Vente de cannabis : la LCBO rassurante sur le service en français

Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – À quelques mois de la légalisation du cannabis, la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) se veut rassurante. Elle affirme qu’elle offrira un service en français dans les 26 régions désignées par la Loi sur les services en français. Ce service s’effectuera, non pas dans les magasins actuels de la LCBO, mais dans des succursales autonomes sous l’égide de la Société de vente du cannabis de l’Ontario (SOVC).

PASCAL VACHON
Collaboration spéciale
pvachon@tfo.org 

Dans des déclarations par courriel envoyées à #ONfr, la LCBO affirme que « bien qu’il ne soit pas requis que tous ses employés soient bilingues, Ontario Cannabis Society (OCS) (l’équivalent de la SOVC) fournira des services en français dans les régions désignées, en ligne et par le biais du centre d’appel ».

En 2016 et en 2017, trois plaintes ont été déposées par des citoyens au Commissariat aux services en français de l’Ontario au sujet du bilinguisme de représentants du service à la clientèle. Le mois dernier, le commissaire aux services en français, François Boileau, avait critiqué une campagne publicitaire seulement en anglais de la part de la LCBO.

Certains craignent pourtant que le service dans les deux langues de la part de la future branche de la LCBO ne soit pas donné. À commencer par la porte-parole néo-démocrate en matière d’Affaires francophones, France Gélinas.

« Je crains que non, quand on regarde les autres organismes gouvernementaux, je ne crois pas qu’on peut s’attendre à ce que la SOVC soit bilingue. C’est dommage, car on ne respecte pas l’esprit de la Loi sur les services en français. »

Le gouvernement et la SOVC assurent qu’ils feront les efforts nécessaires pour s’assurer que les gens puissent acheter leur marijuana en français.

« On travaille très fort pour qu’on puisse offrir un service bilingue. On met beaucoup d’emphase sur le fait d’offrir un service bilingue à SOVC », affirme la Ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde.

Même si la SOVC n’est pas obligée d’offrir des services en français dans les régions qui ne sont pas désignées par la Loi sur les services en français, la ministre assure que le strict minimum pour implanter le bilinguisme n’est pas une option.

« Toutes nos agences gouvernementales doivent être le plus bilingues possible. L’aspect linguistique est très important alors pour ça, il faut s’assurer que le plus de candidats possibles puissent être bilingues », dit Mme Lalonde.

Même son de cloche du côté des entreprises de cannabis, qui assurent être sensibles à la réalité linguistique des régions dans lesquelles elles s’implanteront.

« On est au courant des règles et des lois linguistiques, on va respecter ça », affirme Adam Greenblatt de chez Canopy Growth.

Pour l’année 2018 du moins, de 10 à 16 employés par magasin seront engagés par la SOVC. À l’heure actuelle, il n’est pas possible de savoir combien de ces employés seront du nouveau personnel et combien seront des employés actuels de la LCBO.

 

Le Nord de l’Ontario mal desservi?

Dans des offres d’emploi publiées sur le site Randstad Canada, un site de recherche d’emplois, les gens sont invités à postuler dans 27 villes à travers l’Ontario. Randstad Canada affirme être entré en partenariat avec Ontario Cannabis Retail Coroporation (OCRC) afin de recruter des spécialistes de produits bilingues pour des postes permanents à temps plein et à temps partiel, indique la branche canadienne de l’entreprise Néerlandaise.

Parmi les villes indiquées, Sudbury, Thunder Bay et Sault Ste. Marie seraient les trois endroits du Nord de l’Ontario qui auraient au moins une succursale. Le Nord de l’Ontario pourrait être mal desservi si ces offres d’emplois reflètent la réalité. Par exemple, un habitant de Timmins désirant se procurer du cannabis pourrait devoir faire près de trois heures de route pour se procurer du cannabis dans une succursale.

 

Un acronyme en anglais seulement?

La LCBO affirme ne pas avoir déterminé quel acronyme entre SOVC ou OCS sera utilisé dans ces 26 régions dont l’affichage bilingue est obligatoire. La société de la Couronne ontarienne affirme qu’elle est « actuellement en train de finaliser les détails de l’affichage à l’extérieur des magasins ». Pour le gouvernement, il n’y a pas de doute sur l’identité de l’acronyme qui sera choisi.

« Ça va être OCS. Il est important d’avoir un branding clair et que les gens vont pouvoir comprendre. L’important est que ça soit identifiable et facile à voir pour le citoyen », affirme la ministre Lalonde.

Le mois dernier, le gouvernement libéral avait annoncé l’emplacement de quatre magasins dans les villes de Guelph, Kingston, Toronto et Thunder Bay.

Le gouvernement de l’Ontario prévoit ouvrir 50 magasins d’ici 2018 et 150 d’ici 2020.

 

 


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