Les étudiants francophones désertent l’Université Laurentienne

L'Université Laurentienne.
L'Université Laurentienne.

SUDBURY – L’Université Laurentienne a reçu deux fois moins de demandes d’admission pour ses programmes de langue française en vue de la prochaine rentrée scolaire. Un chiffre plus élevé que chez les anglophones, révèle le recteur Robert Haché, dans son plus récent rapport à l’assemblée du Sénat.

Plus précisément, l’Université Laurentienne recense une baisse de 52 % des étudiants au pays souhaitant venir faire leurs études en français sur le campus du Nord de l’Ontario. « Les tendances de -42 % pour les programmes de langue anglaise sont légèrement meilleures que celles de -52 % pour ceux de langue française depuis l’an dernier », indique-t-il dans ce document qu’ONFR+ a pu se procurer.

Même si d’autres demandes peuvent encore être soumises, M. Haché affirme que la plupart sont déjà arrivés. Les chiffres concernant les étudiants internationaux sont pour l’instant inconnus. Les récentes données du Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario (OUAC) font état d’une baisse de 43,5 % des applications de la part des élèves de la province en 12e année à l’université.

« Bien que cette chute soit décevante, elle était attendue en raison de la restructuration des études effectuées au printemps, qui a eu lieu après la réception des demandes des candidats 101. En outre, puisque nous n’avons que des données partielles, nous sommes encore loin de la ligne d’arrivée. Il s’agit d’un marathon, non pas d’une course de vitesse », soutient Robert Haché.

Le recteur de l'Université Laurentienne, Robert Haché.  Gracieuseté
Le recteur de l’Université Laurentienne, Robert Haché. Gracieuseté

Ce dernier note que les baisses sont plus attribuables pour ceux provenant du Nord-Est (-54 %) et du Centre (-57 %) de la province. Dans la région de Sudbury, la chute est de 33 %, tandis que le Grand Toronto plonge de 36 %.

« L’avenir de l’enseignement universitaire de langue française dans le Moyen-Nord passe désormais par l’Université de Sudbury », a réagi le président de Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) Carol Jolin. « Le message est clair : notre jeunesse franco-ontarienne a perdu confiance en la Laurentian University. L’exode des jeunes du Nord vers ailleurs en province et au pays est commencé. »

Ce dernier demande au gouvernement Ford d’enclencher le processus pour faire de l’Université de Sudbury l’endroit de prédilection pour les étudiants francophones à Sudbury.

L’université avait coupé dans 69 programmes, dont 28 programmes en français, tous cycles confondus, en avril dernier. Même s’ils étaient moindres, les coupes concernant les programmes en français étaient proportionnellement plus élevées que chez les anglophones. L’institution avait pris cette décision après s’être placée sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) le 1er février dernier.

Vers un prolongement de la LACC?

Le campus sudburois sera par ailleurs de retour devant la Cour le 27 janvier pour demander un prolongement de son processus judiciaire. Le tout doit en principe prendre fin le 31 janvier, mais l’établissement veut allonger la date limite jusqu’au 31 mai. L’université assure, dans des documents soumis en Cour, avoir les reins assez solides financièrement pour faire cette demande de quatre mois de sursis.

Par le passé, la Cour a autorisé le prolongement du processus à deux reprises.