliation » afin d’arriver à une indépendance pleine et entière. C’est un fait. Fondée en 1959, l’Université York a par exemple attendu 1965 pour s’émanciper de l’Université de Toronto.

Un enjeu électoral pour Wynne

Reste qu’à moins de un an des élections provinciales, ce timing parfait pour l’université franco-ontarienne n’a rien n’innocent. Le gouvernement doit redoubler son « opération séduction » auprès des 611 500 francophones, lesquels résident bien souvent dans des circonscriptions clés. D’autant que le leader progressiste-conservateur, Patrick Brown, continue de promettre beaucoup aux Franco-Ontariens.

Critiquée pour ses « mesures symboliques » (excuses pour le Règlement XVII, monument à Queen’s Park), Mme Wynne a depuis accéléré le pas. Deux exemples concrets dans les dernières semaines : le projet de loi de la députée Des Rosiers pour le bilinguisme officiel à la Ville d’Ottawa, et le feu vert pour un sous-ministre adjoint en langue française au Ministère de la Santé et des Soins de longue durée (MSSLD).

En solidifiant peut-être son lien avec la communauté francophone à l’automne, Mme Wynne jouera une partie de son avenir politique.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 10 juillet.