Ville d’Ottawa : le caucus francophone ne convainc pas

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OTTAWA  – Ottawa dorénavant « officiellement » bilingue, le caucus francophone, lui, n’évolue pas. Il y a quelques jours, la première réunion de l’année n’a pas déchaîné les foules. Destiné à réunir les conseillers francophones et francophiles de la Ville d’Ottawa, le caucus inquiète. Pour certains, son rôle semble mal défini.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

« Ce n’est pas très efficace quand les réunions ont lieu une fois par an », déplore la politologue de l’Université d’Ottawa, Caroline Andrew. « Avec les années, le caucus devrait être plus utile. »

Vérification faite auprès de la Ville d’Ottawa, la dernière réunion du caucus francophone remontait effectivement à novembre 2016. La précédente… à juin 2015. L’équivalent de 16 mois de mise entre parenthèses.

« C’est plus qu’une fois par an. Je pense qu’on a eu aux alentours de trois réunions en 2017 », se défend l’élu du quartier Orléans, Bob Monette. « Moi, je pense et j’ai toujours dit que ce serait beau d’avoir, pour commencer, une réunion chaque trois mois au moins. Mais ça, c’est la direction du bureau du maire qui prend la décision. »

Seuls six élus présents

Une fréquence jugée en tout cas décevante par l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa). « Nous voulons un comité plus formel, plus concret », affirme la présidente Soukaina Boutiyeb. « Rappelons que ces réunions ont été souvent décalées. Les gens ont-ils été informés dans un temps respectable pour participer à ces réunions? Je m’interroge. »

Pour la réunion du 12 janvier, ils n’étaient que six des 24 élus à s’être déplacés : Mathieu Fleury, David Chernushenko, Stephen Blais, Eli El-Chantiry, Jean Cloutier et Bob Monette, président de la séance en l’absence du maire Jim Watson, malade.

Un taux de présence dans la moyenne des précédentes pour cette réunion rendue publique en 2012. Généralement consacrée à revenir sur les « bons coups » francophones de la Ville d’Ottawa, la réunion se déroulait auparavant derrière des portes closes.

« Un effort d’imagination » à avoir pour Caroline Andrew

« Il faudrait faire un effort d’imagination une fois par année », renchérit Mme Andrew. « Il faudrait, par exemple, qu’un groupe de citoyens francophones soit relié à ce caucus et fasse des rapports, propose des améliorations… Par exemple, avec la nouvelle législation bilingue, ce groupe de citoyens pourrait dire ce qu’il envisage dans cinq ans, voir sa vision élargie pour la capitale. Cela pourrait toucher non seulement l’aspect du bilinguisme, mais aussi une vision plus culturelle. »

Changer le mandat du caucus? M. Monette garde une ouverture. D’autant que de nouvelles trajectoires pourraient être décidées après les élections municipales de l’automne. « On va avoir un nouveau mandat cette année qui durera jusqu’en 2022. On pourrait amener la discussion au nouveau conseil, voir si les nouveaux élus veulent changer l’enjeu du caucus. »

« Avoir un tel caucus donne de la visibilité », croit pour sa part Mathieu Fleury.  « Mais c’est sûr qu’on pourrait en faire davantage en assurant une meilleure coordination entre la Direction des services en français, le comité aviseur sur les services en français et le caucus. Le cadre actuel du caucus est très limité. Ce n’est de la faute de personne, mais il faudrait peut-être le revoir. Cela ne sert à rien de faire plus de réunions tant que nous n’avons pas de plan de travail bien défini. »

L’argument du conseiller de Rideau-Vanier fait écho à plusieurs revendications des militants pour le bilinguisme officiel à Ottawa. Les trois millions de dollars annuels offerts à la Direction des services en français semblent insuffisants. Faute de moyens, le service ne remplirait pas sa mission entière : la visibilité francophone et l’amélioration de l’offre active de services bilingues.

Pour le moment, c’est l’unilingue anglophone, Eli El-Chantiry, qui fait le lien entre le comité aviseur et le conseil municipal.

Concernant une possible amélioration du mandat du caucus, l’ACFO-Ottawa compte sur ses prochaines rencontres avec le maire Watson. « C’est sûr qu’on va lui en parler », conclut Mme Boutiyeb.

Article écrit avec la collaboration de Benjamin Vachet


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